Salope ?

Revenons quelques lignes sur "l'interjection déplacée" (sic) de Patrick Devedjian traitant Anne-Marie Comparini de "salope"… Je n'ai pas beaucoup d'atomes crochus avec l'ancienne présidente de la région Rhône-Alpes dont je n'ai pas oublié qu'elle applaudi debout l'élection de Charles Millon avant, quelques jours plus tard sur ordre de Raymond Barre, tourner casaque vers la gauche. Est-ce que ce fait historique suffit pour la traiter de salope ?

 
Internet est une source sans fin de culture. Direction le dico au mot "salope".
 
Salope, adjectif et substantif féminin.
Mot d'origine incertaine. Probablement composé de sale et de hoppe, venant de huppe, cet oiseau ayant la réputation d'être très sale.
I. Adj., vx, fam.
A. [En parlant d'une pers.] Qui est très sale, très malpropre. "Cet enfant, cette petite fille est salope, est bien salope" (Ac. 1835).
B. [En parlant d'une chose] Qui est vil, bas ; qui inspire de la répugnance. Synonyme : abject, ignoble. "Cependant, la guerre salope [contre Léopold et Clotilde] continuait avec une violence plus intolérable" (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 260).
II. Subst. fém.
Familier. Femme, fille très sale. (Dict. XXe s.).
2. Populaire
a) Femme débauchée, de mœurs dépravées, ou qui se prostitue. "Je déguisais ma chère maîtresse en bardache, je la grimais en vieille salope sinistre et poivrée ; je traînais mon amour au lupanar, je baignais mon cher archange dans les latrines" (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 105). "Et tu le diras à tout le monde, que c'est une salope, qu'elle faisait la vie pendant que j'étais au front… Je la maudis, t'entends, et je voudrais qu'elle crève comme moi, avec son type" (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 235).
Et la liste des différentes utilisation de ce nom d'oiseau est encore longue…

Sachant, par ailleurs, que la recherche de "salope" sur internet donne 5 250 000 réponses. Je n'ai pas cliqué sur tous les liens, la soirée n'aurait pas suffit et mon petit cœur aurait sûrement lâché devant tant de créatures… Mais pour votre gouverne, la photo et la vidéo sont reines ! Il existe même un site surnommé "Le portail des salopes", c'est dire !

Au vu de ces investigations rapides, et néanmoins instructives, "salope" est donc bien une insulte. De la plus triviale espèce. De quoi karcheriser Devedjian, à moins que la classe politique masculine se serre les coudes.
Car, chers lecteurs masculins, qui d'entre nous n'a jamais traité quelqu'un (et une femme en priorité) de "salope" ? Le feu de l'action n'excusant pas tout, loin s'en faut !  Il faut être réaliste, les mieux élevés d'entre nous sont rares. Et même si cette insulte est un peu surannée -aujourd'hui, les termes de bâtarde ou de taspé tiennent le haut du pavé !- elle l'est bien moins que celles-ci : grue, catin, femme de mauvaise vie, mégère, garce…

Alors, convenons-en, entre nous, chers lecteurs masculins, nous avons parfois des dérapages qui mériteraient que nos mères nous passent vigoureusement la bouche au savon de Marseille. Putaing ! (ndlr : il s'agit là d'une interjection typique dans la région de Marseille !).

Je laisse le mot de la fin à un illustre marseillais, Marcel Pagnol. Je le dédie à Patrick Devedjian…
"Le mâle repoussé traite généralement de "salope" la femme qui, précisément, refuse de l'être."

Prenons en de la graine ! Et tachons, en cette période électorale qui s'annonce,témoigner du respect à nos compétiteurs comme à nos amis. Qu'ils soient de sexe masculin ou féminin, peu me chaut. Il est des mots qui font plus de mal que tous les combats politiques !

Les Commentaires ( 9 )

  1. de Alain
    posté le 1 juil 2007

    Lu sur le blog du JDD ce billet de Robert Melcher Robert posté le samedi 30 juin 2007.

