Une plaque en laiton clouée sur un bout de bois. Une inscription : X 648-06. C’est tout. Ou plutôt si, au pied du bout de bois, un monticule de terre et un pied de lavande. Et sous le pied de lavande, X.
Nous étions une trentaine, en début d’après-midi, au cimetière nouveau de la Guillotière. Une trentaine pour une première : se recueillir devant des tombes, petits monticules de terre caillouteuse, dans ce que l’on appelait autrefois la fosse commune, ou le carré des indigents.
Le collectif des « Morts sans toi (t) » nous avait convié à partager leur engagement aux côtés de ceux qui meurent dans la solitude. Et qui rejoignent leur dernière demeure seuls.
Depuis 5 ans, ce groupe de bénévoles est simplement là, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, pour accompagner ces personnes le jour où elles sont mises en terre
Les témoignages se succèdent, terribles. Bien entendu, il y a ces femmes et ces hommes que l’on croise au détour d’un porche et que le froid, la maladie ou l’épuisement viennent cueillir. Et puis il y a les autres, et notamment ces personnes âgées sans famille. Ou que leur famille ne (re)connaît plus. Beaucoup plus nombreuses qu’on ne le pense. Témoignages qui jettent un regard sans complaisance sur notre monde. Addition de solitudes, addition d’égoïsmes, addition de désamour des hommes.
Je regarde ces bénévoles. Il émane d’eux une véritable bonté. Celle qui implique le geste gratuit. Le don d’un peu de temps et d’une pensée. Ils sont la fierté de la politique. La vraie, celle qui donne. Et qui accompagne.
Bien entendu, des paroles sont dites au moment où la terre vient clore une vie. A deux ou trois accompagnants, dans ce carré dit aujourd’hui général, on lit des strophes de poèmes : « Nous n’avons jamais connu ton visage. Nous ne savons pas ce que tu pensais sur plein de choses essentielles. As-tu été aimé, embrassé, cajolé par une mère ? As-tu connu la confiance et la solide affection d’un père ? Est-ce que tu sais qu’une étreinte amoureuse est un instant d’éternité (…) Aujourd’hui, nous sommes là pour te dire adieu. C’est tout ce qu’il reste. (…) C’est un tout dernier mot d’adieu, gravé dans le temps silencieux. »
Un tout dernier mot d’adieu, gravé dans le temps silencieux, c’est ce que nous avons fait en marchand au bord de ces tombes où X côtoyait Simone, Louis ou Abdelkader. Pendant ce temps silencieux, j’ai lu dans ma tête ces prénoms et ces noms qui défilaient sous mes yeux. Histoire, dans un silence, de raviver la flamme d’une existence.
Vous souhaitez rejoindre le collectif « Morts sans toi(t) » et donner un peu de votre temps et de votre humanité : www.respect-des-droits.org
le plus importanr dans « morts sans toi(t), c'est non pas » toit » mais toi
Parce que toi ,c'est moi , c'est nous .
Et de là vient la douleur quand toi , moi , nous ,oublions les autres , leur envie de communiquer, leur envie de partager, leur envie d'aimer, leur envie de vivre.
On parle de solidarité, et elle existe souvent , mais voyons -nous ou entendons -nous ceux que l'on ne veux pas voir ou ceux que l'on entends pas , ceux qui ne font pas ou plus de bruit ?….
merci Eric pour ton papier , cela secoue
A nous de vouloir maintenant…
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Que dire de plus ?
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Merci Erick de nous avoir permis de connaître ce collectif. Votre papier nous fait froid dans le dos.
Par ces papiers réguliers sur votre bllog, vous nous montrez que les politiques savent avoir du coeur et ne sont pas des êtres froids.
Vous nous donnez une autre image de la Politique.
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Toi ou toit, qu'importe …ici c'est le coeur qui écrit son émotion, son désarroi et qui s'étonne : comment peut-on demeurer aveugle devant toutes ces Vies silencieuses ?
Merci à Toi Erick de nous rappeler notre insouciance, à nous de passer aux actes.
Ch
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