Blog libre !

L’hebdomadaire Lyon Capitale inaugure dans la matinée de ce mercredi un nouveau site internet doté d’un blog libre dont la plume sera confiée à des blogueurs lyonnais. Un blog « polémique », selon les consignes du rédac chef ! Ils m’ont demandé de rédiger le premier post sur un thème imposé : « Trois qualités et trois défauts de Gérard Collomb ». Je me suis bien volontiers prêté au jeu… et à la polémique ! D’autant que Gérard Collomb, dans l’hebdo (mais c’est aussi en ligne ) pète littéralement un câble en menaçant ceux qui seraient tentés de rejoindre les listes de Dominique Perben : “Il m’est arrivé de rencontrer quelqu’un d’important – dont on disait qu’il pourrait s’engager sur une liste adverse – et de lui dire : “Si je gagne, je m’en souviendrais”. Finalement, il ne s’est pas engagé. Je suis à la fois extrêmement gentil… et déterminé.” Dans la même interview, il menace de sortir des dossiers contre Perben. Ou quand la politique se retrouve au niveau des égouts. Scandaleux !
Mon billet a pour titre « L »héritier impossible ». Un constat renforcé, si besoin était, par ces prises de position !

Voici, in-extenso, le post livré à Lyon Capitale que vous pourrez retrouver sur leur site .
L’héritier impossible

C’est devant mon clavier, au démarrage de ce papier, que j’apprends la mort de Raymond Barre dont j’ai été l’un des élus lyonnais. Mon premier mandat.
Je le revois, patelin et pourtant ferme sur ses bases, plaisanter avec Gérard Collomb et le traiter avec bienveillance et respect. Bienveillance et respect face à son premier opposant, mais aussi face à un maire d’arrondissement élu. Une attitude, presque une manière d’être, que je retrouve rarement chez son successeur, autoproclamé héritier, passé de la place du marché à la place de la comédie*. Mais nous aurons l’occasion d’y revenir dans ce premier post sur le thème imposé : « Trois points forts et trois points faibles de Gérard Collomb ».

Gérard Collomb s’est habilement placé ces dernières années sous la bienveillance de ses prédécesseurs. Dans la continuité. Achèvement de la Cité Internationale et du Palais des Congrès, inauguration de la plaine africaine, développement des quartiers et de pans entiers de villes, comme la ZAC du Bon Lait, poursuite du rayonnement international de Lyon, inauguration de parkings, développement économique… Pas de révolution sur ces thématiques. Là où l’opposant tempêtait, invectivait, critiquait, le maire poursuit, achève, inaugure. C’est de bonne guerre. Car après tout, une ville se construit sur des dizaines d’années. Et les bilans ne sont jamais tout noir ou… tout rose ! Et pourtant, sous ses faux airs d’héritier, il n’hésite pas à revendiquer la paternité en même temps que la filiation. Combien de fois a-t-il fallu lui rappeler que l’histoire n’a pas démarré en avril 2001. À moins qu’être l’héritier auto-proclamé l’arrange aujourd’hui. Plus centriste dans l’image que lui, tu meurs… Tactique, tactique. Le Modem n’a qu’à bien se tenir !
Sur mon blog, j’ai surnommé le maire « Fashion Collomb » tant il sait –et c’est une qualité- saisir les tendances et les retourner à son profit. Ce n’est pas le militant sarkoziste que je suis qui va le lui reprocher. Bien qu’il ait, en ce domaine comme dans d’autres, beaucoup à apprendre du Président. Tout comme lui, il sait manier le pragmatisme et fait fi de l’idéologie lorsque l’intérêt général est en jeu. Certains de ses adjoints sont parfois (ou souvent, c’est selon) beaucoup plus obtus, fermés aux autres, engoncés dans des idéologies du passé. On a l’entourage que l’on mérite dit la sagesse populaire. Collomb a aussi du mérite de les avoir supporté 6 ans !
Pendant de cette qualité, son goût immodéré pour la com. Au détriment parfois du fond. J’ai en mémoire cette campagne incitant les lyonnais à faire des bébés. Pari réussi, sauf que les listes d’attentes des demandes de places en crèche ne cessent de s’allonger. Et sans qu’aucune solution innovante, ou tout simplement différente, soit proposée. Ou encore cette distribution de crottes de chiens rouges destinées à nous faire prendre conscience de la propreté. Comme si nos chaussures ne s’en souvenaient pas régulièrement.
Et puis il y a des réalisations visibles et consensuelles, saluées unanimement, comme les Berges du Rhône, Vélov’, la politique en faveur des musiques actuelles, la politique de réseaux internationaux (Luci, Eurocités, villes gourmandes..)… Mon groupe municipal, dirigé par Charles Millon, les a d’autant plus soutenues dès le départ qu’elles figuraient dans notre programme électoral. De là à qualifier Collomb de « coucou », c’est exagéré. Il a bien compris, tout comme les entreprises, que le « benchmarking » était l’une des manières de gagner du temps. Voire de compenser un manque flagrant d’imagination.

