Pour démarrer, voici d'abord mon intervention sur les suites du Forum pour une Mondialisation Responsable…
L'ambition était forte, presque au-delà de nos forces.
Mon éminent collègue Michel Vaté l'avait d'ailleurs fort bien souligné en 2005. Il disait : "Vous voulez -je cite- "vous positionner entre Davos et Porto Alegre", en oubliant au passage que Porto Alegre n’existe plus. C’est en fait vouloir emprunter à chacun ce qui manque à l’autre ; autrement dit, il s’agit de faire l’un et l’autre, alors que le Grand Lyon en soi n’a aucune compétence dans ce domaine, ni aucune expertise reconnue internationalement."
J'ai lu avec attention, Monsieur le Président, les actes de la première édition du Forum pour une mondialisation responsable.
Comme dans toutes ces réunions d'envergure, c'est riche, dense.
Mais les interventions se répondent sans aller au bout des choses. On surfe souvent sur les bonnes intentions ou les réactions sans aller au fond, à la proposition, à la décision, à l'action.
Je participe régulièrement, comme auditeur, aux séminaires de l'institut Aspen. J'y apprends beaucoup. Sur ce point, Monsieur le Président, votre "pari pascalien", très à la mode ces temps ci, qui consistait à affirmer qu'en "travaillant ensemble, nous n'avons rien à perdre mais, au contraire, tout à gagner" est réussi. Et d'ailleurs, comment pouvait-il en être autrement ?
Mais si le rôle d'Aspen est d'engager des réflexions, des échanges, le rôle des hommes politiques est d'initier des actions, de faire preuve de volontarisme. A fortiori lorsque les trois thématiques choisies pour ce Forum posent des questions ou des affirmations qui imposent des réponses concrètes. Bernard Kouchner tirait la même conclusion devant le chilien Juan Somavia, directeur du Bureau International du Travail il y a quelques jours : "Mais des rapports tu en a fait plein. L'important, c'est maintenant de passer à l'action", disait-il.
Michel Vaté, sans être prophète, estimait d'ailleurs en 2005, je le cite : "Si on enlève les chefs d’Etats, les dirigeants d’institutions internationales, les ministres, les maires des grandes villes accompagnés chacun par quelques collaborateurs, si on enlève ensuite les inévitables associations qui bavardent beaucoup mais qui n’agissent pas, cela laisse peu de place pour ceux que votre rapport appelle fort justement "les acteurs".
Nous allons donc vers une énième assemblée de dirigeants sélectionnés ou d’experts sélectionnés comme il en existe beaucoup d’autres, (…) vers une manifestation très sélective, très élitiste à la fois redondante et frustrante." Reconnaissons que la lecture des actes lui donne raison !
Alors qu'en est-il de ce rapport.
Tout d'abord, vous nous demandez de solder les comptes. Vous nous annoncez
2 680 participants. Permettez-moi de vous dire, Monsieur le Président, que vos chiffres sont trompeurs. Vous confondez affluence, c'est à dire le total des entrées sur deux jours, et inscriptions… En réalité, le nombre exact est de 1 680 personnes participantes qui se décomposent comme suit : 210 personnes présentes le jeudi seul, 1 180 présentes le jeudi et le vendredi et 290 pour le vendredi seul. Soit 1 680 personnes. Les chiffres sont de la Fondation Scientifique de Lyon, cet après-midi. Quant au nombre de participants en provenance de l'étranger, il est de seulement 420 personnes, soit 25%.
Vous avouerez que cela change beaucoup de chose. Notamment si l'on rapporte le budget, comme il est d'usage chez les organisateurs de congrès ou de forums, au nombre de participants !
Justement, parlons chiffres. Le Forum accuse un déficit de 145 840 euros, soit 7% du budget. C'est, il faut être honnête, beaucoup. D'autant que la part du financement public dans l'opération est déjà de 80% là ou des sociétés comme Reed Exibitions prône 70% de financements privés et 30% de public sur ce type de manifestations.
D'où viennent ces 145 000 euros de déficit. Principalement de trois postes : les événements partenaires pour 113 000 euros, le réceptif pour 83 000 euros et les inscriptions des participants pour 85 000 euros. Trois postes heureusement en partie compensés par des économies d'un côté et par une augmentation forte du mécénat d'entreprise par rapport aux prévisions.
Le poste inscriptions est, pour moi, un indicateur du succès réel du Forum. Car, là vous escomptiez 100 000 euros de recettes d'inscription, vous en avez seulement comptabilisé 15 000 alors que, dans le même temps, les participants passaient de 1 500 (selon le budget prévisionnel) à 1 680. Soit une participation stable, pour des recettes divisées par 7. Or, dans tous les Forums ou colloques internationaux, les entrées sont payantes, la gratuité étant accordée dans des circonstances exceptionnelles ou à des publics cibles comme les étudiants.
Dans un grand élan d'humanisme, Lyon a fait différemment pour, je cite, "ouvrir à un public plus large l'événement". Ici, il s'agit de pointer du doigt une organisation responsable. En l'occurrence, je dirai qu'elle a été comptablement irresponsable !
Vous nous demandez ensuite de contribuer pour 54 160 euros à la réalisation et à la diffusion des actes du colloque. La belle affaire. On découvre un an après qu'un colloque ne vit que par ses actes, que par ses traces. A défaut de décisions et d'actions, il reste les paroles. Nous nous étions, à l'époque, interrogés sur la compétence et l'expertise du Grand Lyon dans le domaine de la gestion d'un tel événement, voici qui apporte de l'eau à notre moulin.
