Pendant la crise…

Entre récession « technique » pour le ministre du budget et récession tout court pour les autres, la vie continue. Heureusement ! Regardez le visage de cette femme. Mélancolique ? Interrogatif ? Attentif ? Autant d’adjectifs qui trouvent une certaine résonance dans le monde d’aujourd’hui. Je vous propose de faire connaissance avec elle… Car pendant la crise, la vie continue !

J’étais il y a encore quelques jours, avec des amis, dans l’atelier de Patrick Marquès, à Brignais.

Je me souviens de notre première rencontre. Il y a plus de 15 ans. C’était au salon du Sud-Est, à moins que ce ne soit à celui d’Automne. Je ne sais plus. Frappé par la force de sa peinture, je lui avais prédit, jeune adjoint d’arrondissement à la culture sûr de son fait (et pourtant si ignorant de la chose), le 1er Prix. Qu’il eut le soir même.
Il s’en est suivi une profonde amitié, une confiance sans cesse renouvelée. Fondée sur un regard partagé sur le monde, sur la peinture, sur un apprentissage long des choses de la vie, de ce fameux regard.
Nous avons même monté ensemble une exposition « Lyon accueille Marquès » en 2003 sur le thème « Passions humaines » à l’Hôtel Dieu et, en parallèle, « Femmes » à l’orangerie du Parc de la Tête d’Or.
Je me souviens de la préface du catalogue. Elle était signée par Elodie Humeau, l’adjointe à la culture du 6è arrondissement.

« Tout a commencé par un regard. Il y a deux ans.
Un regard entre deux femmes. Entre une femme peinte sur une toile et une autre femme. Moi.
Tout a commencé par un regard. Et c’est pour ce regard que j’ai souhaité cette double exposition. Pour que vous puissiez, à votre tour, plonger vos yeux dans ces toiles et en découvrir, au détour d’une expression, d’un geste ou d’un regard, ce qui m’a fait pleurer ce jour là.
Marquès a choisi de peindre des femmes. Pas seulement des êtres de chair et de sang, des visages et des corps. Ses femmes sont d’abord habitées. Par l’amour, la quête, la passion. Elles sont heureuses, tourmentées, paisibles, pleines d’espoir… Vivantes ! Il suffit de lire dans leurs regards. Tout a commencé…
Ce rayonnement, cette recherche de l’absolu, cette lumière toujours présente, symbole de l’espoir ou du passage, signent les toiles de Marquès. Signent son regard sur l’Etre. »

Depuis, Patrick s’est progressivement imposé comme un peintre de l’absolu, enchaînant travail et expositions en France et à l’étranger. Depuis quelques mois, les Etats-Unis réclament son regard sur le monde. Et ceux de ces femmes, de ces couples, de ces corps. A l’image de ce fantastique tableau sur le 11 septembre. Là encore, deux regards affrontent l’indiscible. Deux corps, habités par ce regard, par ce qui a eu lieu. Ou n’a pas eu lieu encore. Mes amis sont restés sans voix devant cette toile. Force des messages où rien n’est dit, mais où tout est quand même inscrit. Il suffit d’un regard.

Dans son atelier, véritable capaharnaum, il met en scène ses toiles et les soutien avec la musique. Un miroir permet de distancier son regard. Une ambiance étrange, sorte de passage mystique du monde du réel à celui du peintre. A moins que ce ne soit celui du regard. De son regard mélangé au nôtre.

L’un de ces regards accueille les visiteurs de mon entreprise. Pas un visage, ni un corps. Juste deux yeux, tournés vers un ailleurs. Un regard de femme appaisé, serein, dont la quête prend fin. Ou commence.

Marquès revient dans le 6è, à la galerie du Parc, dirigée par Dalilla, l’une de ses anciennes modèles. L’une de ces femmes de chair et de toile.
Allez porter votre regard sur la peinture de Marquès. C’est jusqu’au 25 octobre au 103 rue Bossuet. A deux pas de l’arrêt de métro Masséna.
Vous croiserez le regard de la femme qui illustre cet article. Et peut-être, alors, saurez vous si elle est mélancolique, interrogative ou, tout simplement, attentive à votre regard.

Les Commentaires ( 10 )

  1. de Denis Broliquier
    posté le 4 oct 2008

    Je confirme ! Patrick Marques est un peintre de très grande envergure. Et derrière l’artiste, il y a un homme original et passionné, chaleureux et attachant. Merci à toi de me l’avoir fait connaître. Bien sûr, je recommande cette expo. Allez-y les jours ou Patrick est là cad les 11 et 25 octobre (16h/19h).

