Oh my sweet Lord !

J'ai vécu hier soir un instant de grâce où la colline qui prie n'a jamais aussi bien porté son nom.
La nuit dernière, à Fourvière, dans le théâtre des romains, polythéistes, 19 voix ont donné de l'âme au dialogue interreligieux en invoquant un Dieu unique. Quelques jours après de sinistres tentatives d'attentat au cœur de Londres, au nom de ce même Dieu (sic !), des artistes ont donné aux spectateurs des Nuits de Fourvière une belle leçon de partage et d'humilité.

Il faut dire que la rencontre entre les chants sacrés afro-américains, plus connus sous le nom de gospel (good spelle ou bonne nouvelle), et les chants soufis avait de quoi surprendre. D'autant que le groupe de Qawwals, conduit par le pakistanais Faiz Ali Faiz, était étonnant à plus d'un titre pour le néophite que je suis. La rythmique est portée par des battements de main, symbolisant ceux du cœur, donc la vie, des tablas (sorte de petits tambours) et des harmoniums portatifs. Le chant, typique de l'Inde du Nord et du Pakistan, s'apparente à une litanie portée par le soliste, puis reprise par le groupe.
Mélange à plusieurs titres, le Qawwali est à la croisée des chemins de l'Islam, du Soufisme et de l'Hindouisme. Les chants sont aussi bien en arabe, en persan, en hindi, en urdu…
Après une première partie 100% qawwali surprenante, le Sacred Sound Ensemble, conduit par Bernice Johnson Reagon, a mis le feu dans le public avec une musique très "physique". Guitares, batterie, voix, sourires et bonheur, toute la magie du gospel !

Puis vint la rencontre qui allait bientôt virer à la fusion. Come By Here My Lord, prière prenant ses racines dans la souffrance des esclaves, répondait aux chants des Qawwals qui invoquaient la bénédiction d'Allah. Les musiques se mêlaient, s'invitaient l'une l'autre, soutenant tour à tour les interprétations. Puis de réponse, on est passé à une communion des genres, sans que le mélange ne leur nuise, sans que les racines ne se perdent.
Et pourtant, tout semblait les séparer de prime abord. Ils ont donné un sens au mot religion. Le sens de relier. "Avant d'être musulmans, nous étions chrétiens et juifs", disait Faiz Ali Faiz. "Come and join that Land where we'll be together" lui répondit Bernice Reagon.

C'était une rencontre impossible, celle de deux univers dissemblables, qui ont su trouver le fil qui les reliait.
Il y a quelques centaines d'années, sur les routes qui menaient au cœur du Moyen Orient, certains décidèrent que leur religion interdisait de toucher aux peuples du Livre.
D'autres ont aujourd'hui, comme nous hélas hier, une lecture partiale de ce même Livre. Ce soir, le livre était ouvert à la même page. Et si les mots et les sons étaient différents, le sens était commun.

 
En repartant, encore ivre de ces chants qui, d'une même voix ont fait chanter à une bonne partie du public une ode à Allah et des chants sacrés US, je me suis aperçu que le parking dans lequel j'étais garé portait le nom d'Albert Decoutray. Ce grand Archevêque de Lyon a défendu avec courage et bonté le dialogue interreligieux. Jamais, pour moi, la colline qui prie n'avait aussi bien porté son nom que ce soir…

Les Commentaires ( 2 )

  1. de Marc Aurèle
    posté le 6 juil 2007

    Un qui aura bien besoin des chants de la colline qui prie, c'est Perben ! Havard, élu de cette colline, prie-t-il pour lui tous les jours ? Pas sur. Ou alors des chants de la secte des Assassins… A moins qu'il n'attende patiemment que les lyonnais ne fassent eux même le ménage. Ce jour là, pas dit que les chants se mêlent avec grâce…

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  2. de Phil Salmon
    posté le 6 juil 2007

    Tu as raison Erick, les religions monothéistes adorent un seul Dieu. Ce Dieu prend des noms différents selon les religions mais puisque, pour les croyants de ces religions, il n'y a qu'un seul Dieu alors Dieu est Amour. Puissent les extrémismes religieux intégrer ce principe. La Paix dans le monde aura fait un grand pas en avant et notre Humanité avec elle !

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