Si je les ajoute au déficit cité précédemment, nous tournons donc à 10% de dépassement de budget…
Voici clos ce premier Forum. Il est temps de parler d'avenir. Je sais qu'il est fortement question d'organiser un second Forum l'année prochaine. Espérons qu'au lieu de nous proposer des dossiers morcelés, comme c'est le cas aujourd'hui et il y a quelques mois, vous nous présenterez un jour un véritable rapport construit et argumenté sur lequel nous pourrons débattre et trancher pour ou contre ce second Forum. En attendant, patiemment, méthodiquement, vous tissez la toile qui vous permettra de l'imposer plutôt que de le proposer…
Dans le rapport du jour, vous nous proposez quatre axes de travail…
La création
- du Club de Lyon
- de la Chaire pour une mondialisation responsable
- d'un pôle de compétence sur la finance solidaire
- d'un référentiel sur la politique des territoires combinant dimensions économiques, sociales, environnementales et citoyennes.
Ces quatre initiatives méritent d'être regardées avec attention.
• Le Club de Lyon, tout d'abord, semble prometteur. Vous souhaitez qu'il puisse "organiser des rencontres pour la préparation des sommets mondiaux, permettant aux acteurs d'élaborer des contributions susceptibles d'être versées aux travaux de ces réunions internationales, voire d'en influencer le contenu." Dont acte, l'ambition nous semble bonne à la condition que la Club de Lyon soit rapidement reconnu sur la scène internationale pour la pertinence de ses travaux et des solutions qu'il recommande.
Nous sommes, comme vous, convaincus de la pertinence de la "diplomatie des villes". Une telle structure entre dans ce cadre. Mais l'ambition doit être, une nouvelle fois, à la hauteur des moyens dégagés, tant humains, intellectuels et financiers, et des réseaux mis en résonance. Faute de quoi ce Club de Lyon ne dépassera pas le stade des ambitions contrariées. Par ailleurs, nous souhaitons que des critères d'évaluation soient intégrés au projet dès le départ. Seule l'atteinte des objectifs déclenchant le versement des subventions en année n+1.
Vous nous proposez ce soir de mettre 80 000 euros sur la table pour voir si nous pouvons passer de l'idée, voire de l'idéal, à la réalité. Bref 80 000 euros en études. Une somme pour laquelle nous ne disposons d'aucun détail, d'aucun devis, d'aucun budget prévisionnel. Ce qui me navre car avant de faire une étude, il faut partir d'un cahier des charges qui nous est pour l'instant étranger.
• La chaire pour une mondialisation responsable, au-delà de la formule pour le moins surprenante, j'ai eu l'occasion de le dire il y a quelques minutes, nous semble être une idée à creuser. D'autant que des structures reconnues internationalement existent déjà au sein de l'Université lyonnaise comme l'Iframond, Institut d'études de la francophonie et de la Mondialisation par exemple. On sait la réputation de l'Université de Lyon et la qualité de ses recherches pour avoir toute confiance dans cette future chaire dès lors ou elle rassemble et uni bien au-delà de notre territoire.
• Le pôle de compétence sur la finance solidaire a déjà des racines solides. Les travaux de recherche fondamentale et appliquées de nombreux universitaires lyonnais, dont ceux de notre collègue Michel Vaté sur la micro-assurance, font autorité dans les colloques internationaux comme au sein des grands donneurs d'ordre comme le FMI ou la Banque Mondiale ou encore auprès de PlanetFinance dirigée par jacques Attali.
Nous ne pouvons donc qu'être favorable à cette mise en valeur de ces travaux. Une remarque cependant, les spécialistes de la micro-finance ne nous ont pas attendu pour travailler et mettre en commun leurs travaux. De nombreuses villes du monde, comme Québec par exemple, ont d'ailleurs déjà une large longueur d'avance sur nous… Témoin cette réunion récente, justement à Québec, sur le thème de la finance solidaire. Juste pour que chacun comprenne bien les efforts qui restent à accomplir, certains participants à cette réunion, tous reconnus pour leur expertise du sujet, ne savaient même pas positionner Lyon par rapport à Paris, Genève et Rome !
• Enfin, la démarche d'évaluation des territoires, si elle semble séduisante sur le papier, nous semble très franco-française et peu exportable. Or, est-il besoin de le rappeler, l'objectif de ce Forum était de réfléchir et d'agir sur le vaste monde.
Vous le comprendrez, Monsieur le Président, que face à ces constats, à ces dérives, au manque d'action, aux simples bonnes intentions, nous soyons contraint de voter contre ce rapport. Tout en regardant avec attention le devenir de ces initiatives avec la bienveillance que vous nous connaissez. Je serai personnellement le premier à les soutenir si elles font la preuve de leur utilité dans l'action.
La suite mercredi soir, donc demain, vers 21 heures. Promis, je dirai tout ce que je sais sur ce dîner de travail avec Charles Millon et sur nos ambitions pour Lyon ! A demain…
La suite, la suite ! Quelle arnaque, la vitrine est alléchante, on nous annonce une belle promo et il faut revenir demain. Bien joué Eric !
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pas bien de faire venir le chaland avec de la publicité mensongère, désolé, mais on veut la suite…. Millon maire de Lyon ?
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Blablabla !
Cela devient une habitude pour Gégé 1ier !
I devrait venir ns voir, car l'année dernière avec Liberté Chérie ns avions fait une « contre conférence » avec le Professuer Serge Schweitzer favuer de la mondialisation, et pas de déficit !
http://www.liberte-cherie.com/
a2513-Non_au_forum_pour_une_mondialisation_
responsable_.html?q=Serge+Schweitzer
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