    Ce qui est incroyable dans la “bavure” unanimement condamnée de Patrick Devedjian c’est, bien entendu, la grossièreté, l’inélégance et la misogynie qu’une telle remarque révèle. Mais ce qui me surprend, c’est que cet homme politique et nombre de ses pairs ne mesurent toujours pas les conséquences que de telles fautes ont (et auront) à l’aube de l’ère numérique.

    Hier, gaffes et erreurs pouvaient s’estomper par manque de « preuves », voire s’effacer avec le temps. Les errements des uns et des autres disparaissaient dans des poussiéreuses archives ou dans le sillage éphémère des ondes télé ou radio.

    Aujourd’hui, la mémoire est digitale. Instantanée. Ouverte à tous, tout de suite, tout le temps.
    L’accouplement des nouvelles technologies et des nouvelles plateformes interactives comme YouTube, Dailymotion, etc. ont en effet donné naissance à un univers du savoir immédiat, à de nouveaux médias où toute information est disponible pour peu que l’on dispose d’un ordinateur (pour la consommer) ou d’un téléphone portable (pour y contribuer). Tout le monde est éditeur (de photos, vidéos, textes), chacun est consommateur.

    On peut s’en inquiéter ou s’en réjouir.

    Le redouter, car dans cette grande cage en verre où tous nos faits et gestes sont potentiellement répertoriés, la notion de  seconde chance Ÿ s’atténue, comme le souligne Dov Seidman dans son livre « How ». Toute erreur ou mauvaise blague peut faire le tour du monde en quelques heures.

    On peut s’en féliciter dans la mesure où puissants et responsables, soumis à une attention de tous les instants, sont désormais instantanément redevables de leurs actes, de leurs dires.

    Entourés de paparazzis amateurs (n’importe quel téléphone portable prend des photos), de vidéastes anonymes (clips immédiatement mis en ligne) et d’éditeurs citoyens (les bloggeurs), VIPs, people, politiques et sportifs sont soumis à un regard quasi permanent. Les Paris Hilton (vidéos érotiques), Kate Moss (sniffant de la coke), Ségolène Royal (vidéo sur les profs et les 35 h) Sarkozy (conf’ de presse Poutine), Bush (montre « volée » en Albanie) ou aujourd’hui Devedjan ne sont que quelques exemples de cette nouvelle donne.

    Faut-il s’en féliciter ? Pas sûr.

    Ce qui est sûr, c’est que pour beaucoup, la vie –la scène- publique a changé profondément. Intensément. Durablement.

    Aujourd'hui l'Histoire, grande ou petite, est en ligne. Tout de suite. Tout le temps. Mais sans filet, et sans hiérarchie…

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  2. de Criticus
    posté le 2 juil 2007

    Bonjour,

    Je me demande s'il n'y a pas deux Erick dans la blogosphère…à moins que ce ne soit vous qui ayez commenté le billet que j'ai écrit sur Devedjian?

    Cordialement,
    Criticus http://criticusleblog.blogspot.com/

      Répondre

  3. de raymonde
    posté le 2 juil 2007

    « salope », insulte chiraquienne par excellence
    Un exemple : dans le bouquin de l'excellent Jean-François Probst (Chirac,
    mon ami de trente ans), chirac traite Dominique Perben… de salope ! De
    mémoire : « Cette salope de Perben ! » (quand le ministre alors des Dom Tom
    est parti chez Balladur !)
    DE la à dire Perben-Comparini même combat, il n'y a qu'un pas…

      Répondre

  4. de Erick Roux de Bézieux
    posté le 2 juil 2007

    Salut Romain et Thimothé

    Désolé, ce n'est pas moi… Un oubli que je répare aussitôt.
    Et pour mes lecteurs, allez voir leur blog. Il est très bien fait…

    Amitiés

    Erick

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  5. de Patrick
    posté le 3 juil 2007

    Un dérapage verbal privé aussitôt regretté publiquement

    Mardi 26 juin sur la place du Palais-Bourbon, j’ai dit, en privé, une grossièreté détestable à l’égard d’Anne-Marie Comparini. Je n’imaginais pas une seconde qu’elle serait rendue publique. Certes, ce n’est pas une raison pour l’avoir proférée, mais il arrive aux hommes politiques comme à tout le monde de se laisser aller, stupidement.

