Mais, avec ses talents de persuasion, le chef de l’État a vite convaincu la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner du bien-fondé de l’intervention française après trois années de négociation de l’Europe. On le sait tous, lorsqu’une négociation s’enlise, rien de tel qu’un nouvel interlocuteur pour trouver un accord.
D’autant que le Président possède une faculté rare. Celle que décrivait Alexandre de Marenche, lorsqu’on lui demandait quels étaient les « secrets » de sa longévité à la tête des services secrets français (quatre Présidents de la République et une large part de l’histoire du XXè siècle). Il répondait invariablement : « savoir se mettre dans le fauteuil de son adversaire et regarder le monde avec ses yeux. »
Autre point d’ancrage fort, la personnalité du président français. Mon grand-père, militaire qui avait pas mal bourlingué en Afrique et au contact des musulmans, m’affirmait qu’ils reconnaissaient d’abord la stature du chef. Relation éminemment personnelle, basée sur le respect, la confiance mais aussi le rapport de force permanent. Le moindre signe de faiblesse vous démonétisant. Or, dans cette partie du monde, comme dans beaucoup d’autres, l’absence de visage de l’Europe, d’interlocuteur pérenne, ne facilite pas les choses. Le Guide de la Révolution a donc trouvé en Nicolas Sarkozy un adversaire-partenaire jeune, donc à l’espérance de « vie politique » longue, à l’aura et au poids politique incontestable. Bref, la trempe d’un chef.
L’implication de Cécilia Sarkozy, étonnante pour bon nombre d’observateurs, démontre tout simplement la connaissance par la cellule diplomatique de l’Elysée des us et coutumes dans cette partie du monde. Ce qui ne m’étonne qu’à moitié, Jean-David Levitte, le patron du 2 rue de l’Elysée où est installé son équipe, étant l’un de nos plus fins diplomates. L’envoi par le Président d’un membre de sa famille, et non des moindres, a contribué à la création d’une relation personnelle, notamment avec les enfants de Kadhafi, dans une culture où cette pratique symbolise respect et engagement.
Le Figaro, sous la plume de Pierre Prier, note ce matin que « l’implication personnelle de Nicolas Sarkozy -et de son épouse- dans la dernière phase du dossier donne à la France une visibilité dont elle touche déjà les dividendes. Le président se pose en leader européen, personnalisant une politique étrangère du Vieux Continent qui manque cruellement d’incarnation. Au sud de la Méditerranée, on aime traiter avec des individus investis du pouvoir, pas avec des organigrammes. »
D’ailleurs, l’Europe l’a bien compris puisque Benita Ferrero-Waldner accompagnait Cécilia Sarkozy et Claude Guéant dans l’avion de la République française. Une manière pour le couple Sarkozy de faire taire les critiques sur la captation d’un succès diplomatique dans lequel la France n’a joué certes qu’un rôle parmi d’autres, mais peut-être décisif.
Tout ça pour quoi, diront les plus sceptiques.
Les bénéfices attendus par l’Élysée vont sans doute au-delà de l’effet médiatique immédiat et de l’aura du Président sur la scène internationale, et bien entendu Européenne, notamment dans les pays du Nord. La Libye est un pays riche avec qui nous entretenions, depuis plusieurs années, des relations endormies. Nous avons un retard à rattraper en termes d’influence globale et de contrats de toutes sortes. La Libye est un pays à reconstruire au sortir d’un long embargo : routes, infrastructures ferroviaires, pétrolières, portuaires, touristiques, médicales, sans compter les promesses de ses champs de pétrole encore inexplorés. Secteurs où la France à beaucoup à offrir. Dans le domaine stratégique enfin, en Afrique, Paris a besoin de Tripoli pour appuyer ses initiatives. Ou au moins ne pas lui nuire. Le Président et son ministre des Affaires Etrangères sont d’ailleurs attendus demain à Tripoli.
A 9 heures ce matin, la Chancellerie bulgare annonçait la grâce des infirmières et du médecin, naturalisé bulgare depuis quelques années. Une grâce bien entendu avalisée par Muammar Kadhafi. Ou quand le ravisseur se fait à la fois juge et libérateur…
Je me souviens d'un meeting de Sarko ou il avait promis que ce dossier serait l'une des priorités de son début de mandat.
Avec celui d'Ingrid Betancourt. Un premier succès… Bravo et espérons que les FARC accepteront de négocier la libération de leurs otages, et notamment des enfants.
