Je la suis jusqu’au studio de BFM. Edwige Chevrillon démarre son interview par la question traditionnelle : « Pourquoi ce thème, jouer le jeu. » Très à son aise (depuis le temps qu’on la lui pose), Madame la Présidente souhaite qu’enfin, la France joue le jeu de l’économie, « ce qu’elle n’a pas fait ces dernières décennies. » Pour elle, « jouer le jeu, c’est accepter le dialogue avec ses partenaires, c’est écouter, c’est partager, c’est comprendre… » Tout en soulignant l’importance de la visite de Nicolas Sarkozy demain après-midi –la première d’un Président de la République- à cette Université d’été. « C’est un excellent signe que le chef de l’Etat souhaite s’engager devant un parterre de dirigeants de TPE, de PME… Qu’il souhaite créer un lien avec eux. »
Pour Laurence Parisot, la France souffre du tiercé perdant. « De 2000 à 2007, la consommation des ménages a progressé de 20%, les importations de 40% et la production française de 8%. Nous devons donc remettre la production au centre de la réflexion économique et politique. » Un bien beau programme pour l’équipe de Sarko !
Mon cops de campagne, Thomas Mimra , vient de nous rejoindre. Nous sommes déjà 9 blogueurs à nous exciter sur nos claviers. Live. Un nouveau voisin, Paul Ohana , qui partage ses bureaux entre Paris et New York, s’installe. Son slogan « siffler le hors-jeu ! »
Et c’est bien là où le bât blesse. Car derrière l’enthousiasme et notre amour conjoints de l’Afrique, les règles du jeu « ne sont pas les mêmes pour tout le monde. » L’Afrique est aujourd’hui le seul continent qui n’avance pas, où la pauvreté ne recule pas, où « une personne sur deux n’a pas accès à l’eau potable, où les échanges mondiaux tout comme les investissements pèsent moins de 2% du volume mondial. Une Afrique où 250 000 femmes meurent chaque année de la guerre des femmes, l’accouchement. Un pays où 40 millions d’enfants ne partent pas le matin à l’école. Un pays où un enfant sur cinq meurt avant d’avoir un an. Une Afrique où, sans exception, le prix de vente de ses matières premières a baissé de 40 à 70% ces dernières années. »
Et la question cruciale est posée : « face à un terrain inéquitable, sommes-nous en train de jouer à un jeu où chacun sera gagnant ? »
Lueur d’espoir, Alpha Omar Konaré estime que « la situation de l’Afrique n’est pas une fatalité. » Si elle n’a pas su (ou pu) se préparer au marché, elle peut évoluer, notamment par la réforme, l’arrivée de l’Etat de droit, de règles de bonne gouvernance. « Sachant que nous ne réclamons pas l’aumône mais la justice et des règles du jeu. » Et le respect par les occidentaux des promesses toujours non tenues quant au solde des dettes ou à l’accompagnement de la transformation des matières premières sur place, créant ainsi de la richesse et de l’emploi.
Son discours me rappelle celui de Charles Millon qui vient de terminer son mandat d’Ambassadeur de France à la FAO. Il travaille aujourd’hui la création d’un fonds d’investissement à l’échelle du continent africain. Avec succès puisque 250 millions d’euros ont déjà été collectés. Les investissements allant à la personne et aux projets entrepreneuriaux.
De toute façon, « vous n’avez pas le choix, a lancé en conclusion Alpha Omar Konaré. L’Europe pourra-t-elle vivre dans 30 ans avec un millions de pauvres à 20 kilomètres de ses côtes. Moins que la distance qui sépare cette Université d’été du stade de France ! »
Le « métier » de blogueur n’est pas facile. Dès le démarrage des applaudissements, il faut rédiger son papier, le publier sur le site de l’Université d’été puis… changer de sujet, écouter, noter et en démarrer un autre.
VGE n’est pas venu, retenu à la messe d’enterrement de Raymond Barre, l’autre actu du jour. Un Raymond Barre qui connaissait bien la Chine et observait, avec l’acuité qu’on lui connaissait, le développement de ce pays continent.
Pour Françoise Lemoine, économiste senior au CEPII, « c’est l’un des pays le plus ouvert aux investissements étrangers, tout en jouant le jeu de la globalisation dont il est l’un des gagnants. » Pour elle, le miracle chinois s’explique par la « combinaison des capitaux étrangers et d’une main d’œuvre locale peu chère. » Avec les effets collatéraux sociaux et environnementaux que l’on connaît. Sans parler des limites de l’économie chinoise où compétitivité entre souvent en conflit avec les exigences de qualité. Sans parler d’une économie tirée par les exportations, avec une consommation intérieure en baisse depuis quatre ans, témoin d’un appauvrissement général de la population.
