Où là, diable, comme il y va, ce courageux résistant de la plume… Je lui conseille de relire le dictionnaire de l’Académie Française à la lettre N. N comme nationalisme ou N comme nation. Il verra qu’il y a loin de la définition à la pensée sous-jacente qui déborde de son commentaire.
C’est vrai, comme le fait remarquer Versac sur son blog , que cette lettre, sortie des livres d’histoire par Henri Guaino, la plume du Président, souffre d’un rabachage permanent. Je passe sous silence la c… de Bernard Laporte de la lire au XV de France. J’ai moi même hésité à la lire à mes collaborateurs ce matin (mais non je blague, quoique !).
Mais si l’on y regarde de plus près, cette polémique est loin d’être innocente. Koz sur son blog met le doigt là ou ça fait mal : « Sans disposer d’autres outils de veille que ma propre mémoire, il me semble que, exception faite du jour de la cérémonie au bois de Boulogne et de cette discutable lecture en début de Coupe du Monde, on n’a guère entendu que les centristes, socialistes, communistes, et leurs relais médiatiques, revenir en boucle sur cette lettre. Passons sur le fait que ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui a lu cette lettre, ce n’est pas très important. Mais vous-mêmes, l’avez-vous entendu tant lire cette lettre, si ce n’est pour évoquer “la polémique” ? Bref, à l’exception de l’opposition, qui donc a ainsi ressassé cette lecture ? »
Pour tout vous avouer, la première fois où j’ai entendu la lettre de Guy Môquet, c’était au meeting d’investiture de Nicolas Sarkozy. Je puis vous dire que dans l’ambiance électrique de cette réunion, les mots de cet adolescent ont résonné non comme une vision morbide de l’histoire mais comme une promesse. Car n’en déplaise aux bonnes consciences, je crois que la France, et les Français, ont besoin de héros, de personnalités engagées, d’Histoire et d’histoires dans lesquelles ils peuvent à la fois de trouver et se retrouver.
Certains parleront de culte du passé, de culte dépassé. A ceux-ci, je dirai que le peu qu’ils savent d’eux même, et d’où ils viennent, est souvent lié à une histoire. Celle d’un parent ou d’un grand-parent, parfois présent par un nom gravé sur un monument aux morts. Mon grand-père, déclaré mort pour la France alors qu’il était en résistance, me racontait souvent ses combats contre « les boches ». Pour après me parler du monde à reconstruire. De l’après. parce que le passé sert aussi de point de départ… C’était le message de sa vie. Il a démarré la mienne.
« Le 22 octobre 2007, le président de la République commémorera le souvenir de Guy Môquet, cet élève résistant du lycée Carnot arrêté à 16 ans en octobre 1940, puis fusillé le 22 octobre 1941 après avoir adressé, la veille de sa mort, une lettre poignante à sa mère. Cet épisode n’est malheureusement pas le seul moment tragique de cette période sombre, mais il fait partie des temps forts de l’histoire de notre pays et, à ce titre, mérite de servir d’exemple à la jeune génération.
La commémoration de la mort de Guy Môquet, de ses 26 compagnons d’infortune et de tous les autres fusillés est en effet l’occasion de rappeler aux élèves des lycées l’engagement des jeunes gens et jeunes filles de toutes régions et de tous milieux qui firent le choix de la résistance, souvent au prix de leur vie. Tous méritent que l’on se souvienne : ainsi Gilbert Dru, cet étudiant de lettres engagé très jeune dans le combat contre l’occupant nazi assassiné le 27 juillet 1944 par la Gestapo ; ou encore Jacques Baudry, Jean-Marie Arthus, Pierre Benoît, Pierre Grelot et Lucien Legros, élèves de première au lycée Buffon à Paris, qui furent fusillés par les Allemands le 8 février 1943 pour faits de résistance accomplis depuis l’âge de 15 ans.