Un pas de plus sur terre vers la liberté de ceux qui en sont injustement privés. Quelle réussite notre Président avec son épouse pour la libération des personnes détenues en Libye! Je voudrais m'en réjouir avec beaucoup de personnes autour de moi.Alors je vais aller semer mes premières graines dans mon jardin ce soir en pensant à tout ce bonheur qui se prépare sur terre. Ce sera avec la terre. En attendant de regrouper des personnes pour l'écrire inaltérablement dans la céramique et réussir à mettre en place mon projet « le cri de la liberté « qui demande les accords de l'état, un travail en concertation. Aujourd'hui c'est le jour qui fait écho au département de la Dordogne si riche des oeuvres libres de nos premiers parents, les premiers artistes de la terre, inscrites sur la roche, sur la pierre. Ecrit juste à côté de l'endroit d'où est partie la pierre en Charente qui a contribué à faire naitre l'assise de la statue de la liberté à New York. Ces plantes du 24 c'est une pensée pour que nos premières racines se souviennent. Bien cordialement. F.F.T.
Peut-être convient-il de citer aussi Candy ou Wonderwoman, pour accorder à Cécilia la place qu'elle mérite dans l'heureux dénouement de cette tragique affaire ? Un rôle bien évidemment sujet à polémique ! On peut s'interroger sur l'intervention de l'épouse du chef de l'Etat, regretter que la Diplomatie n'apparaisse pas sur le devant de la scène… Comment peut-on imaginer un seul instant que les canaux habituels n'aient pas été pleinement utilisés ? Cette personnalisation des négociations que tu évoques a sans doute été un facteur important dans la résolution d'une crise vieille de plus de huit ans ! Autant s'en réjouir. L'adage veut que « le résultat importe plus que les moyens » mis en oeuvre pour l'atteindre… Certes. Il faut cependant veiller à ne pas franchir une ligne jaune, évidemment difficile à définir, et toujours au cas par cas, au-delà de laquelle, à trop « regarder le monde avec les yeux de son interlocuteur », on en viendrait à perdre la vue !
Reste que tout cela est facile à écrire et qu'aujourd'hui, les infirmières bulgares et la médecin palestinien sont libres. C'est bien le plus important. Pour eux, le plus dur commence : revivre.
Je crois que la ligne jaune n'a pas été franchie… D'ailleurs, il faut noter la discrétion exemplaire de Cécilia Sarkozy. Son premier déplacement a été révélé par les Libyens, elle n'a assisté à aucune conférence de presse, notamment à Sofia où Claude Géant et la Commissaire Européenne se sont exprimés devant les journalistes.
Quant à la sortie de l'avion présidentiel français, elle est resté très en retrait, et non pas en vedette.
La Libye, gisement de contrats potentiels pour la France
La Libye représente un potentiel commercial important pour la France, notamment en matière énergétique alors que ce pays, gros producteur d'hydrocarbures, ouvre ses portes aux investisseurs et tente de rattraper son retard après une décennie d'embargo.
Le président Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs pas caché ses ambitions mardi lors d'une conférence de presse à la suite de la libération des infirmières bulgares.
« Des accords de coopération avec la Libye, j'espère qu'on en signera bien évidemment. Les Etats-Unis l'ont fait (…) Je ne vois pas au nom de quoi la France serait le seul pays à ne pas signer ce type d'accord », a-t-il commenté.
La France est le 6e fournisseur de ce pays de 6 millions d'habitants, qui reste un partenaire modeste (0,1% des exportations et 0,45% des importations), même si les échanges bilatéraux progressent rapidement.
Les importations françaises en provenance de Libye totalisaient en 2006 1,9 milliard d'euros, en hausse de 19,4% sur un an et quasi entièrement constituées d'hydrocarbures, et les exportations atteignaient 433,6 millions (+43%).
Pour l'ensemble de l'Union européenne, les importations représentent 25,76 milliards d'euros et les exportations 3,66 milliards.
Ces transactions bénéficient largement de la normalisation des relations entre la Libye et la communauté internationale, dans laquelle la promesse du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi de ne pas développer la bombe atomique a marqué un tournant en 2003.
Cette même année, le Colonel Kadhafi avait aussi tourné la page du socialisme avec un plan de privatisation concernant 375 sociétés publiques, principalement dans le domaine stratégique de l'énergie.