Yann Lang est chinoise. Elle représente à Pékin le cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel. Elle est au cœur de la « jungle administrative chinoise » selon la formule de l’animateur.
« En 25 ans, la Chine a appris à jouer le jeu et l’entrée de la Chine dans l’OMC a marqué une étape importante, avec son lot de réformes juridiques afin d’être en conformité avec les règles du jeu. Après 5 ans de transition, la Chine a tenu ses engagements selon un rapport récent de l’Union Européenne. Même si la transition n’est pas terminée, notamment dans les domaines de la transparence réglementaire et de la propriété industrielle. (…) La Chine veut jouer le jeu et son entrée dans le jeu est également un challenge pour les autres joueurs, voire pour les règles du jeu elles-mêmes ! »
PDG de Thomson, Franck Dangeard démarre son intervention par un clin d’œil : la pacification de ses relations avec son partenaire chinois ! Comprenne qui pourra…
Thomson est l’un des leaders mondiaux en matière de licences et de brevets. Pour Franck Dangeard, « les chinois ont la volonté de développer leurs propres standards technologiques. » Pour lui, la Chine est tout sauf un pays arriéré. « Un pays qui exporte ses premiers standards technologiques, qui sont en concurrence frontale avec les nôtres. Ne soyons pas naïfs, il y aura dans les prochaines années de grandes batailles technologiques. En attendant, ils sont bien obligés de composer avec les standards européens, américains ou japonais. »
DMC est spécialisée dans le fil, la broderie, les tissus, avec une partie de sa production délocalisée en Chine « pas par plaisir, mais par contrainte, pour survivre dans une économie très concurrencée », note son Président du directoire Jacques Boubal. DMC a pris une participation de 50% dans un groupe textile chinois qui est lui-même monté à 17% du capital de DMC. « Nous avons beaucoup appris de nos collègues chinois, qui ont d’excellents ingénieurs et qui savent faire des produits de qualité. Mais il faut savoir que travailler avec des chinois n’est pas simple et les conflits d’intérêts sont nombreux. »
Comme d’autres, DMC a connu des contentieux importants avec ses partenaires. « Les chinois ont une capacité d’apprentissage importante, mais avec leurs méthodes et une fierté légitime qu’il faut respecter. Par exemple, la propriété intellectuelle est du ressort de l’immatériel, donc du difficilement compréhensible pour eux. Lorsqu’il y a un désaccord, il faut le faire juger dans un pays tiers », afin que personne ne perde la face.
DMC qui vend aussi en Chine avec plus de 500 points de vente à l’enseigne de la marque. Un développement qui s’est appuyé sur des équipes locales.
Intervention attendue, celle de Jean-Claude Mailly, le patron de Force Ouvrière. Au même moment, son homologue de la CFDT, François Chérèque, intervenait dans un autre atelier sur « les gestes fairs et unfair ».
Pour lui, « on parle souvent du miracle économique chinois, expression qu’il faut pondérer car il y a une face cachée, notamment sociale, à cette économie qui pèse seulement 4% du commerce mondial. La Chine applique les règles du marché avec une main de fer où la liberté, notamment d’association, n’est pas reconnue. » Comme quoi, poursuit-il avec humour « capitalisme n’est pas forcément synonyme de liberté ! J’ai ici une liste d’ouvriers qui sont emprisonnés pour avoir osé créer un syndicat. Le problème se pose aussi pour les journalistes. »
En Chine, il n’y a qu’un syndicat de salariés, officiel, avec interdiction de créer une organisation concurrente. « Idem pour les organisations patronales ! La notion de négociation collective n’existe pas. Le droit de grève aussi qui a été retiré de la constitution en 1982… » D’ailleurs, personne, depuis son entrée dans l’OMC en 2001, n’a osé « demander à la Chine de respecter les normes sociales internationales. »
Face à ces privations de liberté, Jean-Claude Mailly pointe des disparités sociales de plus en plus fortes, autre paradoxe de la croissance chinoise.
Aux manettes Christine Ockrent. Un thème fort : « L’éthique, le dialogue et la guerre » et des interventions flash, chrono oblige ! Quitte à regretter que l’on ne puisse pas en savoir plus….