Tous ces jeunes Français d’alors, passionnément attachés à la liberté au point de sacrifier leur propre vie pour défendre celle des autres, constituent un formidable exemple pour les jeunes d’aujourd’hui. Leur mémoire évoque les valeurs de liberté d’égalité et de fraternité qui font la force et la grandeur de notre pays et qui appellent le sens du devoir, le dévouement et le don de soi. » (…) « Le programme se poursuivra par une réflexion collective menée dans le cadre de la classe. On exploitera notamment les thèmes liés à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans les programmes d’enseignement notamment d’histoire, de lettres, de philosophie. Ce sera également l’occasion de mobiliser les équipes éducatives sur l’édition 2008 du Concours national de la Résistance et de la déportation : “L’aide aux personnes persécutées et pourchassées en France pendant la seconde guerre mondiale : une forme de résistance. »
Suit, en pièce jointe, un fichier pdf à télécharger contenant la lettre de Guy Môquet à sa mère, celle d’Henri Bajtsztok à son professeur, celle d’Henri Fertet à ses parents, celle de Guido Brancadoro à sa famille, celle de Robert Peletier à son fils… Car ils sont nombreux à avoir jetés sur un papier quelques phrases d’amour avant d’être fusillés. Pour la France.
Témoignages poignants. Je me mets un instant à leur place. Qu’aurais-je écrit ? Aurais-je seulement eu ce courage ? Puis je pense à leurs parents. Dernier témoignage d’un fils dont la vie a seulement démarré. Un pardon aussi, dans cette lettre de Guy Brancadoro à sa famille. Il avait 21 ans. « Ce sont les Français qui me livrent, mais je crie : “Vive la France”, les Allemands qui m’exécutent, et je crie : “Vive le peuple allemand et l’Allemagne de demain”.
Ah si. Guy Môquet était communiste. Et alors ? Ce n’est pas parce que le PCF a durant des années cherché à cacher son attitude équivoque derrière le terme de « parti des fusillés » qu’un Président de droite ne pourrait pas honorer un jeune mort pour la France. Comme le faisait fort bien remarquer Maurice Druon qui lui, contrairement à tous les autres commentateurs (moi compris) a vécu la résistance : « Reportons-nous à l’époque : ce qui était important, c’était de résister. Ce n’était pas de savoir si l’on était communiste ou gaulliste. Il n’est pas inutile de rappeler, de temps en temps, à de très jeunes gens qui l’ont sans doute oublié ou qui ne l’ont jamais su que s’ils vivent aujourd’hui en République, c’est grâce à des garçons comme Guy Môquet. »
Fermez le banc !
Eh bien, on peut dire que tu t'es lâché ! En plein dans le plexus…
Pendant ce temps, les enseignants annoncent un mouvement de grève. Sûrement pour se remettre de cette journée où il a fallu apprendre à lire !
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Bravo Monsieur pour ce texte ma foi bien envoyé.
Je garde en mémoire l'intevie de Maurice Druon dans Le Figaro de ce matin…
Le Figaro :: Comprenez-vous que certains enseignants s'opposent à la lecture de cette lettre ?
Que veulent-ils exprimer en faisant cela ? C'est une lettre d'un garçon d'à peine dix-sept ans qui va mourir pour son pays. Il n'a d'ailleurs pas été le seul. On m'a récemment envoyé une lettre magnifique écrite pendant la guerre par un jeune homme sur le point d'être fusillé. Pourquoi s'y opposer ? Parce qu'il ne faut pas dire que nous avons été occupés de manière infâme ? Il ne faut pas dire qu'il y avait des résistants qui ont combattu cela ? Ou alors, est-ce contre le gouvernement ? Mais les professeurs sont des employés de l'État et ils doivent faire ce que le gouvernement leur demande.
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Le corps enseignants, ou du moins ceux qui s'en prétendent les représentants, ont freiné des quatre fers devant le souhait exprimé par le gouvernement : lire aux jeunes la lettre d'un des leurs, morts pour eux voici 66 ans. Pis, certains ont prétendu vouloir « résister »… Diantre. De quoi s'interroger : à qui peut-on reprocher d'instrumentaliser cet épisode mémoriel ? Un président soucieux, peut-être de façon parfois maladroite ou intempestive, de rassembler ses concitoyens derrière une figure historique, soucieux de leur faire partager des valeurs telles que le courage, le don de soi, l'amour de la liberté, ou un quarteron d'institutionnels du syndicalisme politique, toujours prompts à se saisir de la moindre opportunité pour rappeler au pouvoir ce que s'opposer pour s'opposer signifie ?
Il me semble évident qu'une dose de stratégie politique participe de la mise en avant de la lettre de Guy Môquet. Est-ce une raison valable pour ne pas « jouer le jeu », dire « chiche » à celui qui ose franchir les lignes ? Le rendez-vous est manqué. Encore une fois. A trop vouloir considérer le verre à moitié vide, on en arrive à se noyer… dans un océan de médiocrité.
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bla bla
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