On l’a vu, des pans entiers de la politique de Gérard Collomb fleurent bon la continuité, la tradition lyonnaise. C’est rassurant. D’ailleurs, dans un récent sondage, les lyonnais semblent lui en donner quitus. Mais Lyon a aujourd’hui besoin, dans de nombreux domaines, d’un coup de « boost », d’innovations, d’audace. Mais chez Collomb, rupture est un mot tabou. Presque un gros mot.
Or c’est justement, j’en suis intimement persuadé, sur la vision et le non-conformisme que les futures élections se gagneront… Pas d’idées taboues, pas de thématiques de l’ombre.

Innovation et audace sont deux adjectifs peu adaptés pour Gérard Collomb. On n’a qu’à voir sa frilosité face aux idées nouvelles, innovantes, comme l’allocation municipale de garde d’enfant pourtant étudiée très sérieusement à Paris, ou encore lors de sa gestion du dossier des Halles de Lyon avec une retraite en rase campagne. Sans parler de la propreté dont il refuse obstinément de confier la responsabilité au terrain, c’est-à-dire aux mairies d’arrondissement. Je pourrais aborder également son manque d’audace dans la gestion des résidences de personnes âgées, son absence d’esprit d’entreprendre dans la prise en main des dossiers de transport, dans le développement de notre vocation de plaque tournante européenne des flux économiques… Ou encore sa sempiternelle réponse aux différentes demandes d’actions : « on va faire des études ! » Ou comment enterrer l’innovation, l’audace et l’envie d’agir.
Un manque d’audace qui rejoint une absence quasi récurrente de vision. Or c’est la vision d’un homme ou d’une équipe qui construira le Lyon de 2020. Absence de vision dans la création de Lyon Confluence, cantonnée à un quartier là où il aurait fallu imaginer une ville, absence de vision dans le rôle international de Lyon, absence de vision dans notre positionnement par rapport à l’Afrique, absence de vision dans la recherche de l’attractivité des territoires, absence de vision encore dans la création de grands projets mobilisateurs… À tel point qu’aujourd’hui, rien, ou presque, n’est à l’étude à la ville et au Grand Lyon pour les prochains mandats. Comme si du futur, Collomb voulait faire table rase…
Un dernier point noir. Frappant pour quelqu’un qui fut un maire d’arrondissement écouté : sa volonté de tout centraliser et de tout contrôler.
Ainsi, aucune marge de manœuvre supplémentaire n’a été dégagée au profit des arrondissements. Témoin la difficulté qu’ont les maires d’arrondissement, toutes tendances confondues, à travailler de façon régulière avec le maire. Là où Raymond Barre les recevait régulièrement et où son premier adjoint, Christian Philip, travaillait avec eux chaque mois.
Un mépris qui se retrouve aussi face aux lyonnais. Il se fait élire au Sénat et sèche activement les séances. Par devant, il est sympa, amical, prêt au débat. Mais dans les faits, la démocratie participative, la concertation, chères à sa candidate Ségolène Royal, ont du plomb dans l’aile à Lyon. Mes enfants diraient que « c’est du flan ! »
Cette centralisation, ce refus du débat, cet irrespect face à des maires d’arrondissement élus, se doublent d’une ironie facile, voire d’un mépris à l’égard de son opposition. Posture ostensiblement affichée lors des conseils municipaux. Comme quoi, n’est pas l’héritier de Raymond Barre qui veut !

* Adresses de la mairie du 9è arrondissement et de l’Hôtel de ville.

Les Commentaires ( 11 )

  1. de Jean-Pierre
    posté le 28 août 2007

    Si Bayrou se présente à Lyon avec le soutien socialiste, c\'est avec la seule ambition de prendre l\'Elysée en 2012.
    Il continuera à vouloir règler ses comptes avec Nicolas Sarkosy.
    Ou sera le bénéfice pour les lyonnais?

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  2. de Erwan
    posté le 28 août 2007

    Collomb héritier de Barre ? Avec cette interview, Raymond Barre doit se retourner dans sa tombe ! Tu quoque filii ?
    C'est nul… Et ça se veut un esprit éclairé. C'est ça que l'on apprend au GO ? Frère indigne !

