Gégé, roi du bonneteau…

A chaque fois que je regarde un épisode de Kaamelott de l'excellent Alexandre Astier, je rigole lorsqu'entre en scène le bonimenteur. Il n'a pas son pareil pour embobiner les "chevalier" avec ses tours de bonneteau. Eh bien Collomb, c'est pareil. Au dernier conseil municipal, il s'est fait prendre la main dans le sac ! Et pourtant, ces derniers temps, Gégé avait plutôt "l'œil de taupe" !*

A mes questions sur le développement économique de la rive gauche posées lors dernier du conseil municipal (lire mon billet du 25 juin, "Pas de voix de soir…"), not'bon maire a répondu en présentant de façon exhaustive les premières conclusions de l'enquête des ménages qui dissèque, commune par commune, l'évolution de la consommation. Et comme les résultats sont plutôt bons pour Lyon, et en particulier pour la Presqu'île et La Part-Dieu, qui prennent la première place du classement, tout comme pour la rive gauche qui progresse significativement, nous avons eu droit à un désormais classique exercice d'auto-promotion. Style "Moi je" ou "avant moi le déluge" ou encore "mon élection est le jour qui a séparé l'ombre de la lumière". Bref, du grand Gérard Collomb qui, il faut bien l'avouer, excelle dans ce type d'exercice. Oubliant, comme bon nombre de politiques, que la croissance et la prospérité sont d'abord le fait d'entrepreneurs, de chefs d'entreprises qui prennent des risques, investissent, jouent gros à chaque décision…
C'est un peu comme si Nicole Chevassus, Bruno Tronel ou moi affirmions que la réussite, saluée de toute part, du Carré 6 Brotteaux était la notre. Non. C'est d'abord celle de ces dizaines de commerçants et artisans (plus de 80 aujourd'hui) qui ont choisi de nous faire confiance et d'investir dans ce quartier en plein essor. Il faut dire que nous venons du monde de l'entreprise, du monde de la création de valeur et de richesses. La différence est peut-être la… Question d'expérience.

Prenons un exemple récent qui démontre à l'évidence que le développement économique des quartiers se heurte parfois à un manque de volonté politique. Voire à une méconnaissance totale des réalités économiques…
L'enseigne Super U projette de créer, à l'angle des rues Vendôme et Le Royer, dans le 3è arrondissement, une supérette de 700 m2.
A la mairie du 6è, nous connaissons bien les propriétaires des Super U. De véritables entrepreneurs qui, aujourd'hui, connaissent dans toutes les villes de France des progressions de parts de marché grâce à leur sens du service et aux choix de produits laissant la part belle aux producteurs locaux.
Le dossier doit être validé par la CDEC (Commission Départementale d'Equipement Commercial) qui délivre les autorisations d'ouverture pour des commerces dépassant 300 m2. Qui en est membre ? Des élus locaux, des représentants du monde économique et des consommateurs. Et que fit alors le représentant de la ville ? On lui ordonna (j'ai bien écrit ordonna) de s'abstenir. Résultat des votes : 3 abstentions, 2 pour et 1 contre. Le dossier passera donc en CNEC (le niveau national) où il recueillera vraisemblablement un avis favorable dans les 6 prochains mois. 6 mois de perdu donc… Et un investissement qui risque de ne pas voir le jour.

Et alors, me direz-vous. Quel rapport avec le sujet ?
J'y viens…
Certains commerçants ont estimé, et c'est leur droit le plus absolu, que l'ouverture de ce nouveau commerce allait les pénaliser. Un classique. La presse s'est même fait l'écho que les commerçants des Halles étaient farouchement opposés au projet. Bizarrement, le propriétaire de l'une des plus grosses enseignes des Halles semble s'en f… totalement.
Face à la difficulté, et contre l'avis de nombreux élus de sa majorité, Collomb a préféré l'abstinence à la volonté politique. Celle de convaincre. Celle de se battre lorsque l'on sait qu'une décision est bonne pour un quartier, un arrondissement ou une ville. Nous avions déjà pu constater ce manque de volonté à l'occasion du transfert, promis et finalement abandonné, des Halles sur le 6è arrondissement.
 
