Les fêtes de fin d'année me procurent toujours ce sentiment partagé entre la magie de Noël, l'attente et la joie des enfants d'un côté et cette civilisation marchande, ce "claquage" d'argent, à quelques mètres de véritables îlots de pauvreté.
Les tentes rouges du canal Saint Martin, à Paris, se sont invitées sur les écrans télé depuis quelques jours avant, vraisemblablement, de débarquer à Lyon, Marseille, Nantes… Loin d'être "de la poudre aux yeux", comme l'a si mal dit Madame Vautrin, la ministre de la Cohésion Sociale, l'initiative médiatique des Enfants de Don Quichotte, un an après celle de Médecin du Monde, a au moins eu le mérite de mettre la problématique de l'exclusion au centre du débat des présidentielle. (pour lire la suite, cliquez ci-dessous)
Catherine Vautrin a récemment demandé un recensement de cette population, difficile à comptabiliser car composée non plus seulement de clochards mais de nouveaux pauvres sans domicile fixe, qui disposent d'un salaire insuffisant pour se loger. L'Insee évalue d'ailleurs à 6,9 millions le nombre de Français vivant avec moins de 800 euros par mois.
En attendant, le personnel politique se presse pour signer la Charte des Enfants de Don Quichotte. Avec la même conviction, main sur le cœur et sourire aux lèvres, qu'il signait le Pacte Ecologique de Nicolas Hulot. Quelques images, un peu de presse, une dose d'émotion, c'est toujours bon à prendre ! Et après ? Rien.
Dans la droite ligne de son discours de Charleville-Mézières… "Je veux que l’égalité des chances devienne enfin une réalité au lieu d’être seulement une pétition de principe, une affirmation sans cesse démentie.
Voilà ce que je veux ! Voilà ce que je crois juste ! Voilà ce qui est le contraire de l’esprit de capitulation !
La capitulation c’est quand on se contente des droits virtuels et qu’on ne se pose jamais la question des droits effectifs. Je veux dire ce soir à la France qui souffre que je suis bien décidé à poser la question et à y répondre. Je suis bien décidé à faire en sorte que chacun se sente concerné.
A quoi sert-il de proclamer le droit au logement si les malades ne peuvent pas obtenir de prêt immobilier parce que les assurances ne veulent pas les garantir, si ceux qui ne peuvent pas apporter la garantie de leurs parents parce qu’ils sont pauvres ne peuvent pas louer ou emprunter pour s’acheter un appartement ?
A quoi sert-il de proclamer la liberté d’entreprendre si le fils d’ouvrier ne peut pas emprunter pour créer son entreprise faute de caution ?
A quoi sert-il de proclamer le droit au travail si l’on ne peut pas acheter à crédit la voiture indispensable pour aller travailler ?
Je propose que l’Etat crée un système public de cautionnement qui mette tout le monde à égalité devant l’emprunt.
A quoi sert-il de proclamer le droit au logement, le droit à l’hébergement, l’égalité de l’homme et de la femme, le droit de scolariser son enfant handicapé, le droit au logement étudiant… si l’on ne construit pas assez pour résorber le déséquilibre entre l’offre et la demande ?
A quoi tous ces droits servent-ils si chacun se renvoie la balle, si personne ne se sent responsable, si tous les engagements se perdent dans les méandres des procédures et des bureaucraties ?
Je propose d’en finir avec le renoncement.
Je propose d’en finir avec l’hypocrisie.
Je propose que tous ces droits deviennent opposables, et que chacun puisse saisir les tribunaux pour les faire respecter.
Je propose qu’on définisse les responsabilités, qu’on laisse le temps nécessaire à chacun pour combler le retard par rapport aux besoins et qu’une fois ce temps écoulé l’opposabilité devant le juge devienne effective.
Je veux que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid.
Je veux que d’ici cinq ans les universités soient en mesure de loger leurs étudiants, que les communes soient en mesure d’accueillir en crèche tous les enfants des mères qui travaillent ou qui cherchent du travail, que tous les enfants handicapés puissent être scolarisés.
Je veux que d’ici dix ans, les 700 000 logements manquants pour résorber la crise du logement aient été construits."
Je lisais ce matin dans le Journal du Dimanche un papier d'Anne-Laure Barret sur La Boulangerie, un centre d'accueil géré par la Sonacotra qui fait partie du dispositif expérimental mis en place par le gouvernement début novembre. 800 places ont déjà été ouvertes en Ile-de-France, 300 devraient l'être d'ici le 31 mars. Particularité de ce centre, il est ouvert 24/24 heures. L'objectif est simple, sortir les sans-abris du cercle vicieux rue-foyers d'urgence. "Idéal pour ceux qui veulent s'en sortir et se poser", estime l'un des résidents.
Une expérimentation qui rejoint l'une des propositions de la Charte des Enfants de Don Quichotte et les premières pistes de réflexion d'Arno Klarsfeld. "Ce que je vais proposer sans doute – c'est ce qui se fait en Allemagne – il faudrait multiplier les centres à taille humaine, c'est-à-dire 20-30 personnes dans un quartier, près de là où les gens ont leurs habitudes. C'est la solution raisonnable et humaine, mais pour cela, il faut que les communes soient d'accord."