      Répondre

  2. de Regard de femme
    posté le 4 oct 2008

    Marques est en effet un peintre de l’âme. Deux de ses toiles, immenses, sont dans l’entrée du siège d’EDF, avenue Thiers. Superbes ! Quel accueil pour les visiteurs…

      Répondre

  3. de David
    posté le 4 oct 2008

    Mon propos m’appartient. Il ne cherche pas à s’imposer. J’ai retenu de votre article, de la présentation que vous vouliez bien faire de votre ami Patrick Marquès, cette perception d’un monde qui se questionne, d’un futur rêvé qui tend à prendre fin dans la crise que nous vivons actuellement …

    Pour moi, mais aussi pour nombre de celles et ceux qui veulent bien accompagner ma vie sur terre, l’art est essentiel à nos équilibres et en ces temps de grands bouleversements la peinture peut et doit se situer au sommet de la hiérarchie des genres et des comportements. L’Art est ce que l’homme sait le mieux faire !

    Pour autant, je dois bien vous l’avouer, j’en étais resté à un traitement de l’image plus classique … Bien qu’appréciant et vivant autour de quelques Surget … Première ouverture sur un traitement de l’image moins « académique » même si le traitement du personnage repose sur une interprétation très classique … C’est ce que j’aime dans l’art … Cette façon de décrire un sujet dans l’illusion de ce qu’il n’est pas … Je ne sais encore aujourd’hui transmettre mes impressions …

    Dans tous les cas, sans vouloir préjuger de votre pensée, j’ai cru comprendre que vous souhaitiez dans un premier temps poser ce portait de Patrick Marquès dans notre époque et dans laquelle la peinture se retrouve comme mêlée à l’histoire … vécue, souvent perturbante !?

    Il est évident que l’expression mélancolique ou interrogative de cette femme peut se comprendre comme de la crainte … Crainte ou nostalgie d’un monde qui s’efface … Peur ou apaisement ? Il peut sembler évident selon le regard que l’on pose sur l’oeuvre que ce regard est celui de nos concitoyens … Face aux troubles économiques et sociaux présents, l’humeur ne sait plus se trouver apaisée … Ce visage me semble serein cependant …

    Pour autant, dans une certaine mesure, vous avez raison, la mise en scène de ce sujet peut effectivement permettre au « lecteur » de l’œuvre de se positionner sur les questionnements du temps présent. Cependant, l’art n’a pas vocation à faire oublier les réalités mais à les interpréter afin que l’homme soit en mesure de se prendre en charge !

    La mélancolie est une pathologie. Si ce portrait veut témoigner d’un sentiment partagé par nombre de nos concitoyens, nous ne devons pas oublier l’essentiel et l’accent doit être mis sur les dangers de ce mouvement de l’esprit qui tend souvent malgré nous de rompre avec une société que nous jugeons en perdition …

    J’ai eu dans ma vie de nombreux amis royalistes … Je fus membre de la SASDA et plus tardivement de l’IMB. Cependant, dans cet isolement volontaire je ne voyais pas les dangers qui menaçaient notre société. Il y avait en moi comme d’une nostalgie, d’une « indifférence » au monde présent. Malgré tout les temps présents nous demandent d’autres postures !

    L’Art … Oui, l’art a une portée politique car comme la politique, l’art a vocation de s’intéresser aux questionnements humains et à leur résolution. Ou tout du moins, l’art a pour objet de pousser le « lecteur » aux questionnements essentiels. C’est ce que je pense. L’Art est politique !

    Avec Patrick Marquès, que je ne connaissais pas, il y a peut-être cette volonté de dire au monde que nous avons peur du futur … Cependant, je ne pense pas pour autant qu’il agisse afin que l’homme se satisfasse de ce présent qui déçoit et de ce futur qui fait peur !

    Nous ne sommes pas à la Mairie. Il est dommage que nous ne puissions travailler avec des artistes qui soient effectivement en mesure d’ associer l’imagination artistique à la compréhension politique, économique et sociale de la cité. Ce portrait a le mérite d’interroger le passant … Mais avons nous raison de penser ainsi ? Pour quelle raison toutes celles et tous ceux qui tentent d’interpréter ce travail sont-ils dans la vraie définition ? Et finalement (mais peut-être que seul l’artiste est en mesure de nous le dire) cette manifestation que nous percevons comme mélancolique, est-elle réellement celle que nous voulons y trouver ?