Le Général Georgelin est le chef d’Etat Major des Armées. « Pour les géopoliticiens, les menaces sont le terrorisme et la prolifération nucléaire. Mais la mondialisation met en exergue aussi les ressources naturelles, concentrées sur des territoires, l’émergence de nouvelles grandes puissances (les BIC, Brésil, Inde et Chine) et des équilibres nouveaux entre les pays. »
La parole est donnée à Renaud Muselier, député et ancien secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, qui souligne que la France a « l’un des réseaux diplomatiques les plus dense du monde. »
Pour lui, « le droit international est bâti sur une forme d’éthique. Ethique qui se retrouve dans nos positions internationales, comme ce fut le cas au moment de la guerre en Irak. »
Olivier Roy, directeur de recherche au CNRS, est l’un des meilleurs spécialistes des conflits. Il travaille notamment sur les mouvements fondamentalistes. Il estime que les risques, les menaces viennent de mouvements nouveaux qui « ne sont plus territoriaux, plus étatiques quant à leurs soutiens logistiques. Ben Laden a créé un mouvement terroriste international sur la base de la franchise commerciale. On est donc loin des mouvements traditionnels. Comment lutter contre eux avec efficacité alors qu’ils sont nulle part et partout à la fois ? Autre écueil : appréhender ces mouvements avec notre grille de lecture classique. Monsieur Gül en Turquie et Ben Laden sont tous les deux qualifiés d’islamistes ! Il faut donc sortir de nos clichés traditionnels. »
Le DG de Total, Christophe de Margerie, est un connaisseur de ces zones géographiques à la visibilité politique peu lisible… « La notion de risque est toujours présente, d’autant que nous investissons sur le long terme dans 130 pays. Nous passerons donc obligatoirement par des périodes difficiles. Il faut donc s’expliquer, dialoguer et convaincre des deux côtés de la chaîne, côté producteur et côté consommateur. (…) Il va falloir que les chefs d’entreprises acceptent de changer l’acceptabilité. Car si on n’est pas accepté, on ne pourra pas travailler. C’est ça jouer le jeu. On ira au Soudan, on retournera en Irak, au Vénézuéla…A nous de démontrer que notre présence sert à tout le monde, politiques compris ! »
PDG de Gaz de France, Jean-François Cirelli, démarre avec humour en donnant le numéro vert de Gaz de France. Au cas où…
« L’énergie a toujours connu des périodes violentes, de tension. En 1998, le pétrole valait 9 dollars le baril. Près de 70 aujourd’hui ! Chaque 30 ans, la consommation augmente de 50%. Et pour quelles conséquences, notamment environnementales ? Notre dépendance s’accroît, avec des zones de production peu stables et limitées. Avec des réserves qui sont aujourd’hui entre les mains des Etats producteurs. »
L’énergie est donc une arme. L’Iran, le Venezuela, la Russie… l’ont bien compris. Et l’indépendance énergétique est difficile à atteindre : « Pour le gaz, nous sommes à environ 30-40% de dépendance en Europe. Nous serons à 70% de dépendance dans 30 ans ! » Le dialogue avec les pays (OMC, producteurs/consommateurs…) est donc « primordial ». Toujours cette accessibilité dont parlait le DG de Total.
Le dîner Bodega va démarrer. Open bar dans la foulée… Je vous laisse, chers lecteurs. La soirée sera off. Il faut bien jouer le jeu !
Merci Erick de nous faire partager en live ces instants….
J'attends avec impatience les tables rondes de l'après-midi….
Un grand bonjour à Vincent et à Thomas.
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Dans le livre de Yasmina REZA,on s'appercoit que ce monsieur est grossier,ce ne serait qu'un moindre mal,si il n'avait pas également des idées pour le moins curieuses dévoilant sa vrai nature.rien de moins que « si je suis élu,je voudrais supprimer le front national,le LIONS Club et le ROTARY »Bien mais avec de tels propos,il ne va pas se faire des amis dans le milieu des ONG,sachant que ces deux organismes sont les 2 plus importants au monde.Pour conclure,c'est vraiment du n'importe quoi
Cordialement
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Erick,bien sur l'info a déja été diffusée dans tous les Clubs LIONS et ROTARY de FRANCE.Le PROGRES de Lundi nous ayant bien aidé.
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jouer et gagner
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