Il n'est pas dans mes habitudes de me réjouir du malheur des autres. A fortiori lorsque c'est ma ville et son rayonnement qui se trouvent au centre des attaques.
Mais voyez-vous, il est aussi des moments où le rôle d'un élu est de demander des comptes.
L'autre dérive, et j'ai eu l'occasion de vous le rappeler lors de notre débat sur TLM, concerne votre volonté de privilégier les créateurs d'art contemporain au détriment des concepteurs lumière. Là où les lyonnais il y a quelques années déambulaient et se trouvaient transportés dans le monde de l'imaginaire et du merveilleux, ils cherchent aujourd'hui le sens d'installations abstraites.
Vous avez réussi, en trois ans, à profondément transformer la Fête des Lumières, fête populaire, fête des lyonnais, en une fête froide, purement intellectuelle.
D'ailleurs, la presse ne s'y est pas trompée.
Le Monde : "Trop conceptuelle, l'édition 2004 de la Fête des Lumières restera le plus mauvais souvenir de l'histoire de ce festival."
Libération : "La Fête des Lumières n'a pas ébloui Lyon. Le travail d'artistes contemporain a largement pris le pas sur celui, plus monumental, des concepteurs éclairagistes."
20 Minutes : "Trop élitiste".
Même vos amis de Lyon Capitale y sont allés d'une couche : "La programmation privilégie manifestement les propositions minimalistes et conceptuelles au détriment du spectacle grand public, de la féerie lumineuse et des arts de la rue qui étaient privilégiés à l'origine."
Le Progrès : "A trop vouloir intellectualiser cette fête, le message devient inaudible et le spectacle de moindre qualité."
Le mot interdit est lâché à la fois par Lyon Cap et Le Progrès : spectacle. Je conçoit, Madame Bonniel Chalier, que ce mot, spectacle, puisse vous effrayer tant il véhicule une notion populaire forte. Mais voyez-vous, le soir du 8 décembre, les lyonnais ne sortent pas dans les rues pour voir une expo de la galerie d'art contemporain BF15 ou du Musée d'Art Contemporain !
C'est vrai néanmoins qu'en certains lieux de la ville, il y avait des installations de qualité, comme, sur les berges, celles de Magéos, hélas perdues dans ce grand espace. Ou encore celles de Fabrice Cavaillé au Parc de la Tête d'Or. Qu'il me soit d'ailleurs permis de saluer ici, publiquement, le travail remarquable, et remarqué par l'ensemble de la presse, de la Division de l'Eclairage Public municipal, que ce soit au Parc de la Tête d'Or ou à Ainay. Ils montrent, année après année, que nous avons à la ville de Lyon des fonctionnaires de talent !
Alors, face à ce déferlement de critiques, dans la rue, dans la presse, auprès de bon nombre de sponsors de cette fête, qu'avons-nous entendu. Madame Bonniel Chalier a d'abord classiquement cherché à justifier son action. Affirmant dans Le Progrès qu'il était difficile de se renouveler, que les délais étaient bien courts d'un 8 décembre à l'autre. Puis, au fil des interviews, le ton à changé. J'ai relevé dans Lyon Capitale "Il y a eu un décalage entre ce que les artistes proposaient sur le papier et la réalisation." Dans 20 Minutes : "Il faut bien dire que l'on s'est fait un peu avoir". Dans Lyon Capitale encore "Il y a de l'arnaque, je suis prête à aller au contentieux." Bigre ! Ce qui fait dire à l'un des artistes, dans Libération : "On se sent humilié".
Il y a deux mois, Monsieur le Maire, à la suite de mon intervention sur les dérives constatées du 8 décembre, vous prédisiez mon mea culpa pour le conseil municipal de décembre.
Nous sommes en décembre et voyez-vous Madame, avant d'aller chercher des responsabilités auprès des différents intervenants, il aurait été préférable de faire d'abord votre mea culpa. Et d'en tirer les conséquences.
Pour l'avenir, car l'édition 2005 se profile, j'espère ces dérives maintes fois dénoncées dans les arrondissements, à droite comme à gauche, ne se reproduiront plus. J'espère que vous constituerez une équipe solide pour que "Lyon situe sa grande fête à la croisée d'une longue histoire et d'un devenir ambitieux." Cette phrase n'est pas de moi, elle est de votre patron, Gérard Collomb. Et je la partage.
Poster un commentaire