« Le vrai politique, c’est celui qui sait garder son idéal tout en perdant ses illusions. » Cette phrase de John Fitzgerald Kennedy doit revenir en mémoire de bon nombre de politiques ces jours-ci. En effet, avec l’hiver arrivent les plans de mandat et les programmations pluriannuelles d’investissement. Et là, ça tousse. Le froid sans doute !
C’était il y a 7 ans, en mairie du 6è. L’adjoint aux Finances de la ville de Lyon, Yvon Deschamps, était venu, accompagné d’une partie de son équipe, se faire présenter notre plan de mandat d’arrondissement. Un gros dossier, organisé par grands champs d’actions, assortis de « mappings » par quartiers et par thématiques. L’ensemble de l’exécutif avait travaillé d’arrache pied pour préparer cette vision de notre arrondissement à 6 ans. Yvon Deschamps avait d’ailleurs salué la qualité du travail fourni, gratifiant le maire d’arrondissement, Nicole Chevassus, d’un compliment qui allait rester dans les annales : « C’est l’un des plans de mandat les mieux fait que j’ai vu depuis longtemps en mairie d’arrondissement. »
Quelques mois plus tard, nous perdions une partie de nos illusions en découvrant que, hors Cité Internationale, le plan de mandat de Gérard Collomb avait zappé une large partie de notre travail. Démarrait alors le temps de la négociation qui nous a permis, à l’arrivée, de cocher d’un « fait » 95% du plan de mandat initial de l’arrondissement. Comme quoi l’idéal peut faire bouger bien des lignes.
Il y a quelques jours, Gérard Collomb présentait son plan de mandat. Sorte de catalogue de priorités et d’intentions, sans dépenses par projet et agenda en face. D’ailleurs, le maire de Lyon ne s’y est pas trompé avouant, gêné, que “ce n’est pas à proprement parler un plan de mandat. » Et il a raison car, pour mémoire, un plan de mandat dure… le temps du mandat. Or le catalogue, dense et riche, courra sur deux, voire trois mandats. De quoi promettre bien plus qu’on ne peut. Un numéro de grande illusion ! Le dossier sera voté le 22 décembre, à deux jours des fêtes de fin d’année. Autant dire que le nécessaire débat passera inaperçu dans les médias. Décidément Collomb, c’est Kaa dans le Livre de la Jungle. Souvenez-vous de la chanson du dessin animé de Disney : Aie confiance / Crois en moi / Que je puisse / Veiller sur toi…
Illusions encore pour les maires d’arrondissement de droite. Jean-Jacques David, l’actuel maire du 6è a beau qualifier dans Lyon Capitale Gérard Collomb de « maire réglo ». En l’espèce, l’édile du 6è a la pilule amère et les a perdu, ses illusions. Si tant est que ce vieux routier de la politique en eut encore.
Il a rencontré le maire de Lyon en juin pour faire un tour des dossiers trois mois après l’élection, depuis plus rien ! Richard Brumm, l’adjoint aux Finances, n’a pas trouvé le chemin de la mairie du 6è. Quant à celui de la mairie du 2è, n’en parlons pas ! Pas de débat, pas de discussion, pas d’échange. Pas très réglo tout ça. Le temps de la négo arrive donc. Pas facile en période de disette budgétaire et de crise économique. Nous verrons dans les prochains mois si Jean-Jacques David estime toujours que Gérard Collomb est « réglo » ! Aie confiance / Crois en moi / Que je puisse / Veiller sur toi…
Illusion perdues aussi pour les Verts, alliés indéfectibles de Collomb. Ils viennent de pondre un communiqué de presse rageur. Le sujet : l’abandon du projet de remonte pente à vélo. Pour les élus écologistes, « les usagers du vélo de Lyon, mais aussi les habitants du plateau et des Pentes, souhaitent l’installation de ce remonte-vélo ». Ce projet était inscrit au programme des listes « Aimer Lyon » dont les Verts étaient partie prenante pour les dernières municipales, mais aussi d’ailleurs dans celui de Dominique Perben.
« Pour nous, les engagements pris en commun pendant la campagne doivent être tenus » indiquent les Verts pleins d’illusions. Ils ont déjà réuni plus de 600 signatures dans une pétition. Un engagement à 30 millions d’euros tout de même, à mettre en regard de l’objectif de 100 millions d’euros d’investissement par an, pendant 6 ans. Heureusement, Gérard a promis : « Si la situation s’améliore, on y repensera. » Aie confiance / Crois en moi / Que je puisse / Veiller sur toi…
Le 17 novembre, au Grand Lyon, Gérard Collomb présentait son plan de mandat d’agglomération. Sur un mandat cette fois-ci ! Soit un mois avant le vote du véritable document de fond : la programmation pluriannuelle d’investissements. Cette programmation (la PPI) est la déclinaison en engagements financiers des promesses du plan de mandat.
