23 heures, top départ. Je suis place Elmaleh, dans le Carré 6 Brotteaux. Je dois remonter la rue Cuvier, tourner rue Ney puis prendre la rue de Sèze. Avant de revenir à mon point de départ. Accroché à mon col, un magnéto enregistre mes impressions forcément… lumineuses. C’était la nuit dernière. J’étais un cobaye consentant.
L’expérimentation est la meilleure des choses. Et qui dit expérimentation dit cobayes. 200 personnes, piétons et automobilistes, se promènent nuitamment dans les rues du 6è arrondissement jusqu’au 15 mai pour évaluer leur confort visuel sous différents types éclairages (visibilité, l’ambiance lumineuse, la couleur et son rendu). Ces tests, effectués dans le cadre du second plan lumière de la ville de Lyon, ont pour objectif de diminuer la consommation d’énergie de l’éclairage public. Piloté par des étudiants de l’INSA, la mission Evalum 3 (c’est son nom) rendra ses conclusions le 8 décembre prochain, lors des Rencontres Internationales de la Lumière.
Au delà de cette expérimentation, je profite de ce papier pour aborder une thématique de l’ombre : Lyon et la lumière.
C’est une véritable histoire d’amour qui prend ses racines le 8 décembre. C’était en 1978, un précurseur, Alain Guillhot décidait d’éclairer un immeuble de la rue Emile Zola avant de récidiver cours Franklin Roosevelt et de convaincre le maire de l’époque, Francisque Collomb, d’illuminer intelligemment les monuments. Dix ans plus tard, Michel Noir lançait le premier plan lumière de Lyon…
Depuis, la lumière est partie intégrante du projet urbain lyonnais. La création du plan Lumière a permis à Lyon de devenir une vitrine des savoir-faire, tournée autour de la mise en valeur du patrimoine architectural, de la scénographie urbaine (une ville plus belle, plus agréable et plus sûre), puis de l’utilisation de nouvelles technologies respectueuses de l’environnement.
Durant des années, une part non négligeable notre rayonnement international s’est appuyé sur des mises en lumières pérennes de bâtiments emblématiques de grandes métropoles du monde, grâce notamment à l’action d’EDF et de Sonepar, leader mondial de la distribution de matériel électrique (les tours Petronas à Kuala Lumpur ci-contre). Le réseau LUCI, prolongement naturel de ces actions, est à mettre à l’actif du maire de Lyon et de son adjoint au Relations Internationale.
Mais si Lyon reste précurseur, elle sera dépassée par meilleur qu’elle, notamment en Asie. Il est donc urgent d’aller de l’avant… Comme le rappelait Tony Blair l’autre jour à Paris, « Dans un monde qui change, malheur à celui qui stagne ! »
J’ai eu l’occasion de travailler avec Marc Fontoynont, chercheur à l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat et vice-président de la Commission internationale de la lumière basée à Vienne (il a piloté la première phase d’Evalum 3 sur la sélection des matériels à utiliser). Il porte un projet qui me semble porteur pour notre agglomération : la création d’un pôle de compétence original « basé sur l’expérimentation et l’applicatif, notamment dans le domaine des semi-conducteurs. » Il s’agit en effet, ni plus ni moins, de proposer au monde que Lyon devienne un vaste territoire d’expérimentation des différents usages de la lumière et des nouvelles technologies : éclairage urbain, éclairage de bureaux, de locaux d’enseignement, architecture lumière… Bref, Lyon confluence de la Lumière !
De nombreuses ressources englobant la totalité de la filière sont d’ores et déjà mobilisées sur ce projet (recherche et développement, PME, industriels…), au premier rang desquelles le CEA-LETI Minatec de Grenoble qui a accepté de s’investi fortement.
Or, lors des municipales, pas une ligne dans le programme de Gérard Collomb. Et pourtant, il s’agit d’un projet innovant et qui fédère, qui replace l’homme dans la ville. En effet, la lumière est un des éléments constitutifs de la santé, du bien-être, mais aussi de l’ambiance urbaine, de la mise en valeur du patrimoine, et d’un développement durable assumé. Bref de la vie dans la ville ! Gérard Collomb souhaite privilégier la place de l’homme dans la ville lors de son nouveau mandat. L’histoire dira si, sur ce plan, il décidera d’actionner l’interrupteur sur « on ».
Vous souhaitez participer aux tests ? Prenez contact au plus vite avec Laura Blaskovic laura.blaskovic@insa-lyon.fr
Sympa comme idée. Je vais m’inscrire de ce pas, en amateur éclairé !
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Juste pour préciser que l’expérimentation n’est pas tout à fait « pilotée par des étudiants de l’INSA », mais par le laboratoire Environnements et Dispositifs Urbains (EDU) de l’INSA, membre de l’Unité Mixte de Recherche « Environnement, Ville, Société » du CNRS, et par le Laboratoire des Sciences de l’Habitat (LASH) de l’ENTPE. Ca n’enlève rien aux mérites des étudiants qui participent à l’opération dans le cadre de leur projet de fin d’études (avec rigueur et bonne humeur, comme vous avez remarqué)
Merci pour votre article et votre participation, et à votre disposition pour tout… éclairage (hmm)
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Cher ERdB,
Alain Guilhot ne s’est pas, loin s’en faut, contenu à la seule mise en lumière de notre belle ville de Lyon et il a porté loin et haut son talent lumineux.
Pour autant, gageons que précurseur en la matière, notre cité ne manquera pas le rendez-vous d’une utilisation de la lumière mieux optimisée tant en confort visuel qu’en matière environnementale. Le programme de Gérard Collomb était dense (nous l’avons lu tous deux ) , pour autant il pourra souffrir ce genre d’ajoûts dans les six ans à venir.
Merci pour l’apéro de lundi, ce fut un vrai moment de dialogue plaisant.
@+
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La lumière se propage en ligne droite, sa course est stoppée par tout obstacle.
C’est compté sans les réflexions, les transparences…. et les fêlures (Rappel de la phrase d’Audiard, heureux les fêlés car il laissent passer la lumière…)
De nouvelles technologies laissent aussi imaginer bien des rêveries, mais depuis quelques années, à Lyon, des spots éclairés nous ressassent des projections de diapositives sur les murs et quelques installations qui rivalisent tout juste en puissance avec la vogue et en qualité avec une boite de nuit branchée au son de musiques assourdissantes. (quand pour écouter la lumière, il suffit de la puissance d’un coton-tige – deux ouates)
Certes les records d’affluences et la densité de population témoignent d’un incontestable talent, celui dont on mesure l’ampleur à la difficulté d’accéder au centre ville… Est-ce cela la lumière ?
Je repense à Méliès qui accueillait,dans les dernières années du XIXème à Paris, Antoine Lumière avec un joyeux « Fiat Lux »…
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Avant Albert E. la lumière se propageait en ligne droite, mais c’est terminé cher Jérôme
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