Un jour, c’était la nuit, Erick, dans un de ses élans de générosité qui le perdront, m’a proposé d’écrire sur son blog. Maintenant, il doit assumer… sinon je dis à tout le monde qu’il a un tout petit… !
« Longtemps, je me suis levé de bonne heure » et habitant 101 cours Charlemagne (bien avant que l’adresse ne devienne le palais du gouverneur de la Région), il existait une joyeuse équipe de clochards qui venaient glaner de quoi festoyer léger au Marché Gare. Quand je dis joyeux, c’est parce qu’on y riait quand même, malgré une misère qu’heureusement l’on ne rencontre plus guère. Mais on était clochard comme on est d’un pays. « Chemineau* » disait ma grand-mère avec un certain respect, réservant le vocable clochard à ceux qui ne se lavaient qu’en se grattant. En donnant un coup de main au déchargement d’un camion ou un wagon, ll y avait toujours de quoi faire un repas. Et pour les plus courageux, on pouvait toujours, à la grande entrée rue Casimir Perrier, se faire embaucher à l’heure et partir avec un petit papier jaune illisible en guise de feuille de salaire et quelques bifetons sans que l’on vous demande de faire la preuve que vous n’étiez pas un SDF sans papier.
Un mot à dépanner : les SDF ont remplacé les clochards, les chemineaux, les indigents, les mendiants, etc. Puisque qu’il y a un « Sans Domicile Fixe », il suffit de lui donner un domicile fixe pour résoudre tous les problèmes de misère, d’alcoolisme, de travail, de déshérence et de détresse.
Donc le problème n°1 c’est le logement. CQFD !
Je peux me coucher la conscience tranquille parce que j’ai tout compris et que ceux qui n’ont pas 20% de logements sociaux sont les responsables !
Un mot à dépanner : sans papier, t’es rien. Il suffit d’avoir ces fameux papiers -dont j’aimerais d’ailleurs trouver une liste claire accompagnée des procédures d’obtention- et tout à coup, on a un logement, un travail, une respectabilité. Dans le même temps sont réglés les problèmes de flux migratoires, de cultures et d’organisation sociale.
Alors oui, c’est tout à fait criminel puis qu’il suffit de régulariser les « sans papier » pour ne plus avoir de problème !
Un mot à dépanner : les responsables ne sont plus ceux qui, par leur place dans la hiérarchie, assumaient la responsabilité du travail en cas de pépin comme en cas de succès. Les responsables avaient des primes, les responsables pouvaient perdre leur boulot pour une faute, car responsable signifiait « Qui doit répondre de ses actes ou de ceux d’autrui dont il a la charge. » Maintenant, responsable veut dire coupable, un coupable est irresponsable puisque ce n’est pas sa faute mais un responsable est forcément coupable. Ami des syllogismes bonjour
Un mot à dépanner : les compétences étaient une capacité reconnue dans un domaine, une aptitude, une qualification, des connaissances, un savoir faire, un bagage, une autorité dans ce domaine. La définition de poste détermine maintenant les compétences. On vous a nommé avec un statut, vous êtes donc compétent pour l’intitulé de votre poste.
Il n’y a qu’à rendre les gens plus compétents dans les statuts et les descriptions de poste!
Certains mots sont devenus des « sans domicile fixe », des « sans papier ». Attrapés par le petit bout de la lorgnette, on leur impose un sens et un contexte qui les « désincarne » pour en faire une soupe verbeuse qui se loue à n’importe qui. Pour rien. Comme les ouvriers agricoles d’antan. Chemineaux ! Ce fut longtemps l’Education Nationale avec sa langue propre : l’Ednat, qui était championne de la chose. La méthode a gagné maintenant tous ceux qui pensent manipuler des idées ou… les couillons dans mon genre qui pourrissent les blogs des autres.
On arrive même à de la poésie, je vous livre même un extrait édifiant de conversation publique entre élus :
« - Dans le cadre du développement durable, il faut aider les associations de réinsertion et le commerce équitable. »
- « Oui, mais on ne peut pas faire travailler les entreprises de proximité car les décisions appartiennent à la Mairie centrale. »
Dans cette salade conceptuelle dénuée de sens et « propagandeuse » où, pour se donner une existence, on emploie des mots et manie des formules que l’on ne comprend pas et qui n’ont un sens que contextuel et éphémère, les politiques se débrouillent pas mal, mais leurs tristes suiveurs sont pitoyables.
La machine à baratin est en rade, si vous avez un mot ou deux à leur dépanner… au moins ils ne finiront pas chemineau du verbe !
Jérôme Manin
* Chemineau, ave « eau », à ne pas confondre avec les camarades de la SNCF dont le suffixe est « ot ». Le mot chemineau, de chemin, était appliqué aux ouvriers agricoles qui se déplaçaient de ferme en ferme pour louer leurs services. Par extension le terme gagne une connotation péjorative de vagabond. Un petit mot à dépanner pour le scrabble !
Petit texte de Jean Toulet, écrivain et poète mort en 1920…
Vous souvient-il de l’auberge
Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Sainte Vierge.
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
De l’auberge dans les Landes
Je rêve, – et voudrais revoir
L’hôtesse au sombre mouchoir,
Et la glycine en guirlandes.
Si l’auberge est le PS, la Sainte Vierge piquée de blanc Ségolène Royal, l’auteur François Hollande en amoureux transi (de froid sûrement !), l’hôtesse au sombre mouchoir Martine Aubry, le chemineau navarrais doit être le futur secrétaire national du PS… Il chante bien, il vit d’amour et de vin frais, court d’auberge en auberge. Bingo : François Bayrou, le p’tit politique à dépanner siouplait !
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De Jean Toulet encore :
Ces roses pour moi destinées
Par le choix de sa main,
Aux premiers feux du lendemain,
Elles étaient fanées.
Beau casting que celui du PS, on arriverait presque à les croire inoffensifs.
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De Jean Toulet encore… Et comme on dit, « toute ressemblance…’
Embrassez-moi, petite fille,
Là, bien. Quoi de nouveau ?
As-tu retrouvé le cerveau
Qui manque à ta famille ?
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On s’ennuie à droite ?
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et la francocacophonie avance …
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@vidéo
A droite on s’apostrophe à coup de strophe, à gauche on catastrophe.
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N’étant pas fan des zélateurs de la droite française, je dois quand même avouer que le style, ça compte.
Et donc bravo Messieurs pour ces échanges.
PS : après, sur le fond, c’est un peu ridicule, mais en même temps, avec un oiseau boiteux Baudelaire écrit bien « l’Albatros », alors…
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« Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »
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On est passé carrément dans le « manin à manin » sur ce blog,j’apprécie sa culture,mais on reste orphelin d’une certaine diversité,il est vrai que c’est les vacances,alors je vous les souhaite bonnes à tous.
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A Manin, Manin et demie…
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