Gardez-moi de mes amis…

"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis.
Quant à mes ennemis, je m'en charge !" Voltaire avait le mot juste. Applications pratiques…

 
Si la nuit porte conseil, le début de soirée est souvent difficile. Témoin Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal. Nous sommes mercredi soir, dans "Le Grand Journal" de Canal +. Il lâche, sourire narquois et gueule d'ange, "Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut, c'est son compagnon !"
Stupeur sur le plateau où Michel Denisot hésite entre gêne et sourire…
La sanction ne se fait pas attendre. Le lendemain, dès 13 heures, la dépêche tombe : après avoir présenté ses excuses, le porte parole est suspendu pour un mois. Un mois de piquet pour ce talentueux snipper. Il faut dire que Ségolène avait réellement fait une erreur de casting. Un porte-parole, c'est la voix de son maître. Il s'agit de dire comme lui, pas de le flinguer, fût-ce avec talent. Or Montebourg est tout sauf un porte-serviette. Tantôt agaçant, tantôt ironique, tantôt caustique, c'est un habitué des petites phrases assassines. Snipper de la politique. "Pour dire la vérité, on se serait bien passé de cet épisode", soupirait sur LCI le député socialiste de la Drôme Eric Besson. Lui même snipper de Sako. Mon Dieu, gardez-moi de mes amis…

Justement, ce soir, j'assistais à la cérémonie des vœux de Christian Philip, le député UMP du 6e arrondissement. Vous savez, celui qui ne veut pas donner sa circonscription à Perben. "Même contre une soupe de lentille" a martelé son premier snipper, Jean-Jacques Gabut, le président de son comité de soutien, ancien patron de Lyon Matin.
Du monde, beaucoup de monde à ces vœux. Plus de 400 personnes. Si Christian Philip, fidèle à son image, n'a pas voulu attaquer Dominique Perben, martelant un message d'union, il a cependant dit son credo : "si nous sommes désunis, nous perdrons".
Son second snipper se nommait Marie-Chantal Desbazeille, sa suppléante. Habituée des bons mots et des flingages de politiques à tout va, elle a sorti le slogan choc : "En politique, c'est comme quand on fait ses courses, il faut toujours préférer l'original à la copie !" Mon Dieu, gardez-moi de mes amis…

En parlant d'amis (des vrais), j'étais en fin d'après-midi à l'inauguration de la galerie d'Alain Vollerin, au 124 rue de Sèze, dans le Carré 6 Brotteaux.
Critique d'art, écrivain, trublion snipper des convenances et des "con venus", cet homme n'a pas que des amis. Loin s'en faut. René Déroudille, grand amateur et critique d'art (pour l'anecdote, sa pharmacie était en bas de mon immeuble) lui conseillait de "tremper sa plume dans du vitriol". Conseil mis en pratique depuis plus de 30 ans.
Alain a baptisé sa galerie "La nouvelle échelle d'or". Il y présente, ente deux piles de livres*, des tableaux de Pierre Pelloux et de Jean-Albert Carlotti. Un "Ziniars" et un "Nouveaux", deux groupes de peintres qui, avec les "Sanzistes" et le groupe "Témoignage de Lyon" ont marqué la peinture lyonnaise du siècle dernier.
Alain trône en majesté dans sa boutique. Mais il sait qu'il ne sera jamais un marchand tant qu'il saura s'émerveiller ou tonner de sa grosse voix contre tel ou tel ignare ou "brocanteur d'artistes" (sic). Lui aussi est un snipper. Mais c'est pour la bonne cause.

A deux pas de là, je retrouve mon ami Bernard Chaume et son équipe pour la réouverture de "La Chapelle Sixtine" après quelques jours de fermeture. Comme d'habitude, l'endroit est bondé. La langue bien pendue, l'équipe refait le monde. Ca tire dans tous les coins. Attention snippers ! Un agent immobilier spécialisé dans la transaction de cafés et restaurants me félicite pour le développement du Carré 6 Brotteaux. Une réussite que nous avons porté avec Nicole Chevassus et Bruno Tronel. Personne n'y croyait. A commencer par Gérard Collomb ! Aux innocents les mains pleines. Il semble que, grâce aux investisseurs et aux chefs d'entreprise qui nous ont fait confiance, nous ayons (presque) réussi.

Comme quoi, lorsque l'on choisit ses amis, on n'a pas toujours besoin de s'en garder !
 
* A lire, le dernier livre d'Alain Vollerin "Le Grand livre de l'Ecole des Beaux-Arts, depuis 1756" aux Editions Mémoires des Arts. 384 pages, 79 euros.

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