Confrontation, quand la pensée unique…

Conseil municipal du 3 avril 2006

Confrontations… Voici un mot qui prend une résonance particulière en ces jours agités. Pour le dictionnaire de l'Académie Française, il s'agit d'un mot "emprunté du latin médiéval juridique confrontatio, «partie limitrophe de deux propriétés», puis «rapprochement de deux choses pour comparaison».
Les rédacteurs du dictionnaire précisant en gras : "Ne doit pas être employé pour Affrontement."

Vous comprendrez qu'à la lecture de cette définition, nous ne pouvons qu'avoir un à-priori positif pour cette structure.
D'autant qu'elle regroupe nombre de réformistes de gauche, ouverts au dialogue et à la confrontation d'idées, à commencer par son président Philippe Herzog, communiste refondateur puis en rupture de banc avec le PCF, François Chérèque, patron de la CFDT, Jean-Christophe Le Duigou, n°2 de la CGT et artisan de l'évolution de sa centrale syndicale, en passant par Michel Rocard et bien d'autres…
Cette confrontation d'idées, Nicolas Sarkozy l'a réclamait d'ailleurs lors de son récent meeting lyonnais car, disait-il, "je préfère le débat et l'échange, même si tout le monde n'est pas d'accord parce que cela correspond à la diversité de la France."
C'est cette même volonté de débattre, de confronter les idées, que Charles Millon appelait de ses voeux dans son livre "La Paix Civile", paru en 1998. Il écrivait : "Je veux retrouver la culture du débat entre la gauche et la droite."

Malheureusement, dans cette ville de Lyon, dans cette enceinte même, la culture de la confrontation des idées ne fait pas florès…
Ne parlons pas de ce que vous nommez débat au sein même de ce conseil. Suite désolante de monologues où chacun y va de sa diatribe, de sa harangue. Il suffisait d'écouter notre dernière commission générale sur le logement pour être édifié. Dans cette enceinte, en réalité, tout débat, toute confrontation, est interdite. J'ai bien dit interdite puisque nous l'avions demandé lors de l'élaboration du règlement intérieur et que vous l'avez refusé.

Alors, me direz-vous, adhésion à Confrontations ou pas adhésion ?
Voyez-vous, Monsieur le Maire, nous multiplions les adhésions à des associations toutes, bien entendu, plus prestigieuses les unes que les autres : Eurocitées, Citées Unies France, Lucie, Association des Communes et Régions d'Europe, Cités et Gouvernements Locaux Unis… Mais, depuis 4 ans, quel est le bilan de ces adhésions ? Ou sont les comptes-rendus ? Qui y participe ? Et dans ces fameux débats et échanges, qui représente notre ville ? Avons-nous seulement porté une parole ? Et quelle parole ? La diversité de ce conseil est-elle seulement représentée ou est-ce votre pensée unique qui débat avec elle-même ?
Autant de questions qui restent trop souvent sans réponse…

Voyez-vous, Monsieur le Maire, je suis membre fondateur d'Europe Métropoles. Une association créée en juillet 2004 par des élus municipaux des grandes métropoles européennes, toutes tendances politiques confondues. J'y suis à titre individuel, ma ville n'étant pas adhérente. Notre objectif est triple : promouvoir l'idéal européen au travers de campagnes de sensibilisation et de mobilisation, bien sûr, mais aussi partager entre jeunes élus locaux et construire un réseau d'expertise à l'échelle européenne car nous avons beaucoup à apprendre des autres.
Confrontation, réflexion, puis actions…

Si je ne remets pas en cause l'intérêt de Confrontations Europe, il me semble, à la lecture des nombreuses publications, que l'acte s'arrête trop souvent à la réflexion.
Dans un monde qui bouge et qui doute, face aux attentes, aux peurs, aux réticences des habitants de notre pays, il me semble nécessaire d'allier confrontation, réflexion et action. De confronter idées, expériences et expertises, puis d'agir.

Nous sommes donc réservés sur cette adhésion.
D'abord parce que le débat doit impérativement déboucher sur l'action et qu'à l'échelle de notre ville, mis à part des paillettes, nous voyons peu d'actions.
Ensuite parce que débattre de façon unipolaire ne nous semble pas suffisant.
Enfin parce que, dans cette ville et dans votre exécutif, la culture du monologue règne en maître.
Nous nous abstiendrons donc sur ce rapport.

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