Et c'est bien là le problème, car au-delà de l'émotion de l'instant et des sentiments de bonne conscience typiques des fêtes de fin d'année, le soufflé retombe vite. Surtout lorsqu'il s'agit d'accueillir dans son arrondissement de tels centres ! Il fut un temps ou dans les familles, on gardait toujours une place pour le plus démuni. Aujourd'hui, si la place est là, elle n'est que de convenance. Histoire de dire…
Pour ma part, accueillir un ou deux centre à taille humaine dans mon arrondissement, le 6e, ne me fait pas peur. Bien au contraire. Nous manquons, c'est vrai, de locaux et de foncier à des prix raisonnables, mais ce ne doit pas nous faire oublier pour autant le devoir de solidarité. L'Armée du Salut, avenue Thiers, dans le 6e, fait d'ailleurs déjà un remarquable travail d'accueil…
C'est d'abord en s'ouvrant aux autres que notre pays, et les Français, retrouveront confiance en eux. "Depuis 25 ans, nous sommes confrontés, à une forme insidieuse de capitulation sociale à laquelle la mondialisation et l’Europe servent d’alibis. Cette capitulation est le fruit d'une multitude de renoncements devant l'ampleur des changements que nous imposent les bouleversements sans précédent qui sont en train de transformer le monde", notait Nicolas Sarkozy.
Nous avons choisi, depuis plus de 30 ans, de faire la politique de l'autruche. Et de tout attendre d'un Etat de plus en plus faible. 55% de la richesse de notre pays va à l'Etat sans que celui-ci n'arrive à réduire cette fameuse fracture sociale ! Nous avons chez nous le pire de la Suède et des USA. Les impôts et l'insécurité sociale !
Il est temps de préparer la France d'après ! Cette qui saura s'adapter à un monde qui a changé et face à qui nous avons de nombreux atouts. Quoiqu'en disent les plus pessimistes. Il n'est pas encore trop tard…
L'année se termine sur des notes tristes partout dans le monde, et en France en particulier. Faisons de 2007 une année où tous les sourires seront permis. Celle du changement, d'un nouveau départ.
Très bonne année à vous, lecteurs de mon blog !
Belle analyse cher Erick et meilleurs voeux pour 2007. Le malheur est à notre porte et nous refusons de le voir parce qu’il nous fait peur. Peur pour l’Autre ? Non ! Peur pour nous. ! Cachez ce pauvre que je ne saurai voir.
Pourtant nul n’est à l’abri des accidents de la vie surtout en ces temps où la (grande) consommation est utilisée comme un moteur économique alors que les écarts de revenu s’accroissent. D’un côté les nantis, certains assurés par leur statut d’un salaire à vie et grands consommateurs de fonds publics, de l’autre côté, les exclus qui ne sont pas (diplômés de la bonne école, dotés de la compétence qui, nés là où il aurait fallu, qui sont tombés dans un des nombreux pièges qui jalonnent notre chemin… La liste est encore longue…). Qu’on ne s'y trompe pas, le chef d’entreprise n’est pas à l’abri de l’exclusion quoi qu’en disent les syndicalistes, surtout s’il dirige la PME qu’il a créée.
J’ai eu la chance de vivre de longues années dans un immeuble où les Petits Frères des Pauvres accueillent quelques uns de ces accidentés de la vie. Au début, ces gens là ne répondent pas à votre bonjour, leur regard fuyant vers leurs chaussures. Petit à petit, suite au travail des Petits Frères leur regard se lève vers le vôtre et le contact s’établit pour peu que vous en ayez pris l’initiative. Certains trouvent même l’amour comme ce couple émouvant qui s’est formé là et qui dure.
Il ne faut pas, pour autant, tomber dans le pathos, les exclus ne se relèvent durablement que s’ils sont armés pour se confronter à notre société bien individualiste. S’il faut se battre pour eux, il faut surtout leur (re)donner le goût de la combativité, puis celui de la responsabilité.
Le dispositif du RMI ne répond pas correctement au besoin qu’il est censé couvrir parce que, entre autres, il n’exige rien d’autre de la part de son bénéficiaire, me semble-t-il, que l’effort d’aller au bureau de poste pour le toucher (le I de RMI ne sert à rien).
Il devient urgent de travailler à une (ré)insertion sociale efficace. Pour que cette insertion sociale fonctionne, il faut créer de l’emploi, créer des logements et créer de la mobilité, bref il faut une vraie politique libérale qui ouvre l’horizon aux familles en leur redonnant l’envie de bouger et de se bouger.
Phil Salmon
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mardi 2 janvier 2007, 18h46
L'action des Don Quichotte critiquée par une association à Lyon
LYON (Reuters) – L'association Notre Dame Des Sans Abris, l'un des principaux centres d'hébergement de SDF de l'agglomération lyonnaise, a jugé mardi « indécente » l'implantation des Enfants de Don Quichotte à Lyon.