    En fait, m’exprimant, je sais que c’est selon que l’on privilégie la créativité ou les illusions de l’imagination que la mélancolie sera considérée comme le signe du génie ou au contraire, comme une pathologie …

      Répondre

  4. de JJ BOIS
    posté le 4 oct 2008

    Je me pose une question…..JM est-il malade,ou allergique à la peinture?

    Très bon le sketch du terroriste…

    Pour ce qui concerne Marquès,je retournerai dans le 6eme pour voir l’expo..ce visage de femme m’inspire sans que je puisse en dire plus,pour l’instant.

      Répondre

  5. de jerome manin
    posté le 5 oct 2008

    @JJ Bois. Merci de votre sollicitude, je vais bien. Issu d’une famille de peintre en bâtiments, la mère de mes enfants exerçant le métier de faire découvrir la peinture, diplômé en histoire de l’art et « photographe de tableaux » (si si ça existe) pendant plusieurs années, mon allergie aurait su se déclarer plus tôt :-)

    En 1915, Lucien Guitry (le père de Sacha) va filmer Auguste Renoir dans le cadre d’un ensemble documentaire « Ceux de chez nous », Auguste Renoir a les mains paralysées par l’arthrose et son fils Jean glisse les pinceaux dans les bandelettes-pansement pour que son père continue à peindre. A l’issue du tournage, Lucien Guitry demande s’il peut garder comme souvenir un pinceau du maître. Auguste s’adresse alors à Jean et lui dit, donne lui en un neuf, il y a tant à faire…

      Répondre

  6. posté le 5 oct 2008

    Du grand JM… Celui que nous aimons tous !

      Répondre

  7. de François Malche
    posté le 5 oct 2008

    J’ai eu l’occasion de découvrir les toiles de Marques dans une galerie de Genève. Un seul conseil, courrez dans cette galerie de Lyon. Un peintre rare.

      Répondre

  8. posté le 6 oct 2008

    Patrick est un homme habité par ses questionnements. Avoir la chance de croiser son chemin est don exceptionnel. Dans notre monde de brutes avides de puissance et d’argent il se révèle être tout à la fois un catalyseur des sentiments qui nous habitent et un forceur de barrage pour nos émotions profondes.

    Par ses questionnements Patrick fait sauter les entraves qui nous empêchent trop souvent d’aller vers l’Autre et nous permet de découvrir que notre monde est d’abord fait de complexité où le rationnel n’est qu’une toute petite partie au contraire de l’émotionnel qui, quoi que l’on veuille, nous guide à tous les instants de notre vie.

      Répondre

  9. de JJ BOIS
    posté le 19 oct 2008

    Me suis rendu rue Bossuet et ne l’ai pas regretté ce Patrick Marquès dégage à la fois force et sensibilité.

    Techniquement c’est aussi à mon sens très fort….Bravo l’artiste,j’ai adoré!

      Répondre

  10. de "Aux Iris" ou "Osiris" C'est au choix...
    posté le 8 fév 2009

    Aujourd’hui, je suis tombé par hasard sur votre site, en cherchant des peintures de Patrick MARQUES. En effet, l’année dernière, en me promenant dans les rues de Montpellier, je suis passé devant u galerie ou était exposé des oeuvres de votre Ami. J’en suis resté comme hypnotisé, avec un mélange de passion et de respect. Je suis moi-même peintre amateur depuis de nombreuses années, et je me cherche encore. Bien sur, ce que je fais aujourd’hui est plus travaillé, plus réaliste, plus artistique et plus responsable que mes premières réalisations, mais je n’arrivais pas à définir l’aboutissement que je cherchais à atteindre. Les oeuvres de Patrick MARQUES, elles, étaient exactement ce vers quoi je souhaitais arriver. Je suis retourné plusieurs fois revoir admirer « le constructeur de cathédrale » et un autre, bien plus grand, dont je ne me rappelle pas le nom, représentant une femme allongée vendu 15000€, et à force de revenir, le personnel de la galerie m’a reconnu et est venu me parler de ce peintre, et m’a annoncé qu’il était possible qu’il vienne un jour peindre devant des admirateurs… j’ai donc demandé, si c’était possible, de me prévenir lorsqu’il serait là. Malheureusement cette manifestation était supprimée et je n’aurais donc pas l’occasion de voir votre Ami au travail. Alors, s’il vous plaît, et si vous le voyez encore, dites lui qu’un admirateur habitant l’Hérault, un de plus sûrement, regrette vraiment de n’avoir pas pût lui exprimer toute son admiration.
    Alain.

      Répondre

Poster un commentaire


1 + six =