    Dès que j’ai appris que ces propos avaient été diffusés à mon insu, jeudi 28 juin dans la soirée, j’ai immédiatement fait un communiqué pour m’excuser publiquement et j'ai appelé personnellement Anne-Marie Comparini pour lui dire tous mes profonds regrets et mon estime personnelle. J’ai réitéré des excuses publiques le lendemain.

    Je voudrais dire trois choses :

    Tout d’abord cette grossièreté ne correspond en rien ni à mes convictions ni à mon comportement à l’égard des femmes en général, des femmes politiques en particulier. Je ne suis ni machiste ni sexiste : pour moi l’égalité des hommes et des femmes est évidente et, en politique, j'ai instauré la parité dans mon exécutif municipal bien avant la loi et je me suis toujours battu pour la cause des femmes et la parité. Je ne crois pas qu’aucune femme, de mon parti ou d’un autre, puisse le contredire.

    Ensuite, il s’agissait d’une conversation dans laquelle on évoquait la volonté des candidats Modem de se maintenir au 2ème tour s’ils le pouvaient. J’ai fait une interjection, totalement déplacée je le reconnais, qui soulignait la tension qu’il y avait eu avec le Modem pendant les législatives.

    Enfin, la façon dont mes propos ont été diffusés et visionnés par des millions d’internautes pose quand même un vrai problème : si plus rien n’est privé, si tout doit être totalement transparent, le totalitarisme n’est pas loin et la liberté individuelle vraiment menacée. Et, au-delà d'une indignation que je crois sincère chez certains, il y a chez d'autres une exploitation politique qui a peu de choses à voir avec les bons sentiments évoqués.

    Patrick Devedjian
    http://www.blogdevedjian.com

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  6. de alex
    posté le 3 juil 2007

    « le totalitarisme n’est pas loin et la liberté individuelle vraiment menacée ».

    Internet Totalitaire… Pfff… Votre attaque sur la forme est RIDICULE
    http://notregeneration.com/alexblog/?p=48

      Répondre

  7. de Roman B., Criticus
    posté le 4 juil 2007

    Monsieur Devedjian,

    En réponse à ceux qui condamnaient votre appartenance passée à « Occident », j'ai écrit ce billet sur le blog Criticus pour remettre les choses à leur place.

    http://criticusleblog.blogspot.com/2007/07/chasse-aux-extrmes-deux-poids-deux.html

    Roman B., Criticus http://criticusleblog.blogspot.com/

      Répondre

  8. de Eric
    posté le 4 juil 2007

    Cher homonyme,
    pour info, lors de ma ballade quotidienne sur les blogs lyonnais, voici ce que j'ai trouvé sur le site de Jean Michel Daclin
    (http://www.jmdaclin.fr) :

    Incroyable machine!

    Alors même que j'allais vendredi me lancer dans une ode à Pattie Smith ne voila-t-il pas que je suis laché par la technique. Impossible même avec des sollicitations amicales mais fermes, de faire entendre raison à mon vieux PC.

    Serait- ce un complot dont je verrais bien éric R… de B… en grand ordonateur ou est ce une banale conséquence de la pluviosité ambiante???

    etc…

    N'est-ce là finalement la reconnaissance du travail sur ce blog ?

      Répondre

  9. de Erick Roux de Bézieux
    posté le 4 juil 2007

    Cher homonyme,
    merci de votre post. Hé non, ce n'est pas moi. Je plaide non coupable. D'autant que Jean-Michel Daclin est quelqu'un que j'apprécie beaucoup et que son blog est très bien fait…

    Mais vous me donnez des idées… lol !

      Répondre

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