Yves Perret, président de cette association qui accueille 3.500 personnes par an dans un site rénové du 7e arrondissement, a estimé que l'initiative des Don Quichotte « nie le travail des associations, car elle fait offense à l'activité et au dévouement du personnel et des bénévoles qui travaillent auprès des SDF tout au long de l'année et depuis des décennies ».
Pour lui, « le problème du logement n'a rien à voir avec la précarité dans la rue, le problème est beaucoup plus complexe. Les sans-abri ont besoin d'un suivi quotidien pour les accompagner dans leur détresse ».
« C'est un coup médiatique qui me dérange et m'interpelle », a poursuivi lors d'une conférence de presse Yves Perret qui dénonce par ailleurs une opération de « bobos parisiens » : « quand je vois Jean Rochefort et Béatrice Dalle qui vont dormir sous les tentes, ça me fait doucement rigoler ».
Sébastien Guth, chargé de la communication à Notre Dame des sans abris, dénonce lui aussi « un coup médiatique sans rien derrière, qui n'aborde pas la question de l'accompagnement social ».
Il se déclare « choqué » par l'initiative parisienne qui aborde les choses « en surface sans traiter le problème de fond ».
Il estime par ailleurs que passer en hiver la nuit sous une tente est « impossible ». « Ça va être une catastrophe », prédit-il.
Les responsables du foyer considèrent par ailleurs que l'implantation des Enfants de Don Quichotte à Lyon n'a pas de sens dans la mesure où la situation des SDF est nettement meilleure à Lyon qu'à Paris.
« Le prix des loyers n'est pas le même », expliquent-ils, « les travailleurs pauvres ont beaucoup moins besoin de problèmes de logement ici, on n'est pas sur le même nombre de personnes et il y a ici un accompagnement social très important ». « A Lyon, la problématique est suffisamment bien traitée », concluent-ils.
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Réalité : Il suffit de déambuler dans nos modernes cités pour qu'elle vous « saute à la gorge ». Ici et là, sur un banc ou à proximité d'un commerce, le quart-monde remonte à la surface. Et, disons-le, nous dérange, nous met mal à l'aise. Que faire ? Agir seul dans son coin, donner parfois une petite pièce, toujours un sourire… Compter sur la société pour résoudre le problème… On peut toujours rêver.
Humanisme : Accepter d'évoquer les ravages de la pauvreté, ses causes (toutes) et ses conséquences, c'est déjà faire un pas vers ceux qui souffrent. Mais un pas dénué de toute démagogie et de tout « pipolisme ». Ne pas tomber dans l'indifférence et le mépris constitue le premier défi que tout un chacun se doit de relever. Et après ?
Après, espérons que nos politiciens prennent ces questions à bras le corps. Les propos(itions) d'un Nicolas Sarkozy, qu'il convient certes de recevoir avec toutes les réserves inhérentes au contexte pré-électoral, sont un signe indéniablement positif. Si le « rappel à l'ordre » était l'objectif recherché par les Enfants de Don Quichotte, alors leur initiative aura au moins eu ce mérite. Mais pour avancer, encore faut-il par la suite accepter le débat et mettre les a priori idéologiques au placard.
Erick, ta tribune me semble aller dans ce sens. Et peut-être l'année qui débute donnera-t-elle à cet élan l'ampleur qu'il mérite ?
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Parce que je te connais et reconnais le travail que tu fais, ton engagement politique et ta propension à tendre la main je souhaite que cette année 2007, par le mouvement que tu représentes, par les actions que tu mènes au quotidien, soit une pierre à l'édifice de la vie.
Que chacun trouve dans les divers commentaires concernant les Enfants de Don Quichotte sa source de réflexion personnelle. Se retrouver dans la rue ne doit pas être montré du doigt, peut-être est-ce à nous, individuellement, d'être vigilants pour que notre père, notre frère, notre ami, notre voisin ne se retrouve pas dans cette situation délicate et désastreuse de précarité. Cela passe par l'échange et la communication, et tu sais ce que c'est puisque tu en as fait ton credo, cela passe aussi par les actions politiques qui doivent être mises en place de façon urgentes et continues et là je te laisse le soin d'être notre interprète auprès de qui de droit, tu le fais avec brio. N'oublions jamais que cela n'arrive pas qu'aux autres.
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comment peut on comprendre les pauvres qui vivent sous les tentes, quand on est ministre, avocat, juge, medecin, patron, cadres avec des maisons luxueuses bien chauffées, du personnel souvent mal payé et sous estimé et qui eux bien sur risquent la rue en permanence et qui dépendent du bon vouloir des nantis.
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Bonjour André, et merci de vos messages sous diverses identités toutes fausses sur des papiers de mon blog.
Le principe du combat politique, c'est de ne pas avancer masqué. C'est en cela que la confrontation des idées est belle, enfin lorsqu'on se bat pour elles !
Continuez. Si le courage vous manque, vous défendez votre point de vue. Et je le respecte.
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