Et pourtant, deux exemples démontrent que ce type d'ouverture ne pénalise pas les commerces alentour, même s'il génère des craintes légitimes au départ. Bien au contraire.
Avenue des Frères Lumière, il y a quelques années, l'arrivée d'une grande surface alimentaire a boosté le quartier et obligé les commerces existant à se remettre en question. Idem dans le Carré 6 Brotteaux lorsque Casino reprit la petite Halle des Brotteaux. Il suffit de demander à Nadia El Magrebi, dont la famille tient l'épicerie située de l'autre côté de la rue… Ce fut difficile au départ, c'est vrai, mais ils ont su innover et se battre. Et aujourd'hui, quatre ans plus tard, personne ne songerait à remettre en cause cette implantation. A commencer par leurs voisins et leurs concurrents les plus proches. Dans le Carré 6 Brotteaux, tout comme dans le 8è arrondissement.
C'est aussi ça être entrepreneur : aimer les challenges et le risque. Et savoir convaincre. Trois attitudes qui décidément collent assez peu à notre maire qui préfère les compromis ou les reculades. Quitte à jouer au "bonimenteur" devant les caméras de TLM. Il faut dire qu'il a un bon profil…

* Pour ceux qui auraient négligé de suivre cette série diffusée sur M6 et tournée à Villeurbanne, "l'œil de taupe" est, d'après le bonimenteur, l'œil du victorieux. Celui qui l'a est imbattable au jeu.

Les Commentaires ( 4 )

  1. de Marc
    posté le 27 juin 2007

    I fut un temps ou dans le 9è on appelait Collomb le coucou tant il savait s'approprier les bienfaits donnés par les autres. Le pouvoir lui a donné des ailes…

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  2. de Fréderique
    posté le 27 juin 2007

    Durant la campagne électorale, François Turcas avait l'habitude de dire « tout ce qui est à toi est à moi, tout ce qui est à moi, je le garde » pour se moquer des politiques. Il connaissait bien Collomb.
    Maintenant, c'est aussi de bonne guerre. Tout ce qui est bien, c'est nous, tout ce qui est mal, c'est lui. Il a su le faire durant 6 ans de mandat de maire d'arrondisseent, à nous de jouer à ce jeu…

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  3. de Erick Roux de Bézieux
    posté le 27 juin 2007

    En réponse à deux mails de demande d'information, le définition du bonneteau…

    « Le jeu se fait avec deux cartes noires et une carte rouge, généralement les rois de trèfle et de pique et la dame de c¶ur (trouver la dame). Le maître du jeu manipule les trois cartes et demande au joueur de miser et de découvrir la carte rouge. Si celui-ci réussit, il reçoit le double de sa mise ; dans le cas contraire, il l'abandonne.

    Le manipulateur tient deux cartes dans l’une de ses mains et montre où elles sont placées. Les cartes sont tenues entre le pouce l'index et le majeur d'une main et la troisième dans l'autre main. La carte rouge (dame de c¶ur) est dans la main tenant deux cartes et placée de sorte qu'elle doit logiquement être déposée en premier. La troisième carte ne sert qu'à distraire l'attention. Le manipulateur fait plusieurs déposes des cartes et la dame se trouve facilement trouvable au centre.

    Le manipulateur peut bouger les cartes juste pour donner le change d'une manipulation faussement excessive et maladroite. Le tour arrive lorsque l'argent est posée sur la plaque de jeu. Le manipulateur relance les cartes, mais ce n'est plus la carte de la dame rouge qu'il laisse s'échapper en premier, mais l'autre, ce qui raisonnablement ne paraît pas possible. Dans le cas où le parieur connaîtrait le tour, il ne gagnera pas comme cela, puisque des larons sont à proximité et interviennent pour récupérer la mise…

    Le badaud, mis en confiance par des gains faciles au début, n'hésite pas ensuite à parier gros et c'est à ce moment que l'arnaqueur met en pratique la technique expliquée ci-dessus, faisant perdre du coup son « client ».

    Le maître du jeu – appelé jadis bonneteur – est un professionnel assisté de complices (ou compères) – appelés parfois barons – chargés de rabattre les clients, de faire le guet, voire de jouer les gros bras pour calmer les perdants revanchards ou récuperer les gains de « petits malins » ayant eu vent de l'astuce expliquée plus haut. En partie à cause de cette organisation malhonnête, le bonneteau est déclaré illégal dans la plupart des pays. »

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  4. de Marc
    posté le 27 juin 2007

    C'est vrai que cette histoire des Halles a été promptement enterrée par Collomb… J'avais oublié cet épisode.
    reconnaissons néanmoins que les travaux de façade ont de la gueule.

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