Celle-ci sera votée demain, lundi 22 décembre. Illusion encore lorsque l’on sait qu’elle est 1,7 fois supérieure aux capacités financières du Grand Lyon. De quoi faire bien des jaloux et, quand la bise sera venue, bien des aigris. A moins que le contenu de la réforme de la TP annoncée par le président de la République change la donne. Mais là encore, une douce chanson résonne à mes oreilles : Aie confiance / Crois en moi / Que je puisse / Veiller sur toi…
“Le vrai politique, c’est celui qui sait garder son idéal tout en perdant ses illusions.”
Très juste.
J’ai envie d’ajouter une pensée propre à Rudolf Rocker …
« L’homme peut vivre dans n’importe quelle situation économique, il peut s’adapter à n’importe quelle forme de vie politique sans que les lois qui régissent son être physique en soient dérangées »
Ayons confiance, croyons en eux car ils veillent sur nous …
« ” Et il a raison car, pour mémoire, un plan de mandat dure… le temps du mandat. Or le catalogue, dense et riche, courra sur deux, voire trois mandats. »
Tu n’est pas sans savoir que certains projets se font sur la durée, dans le long terme.Tu avais d’ailleurs salué un projet de jardin sans fin proposé par Perben pendant les municipales; lequel jardin n’aurait pas été réalisé en deux mandats mais en plusieurs décennies…
sinon pour le concours auquel tu participes sur mon blog, pas mal du tout le magazine Chaos.Jerome aussi avec sa vité utopique de Gerland.J’attend encore un peu d’autres réponses mais le Régnié semble aller en direction de mains droites pour l’instant
@ Romain
Je suis d’accord avec toi, mais un plan de mandat (contrairement à un programme) courre sur un mandat. Ce sont les promesses que l’on s’engage à tenir et à financer. A moins que Gérard Collomb n’annonce ainsi sa candidature en 2014 et en 2020 ! Remarque, pourquoi pas, il tendrait ainsi vers le record d’Edouard Herriot cher à JM !
Si saint Gérard Collomb n’avait montré qu’un courage ordinaire, c’était assez pour sa gloire: il pouvait vaincre, en se contentant d’animer par sa présence des sujets qui cherchent la mort dès qu’elle est honorée des regards du maître. Mais c’est peu de les inspirer; il combat toujours pour eux comme ils combattent pour lui; il donne toujours l’exemple; il fait à leur vue ce qu’à peine le courage le plus ardent, l’émulation la plus animée leur ferait hasarder à la vue de leur…
Les mots sont de Voltaire pour Saint Louis, mais ne mérite-t-il pas grande admiration celui qui sait donner confiance, faire que l’on croit en lui et nous faire imaginer qu’il veille sur nous ?
Celui qui ne prends même comme dans la légion étrangère la poignée de gravier nécessaire à la besogne ?
Allez en paix, faites des offrandes aux temples et glorifiez l’autorité locale, apprenez à penser dans la presse locale, détestez avec ferveur celui que l’on désigne comme le malin. Croyez en Gérard Collomb car seul ceux qui croient sont dans la vérités et les autres seront châtrés (si pendant que j’y suis, je me lâche) et châtiés car il sont dans l’erreur.
Il ne vous dira pas merci car tout cela vous lui devez et l’avez confirmer en le « resacrant » mais soyez sans crainte le roi et la cour vont bien, les dettes qu’il font sur votre dos s’appellent à Paris la crise et localement « un plan de mandat » vous leur avez épargné le froid et les difficultés de fin d’année. (hors crise de foi )
Erick:d’ou le fait que ce n’est pas un plan de mandat mais un truc qui voit plus loin!
@Romain
Mes enfants jouent aussi parfois à prendre les jumelles à l’envers et dire « papa t’es petit »
La grande illusion laisse des traces dans l’histoire : http://www.senat.fr/seances/s200707/s20070704/s20070704002.html#int731
Les mauvais politiques ont perdu leurs illusions mais jouent d’une autre illusion :
« L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »
Les magnifiques projets ne sont pas financés par de l’argent qui tombe du ciel, mais bien de la poche des concitoyens captifs qui, ensuite, se plaignent du déclin de leur pouvoir d’achat. Il est dommage que les politiques n’apprennent pas à faire mieux avec moins. Mais ce n’est pas leur argent, après tout…
Moralité on peut citer Péguy
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PÉGUY (Charles)
Moralité de l’histoire :
« La mystique Républicaine, c’est quand on mourrait pour la République, La politique républicaine, c’est à présent qu’on en vit »
PÉGUY (Charles)