On l’avait quitté Madone diaphane, laissée pour morte au bord du chemin des présidentielles, et la voilà de retour. Sur scène. Telle une rock star, la Dame du Poitou vient de faire son Zénith à elle. Entre deux accords de guitare, du rock tendance heavy et quelques vedettes sur le retour, elle a donné le ton. « Rien ne me fera reculer ! » affirme-t-elle. Jusqu’à ce moment où Hervé Vilard, éternel vieux jeune homme a entonné, lui prenant le bras, « nous, c’est une illusion qui meurt… »
La réaction la plus caricaturale à ce meeting de la Fraternité est venue du ronchon Henri Emmanuelli, sorte de schtroumpf grognon du PS. « La politique n’est pas un show. Cette vision de la politique axée sur le marketing, qui s’inscrit dans la logique de la publicité commerciale, qui néglige le fond, c’est le genre de cérémonie qui est entre le show business et le rassemblement de secte. »
Et pourtant, 45 minutes de stand-up*, il devrait être admiratif. D’autant que la Madone du Poitou a martelé « Jamais je n’ai mis genoux à terre. Jamais je n’ai songé à abandonner. Jamais je n’ai renié une seule de nos valeurs. Je suis là aujourd’hui, je serai là demain. Rien ne me fera reculer sur le chemin que j’ai choisi et sur lequel nous marchons ensemble. » Il aurait dû apprécier. A moins que ce ne soit justement cette volonté de repartir à la bataille qui laisse l’Emmanuelli en transe.
A propos de transe, le public était bien froid. Figé face aux hurlements de Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust, un groupe de rock sorti de la naphtaline des années 80. Le Journal du Dimanche rapporte qu’il a harangué le public qui osait ne pas reprendre en chœur le refrain de son tube Antisocial : « Mais putain, vous êtes morts ! Levez vos fesses, vous avez le cul collé ou quoi ? »
Au-delà de la musique, censée adoucir les mœurs, Ségolène Royal cultive selon moi une qualité, la différence. Mais ce samedi, la différence était toute de légèreté. Evanescente…
A quelques semaines du congrès de Reims qui devrait consacrer son échec à devenir la première secrétaire du PS, elle se place déjà sur la ligne de 2012, feignant de se détacher des calculs politiciens, du vulgaire.
Faute d’être Jeanne la Pucelle, elle se vit en gourou d’une nouvelle fraternité. Réussira-t-elle son pari de refonder le PS par l’extérieur ? Lors des dernières présidentielles, elle avait dévissé lorsqu’elle avait mis ses convictions sociales-démocrates de côté, au bénéfice du programme rétrograde du PS. Malheureusement, ce samedi, le discours sonnait creux, comme l’a noté Emmanuelli. Pas d’offre politique nouvelle, pas de perspective, pas d’élan. Juste des incantations. Presque des prières. De quoi inquiéter ses amis et affidés, au premier rang desquels le sénateur-maire de Lyon qui a rejoint la Gourou du Poitou dans la bataille pour la direction du PS.
Bien entendu, elle a continué à jouer les martyrs, consacrant une large part de son discours aux méchants, parlant de « trois années de combats et d’épreuves ». Mais fini la blancheur de Madone. Défroquée, elle s’habille d’une tunique indienne bleue, cheveux ondulés. Elle veut « un autre monde », prédit telle une pythie « je suis là aujourd’hui, je serai là demain. »
En attendant, à la question « Parmi les personnalités suivantes, laquelle préférez-vous comme candidat du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2012 ? », les français plébiscitent Dominique Strauss-Kahn à 44%, laissant la Gourou du Poitou loin derrière, à 19%. DSK, ou comment être loin tout en étant tout près (ou prêt !)
heureusement qu’à droite il y a des gens curieux comme ERB pour nous faire un compte rendu détaillé de cet événement. J’avais complètement oublié ce « concert de la Fraternité » tant ma tête était à Washington ce week-end !
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Assiste-t-on à la naissance d’une ère de télévangélistes à la française ?
Comment la droite pourra-t-elle remercier Ségolène ? Et notre petit timonier de Collomb, qu’est-ce qui doit être fier.
Jeanne d’Arc à célébrer les femmes au foyer, Ségolène à mis le feu
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« La voix du gourou ne mène qu’à la porte du gourou. »
Rabindranàth Tagore, poète, romancier, dramaturge et philosophe indien
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La suite de « Nous » est encore plus d’actualité…
Pourquoi ce grand vide quand je pense à nous ?
C’était comme un défi au temps
Le printemps avant le printemps
Un chemin qui va n’importe où
Mais semé de roses partout.
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C’est du CELINE………..DION
Bientôt elle présentera son Roger…….
ha mon dionnnnn !!!
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La Madone,
J’attends avec une certaine jubilation le moment où la Dame du Poitou, comme tu l’appelle, jettera sa petite culotte à la foule en délire.
Ce sera assurément un énorme moment pour le PS.
Chiche…!
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En plus,vous avez vu comment elle a été relookée.Quand j’ai vu cela au départ,j’ai crû qu’ils avaient envoyé son sosie pour « son Zénith ».Ils ont juste procédé au ravalement de façade mais ne se sont pas attaqués aux fondations!A part faire « bling-bling » et valoriser son égo,Ségo n’a rien démontré!
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Les grands esprits se rencontrent : vous avez fait le même titre qu’Yves Thréard, du Figaro :
http://blog.lefigaro.fr/threard/2008/09/segolene-madone-defroquee-du-p.html
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Bonne pioche Criticus alias Roman… J’ai lu son billet ce matin en prenant mon petit dej aux Négociants ! Fort bien troussé ma foi !
Maintenant, nous ne sommes sûrement pas les seuls à avoir plaisanté sur le sujet…
Je retiens la phrase de Jean-Louis Bianco : « C’est la seule qui arrive à vous tirer des larmes ».
Bien vu, Jean-Louis !
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Il a raison, Jean-Louis, c’est vrai qu’on se marre bien.
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Vous êtes irrésistible!… elle pas du tout… j’hésite entre pitoyable et burlesque…
Enfin, elle vous donne l’occasion d’un excellent billet et nous amuse.
A bientôt.
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Il est toujours possible de tout oser, pardon Erick pour la mention, mais Romain Blachier sur son blog nous explique comment on peut malgré tout rouler pour Ségolène. (A priori son post ne serait pas une parodie)
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Je ne savais pas qu’elle fumait….
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J’attends avec impatience notre gourou lyonnais ,Gégé la science,sur les planches à la bourse du travail pour un one man show de la mème facture que son alliée du prochain congrès du PS; boute en train comme il est, on pourrait passer une excellente soirée!!.
On ne pourra plus reprocher au PS de ne pas ètre attractif,au moins on rigole….
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Même le Canard d’aujourd’hui au milieu de 95% d’articles uniquement anti-sarkozistes écrit à propos de la prestation de la vestale* : « la pensée tunique »
* Vestale : Les Vestales jouissaient de nombreux privilèges attachés à leur charge. Entretenues aux frais de l’État, elles étaient affranchies de l’autorité paternelle. in http://fr.wikipedia.org/wiki/Vestales
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