« Dans un contexte où la dépendance énergétique de l'Europe à la Russie est un sujet de préoccupation, des fournisseurs comme l'Algérie et la Libye deviennent importants », remarque un banquier spécialiste de l'Afrique du Nord.
La Jamahiriya (« République des masses »), troisième producteur de pétrole africain, est assise sur d'importantes réserves gazières et minières inexplorées.
De quoi attirer la convoitise des compagnies occidentales. Certaines majors pétrolières qui avaient quitté le pays pendant la décennie d'embargo sont revenues, à l'instar de la britannique BP, qui a signé fin mai un accord gazier de 900 millions de dollars.
Tripoli a également lancé début juillet un important appel d'offre d'exploration gazière auquel Total, qui n'a jamais quitté la Libye, entend participer.
La France nourrit également des ambitions dans le nucléaire. Elle a signé avec Tripoli l'an dernier un protocole d'accord en recherche nucléaire civile, qui ouvrait la porte à une « participation » des sociétés françaises.
Areva, interrogé par l'AFP, indique avoir « été sollicité pour présenter son offre » de centrales nucléaires, précisant que ces contacts « préliminaires », dataient de 2006.
« Un réchauffement des relations franco-libyennes pourrait être le signal d'un nouveau développement commercial pour Alstom », a renchéri le groupe industriel.
Dans le domaine bancaire, BNP Paribas a remporté la semaine dernière l'appel d'offres sur la privatisation de 19% du capital de la Sahara Bank, au prix fort de 145 millions d'euros.
Dassault a obtenu un contrat de modernisation de 12 chasseurs-bombardiers Mirage F1 libyens. La Libye a aussi manifesté son intérêt pour le Rafale, l'avion de chasse français jamais encore vendu à l'étranger, mais aucune négociation concrète n'est engagée, indique-t-on de sources françaises.
De nombreux autres secteurs sont aujourd'hui concernés par les privatisations: l'agriculture, la chimie, la métallurgie et la téléphonie.
Saint Ex, ce valeureux pionnier de l'aviation avait placé ce principe au centre de l'amour.
S'il est vrai que le Colonel Khadafi s'est comporté de façon odieuse vis-à-vis du monde civilisé depuis des années, ce n'est plus en poursuivant une stratégie de mise à l'écart établie, avec de très bonnes raisons, que nous allons aider le peuple Libyen et les peuples Français et les autres pays d'Europe à sortir l'Afrique de l'ornière dans laquelle elle s'est enlisée malgré, ou à cause de ses ressources naturelles. L'afrique est l'un des patrimoines naturels de l'humanité les plus riches et, faute d'une exploitation raisonnée, aussi les plus pauvres.
Les bolchéviques n'y sont pas pour rien, mais le mur de Berlin est tombé maintenant et il est grand temps pour la France et pour l'Europe de reprendre la main dans cette région pour la développer et partager les divendendes de son développement au profit du BIEN COMMUN.
Phil
Betancourt: une mission en Colombie
Une mission s'est récemment rendue en Colombie pour tenter de négocier la libération de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, mais est revenue sans preuve de vie formelle, a indiqué le président français hier soir à Tripoli. « On veut une preuve de vie d'Ingrid et nous ne l'avons pas. On a des éléments mais on veut une vraie preuve de vie », a insisté M. Sarkozy. « Je ne laisserai pas tomber, nous ne laisserons pas tomber, la diplomatie française ne laissera pas tomber Ingrid Betancourt », otage depuis février 2002 de la guerilla marxiste des Farc, a assuré le président.
(AFP-26 juillet 2007)
Cher Erick, à ce train là tu vas proposer de jumeler Lyon à Tripoli? Plus sérieusement je constate que nous sommes l'un et l'autre les seuls élus lyonnais à continuer de bloguer cet été.Je te félicite et te souhaite donc l'énergie nécessaire. Bon été à toi.
Cher Jean-Yves,
pour le jumelage, on tentera Neuilly et Lyon pour démarrer. Et pourquoi pas Melle et Lyon ? lol !
Je ne te garantie pas que je vais beaucoup écrire cet été mais on va essayer de garder le rythme !
Pour les lecteurs, le blog de Jean-Yves, le patron du groupe PS au conseil municipal, est sur
http://www.jysecheresse.com
Comme quoi, on peut avoir des idées différentes, se faire de la pub et être copains !