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  3. de Anonyme
    posté le 28 août 2007

    Vous exagérez, Perben prépare sûrement des coups en douce de la même manière. D'ailleurs, Collomb l'avait dénoncé il y a quelques jours. Je te tiens, tu me tiens…

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  4. de Marc Aurèle
    posté le 28 août 2007

    Gérard Collomb devrait méditer cette chanson de Charles Aznavour. A croire que le récent sondage de Lyon Mag lui a fait « péter les plomb » (comme vous le dites si bien) de plaisir.
    De la à avouer les pressions et les intimidations, le montage de dossiers noirs… Collomb héritier de Pasqua, je me marre !

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  5. de romain
    posté le 29 août 2007

    sur les résidences de personnes agées tu es partisan:je me rappelle de l'état déplorable de certaines chez moi dans le 7e en 2001, ça fendait le coeur…Il y a eu du boulot de fait

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  6. de Erick Roux de Bézieux
    posté le 29 août 2007

    Bravo Romain… Je n'en attendais pas moins de toi même si la défense est encore timide. Malheureusement, sur la problématique des personnes âgées, Gérard Collomb a fait preuve d'une frilosité exagérée pour trancher dans le dossier des résidences de type J (plus de 4 étages). A force de tergiverser (et de ne pas écouter nos conclusions étayées par des juristes) sur l'interprétation de la loi, on a perdu 4 ans, déplacé des personnes âgées inutilement, fait peur… Frilosité, tiens j'ai oublié d'employer ce mot dans mon post !

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  7. de Xavier MARTI
    posté le 29 août 2007

    Gégé I ier est à l'image du PS :

    Donneur de leçons tjrs,se l'appliquer à soi meme jamais !

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  8. de admin
    posté le 29 août 2007

    Et bien d'autres dossiers végètent en Mairie là où l'on pourrait faire encore plus rayonner noitre ville :
    - le Sport : quelle politique (à part vis à vis de l'OL où là le maire est toujours en tribune VIP…)
    - le tourisme : quel développement pour notre ville à part se féliciter du nombre croissant de touristes (il n'y a que la mairie qui les voit)

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  9. de romain
    posté le 29 août 2007

    « gégé Ier est à l'image du PS :
    Donneur de leçons tjrs, se l'appliquer à soi même jamais ! »
    Ce genre de remarque ne fait guère avancer le débat

    Pour en revenir aux personnes âgées, je ne suis pas un spécialiste de la question mais avec mes petits yeux je vois qu'elles sont aujourd'hui, au moins pour ce que je connais, en meilleur était qu'au début du mandat.c'est pour moi l'essentiel.

    Quand aux idées novatrices, ce n'estp as parce qu'il est en déssacord avec certaines idées défendues par ton groupe que ce n'est pas un maire innovant, pour prendre un exemple sur le secteur que tu évoques, avec la création d'une créche experimentale de nuit.

    Au niveau tourisme et international, c'est Only Lyon, c'est un partenariat avec Canton, c'est un travail avec des villes israeliennes, la coopération décentralisée avec des villes d'afrique francophone, le forum des associtions internationales de solidarité, le fond des villes contre la pauvreté, la présidence des eurocités…

    romainblachier.typepad.fr

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  10. de Nico
    posté le 31 août 2007

    alors qui incarne cette vision ?
    Perben, j'en doute fort.
    Millon, quelle audace
    Chabert, peut être mais il est à Villeubanne.
    Eclairez-nous, cher Erik.

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  11. de Phil Salmon
    posté le 1 sept 2007

    Tu as raison Erick, d’affubler le Maire de Lyon de ce qualificatif mais pour, pour moi, il ne suffit pas à le définir, pour moi il est plutôt Wonder Collomb, je m’explique :

    Les hommes politiques, en général, voudraient qu’on les prenne pour des Hommes d’Etat. C’est une belle ambition mais bien peu sont dignes de cette distinction. Alors ils recherchent tout ce qui peut braquer les feux des projecteurs sur eux… Ils se servent de tout ce qui peut faire briller le toc de leur parure ; ils n’hésitent pas à s’approprier ce qu’ont fait ceux qui les ont précédés dans une fonction. Rien de plus facile, la durée des mandats permettant rarement de voir aboutir les projets que l’on lance. Alors les rapaces sont lancés, ils piquent sur tout ce qui leur permettra de briller.

    Gérard Collomb excelle dans cet exercice : se servir. L’Homme d’Etat, lui, sert. Il sert ses électeurs, il sert son pays, il sert son territoire, Son intérêt personnel passe toujours après l’intérêt général, il défend le Bien Commun.

    Alors quand on n’a pas l’envergure de ses ambitions, il faut habiller la réalité et se servir des autres, de l’Autre. Mais il ne faut surtout pas servir pour ne pas tomber dans le piège du slogan du grand fabricant de piles : s’user.

    Wonder Collomb ne s’use que s’il sert.

    Phil Salmon

      Répondre

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