C’était, avant toute chose, un beau slogan. A une époque où il importait peu aux maires de Lyon de faire carrière à Paris… C’était aussi la bannière de l’UDF à Lyon. Derrière le maire de l’époque, « le Francisque » comme on l’appelait dans les bistrots-bouchons du côté de la rue de l’Arbre Sec. Collomb fut maire de Lyon de 1976 à 1989. Il nous a quitté en début d’après-midi. Souvenirs…
Mes premiers pas de militant ont eu lieu en 1981. J’avais pas loin de 15 ans. C’étaient les présidentielles et mon candidat allait perdre face à François Mitterrand. Son président de comité de soutien à Lyon se nommait Collomb. Francisque Collomb. Il était maire de Lyon depuis 5 ans, succédant à Louis Pradel.
Quelques années plus tard, en 1983, le staff de la campagne des municipales me demande de participer à l’animation de la campagne jeune d’un Francisque Collomb qui guignait là son second mandat. Le local de campagne était à l’angle du quai Saint Antoine et de la rue Grenette. Nous étions déjà une petite bande de copains. Il y avait, entre autres, mes camarades Noël Brunet et Denis Broliquier, et l’équipe du Collectif des Etudiants Libéraux de France qu’il animait. Peu de RPR, pour la plupart enrôlés derrière Michel Noir. On retrouvait à l’animation Marc Randanne, Jean-Roger Révellin et Carole Dufour. Tous se sont, depuis, illustrés dans la vie économique lyonnaise.
Une campagne pleine de vie. Et une victoire nette. 6 ans plus tard, autre local, autre histoire. Nous ne réussissons pas à imposer André Soulier qui aurait pourtant fait un excellent maire de Lyon. La campagne s’étira mollement et notre enthousiasme ne suffit pas à ranimer une équipe en fin de course. Michel Noir, fort logiquement, nous bat à plates coutures. La capitale de l’UDF tombait entre les mains du RPR. L’élection de trop pour Collomb. A méditer… J’étais dans son bureau de l’hôtel de ville le soir de la défaite. Nous étions, comme d’habitude en ces cas là, peu nombreux. Un représentant du maire élu, Michel Noir, arriva sur ces entrefaits et demanda son bureau sans un mot pour le lion blessé. La politique changeait de niveau. L’ère des jeunes lions démarrait. On sait comment ça a fini !
A gauche, mais en posture de figurant, Gérard Collomb attendait son heure. Sans trop y croire. Il faudra encore qu’il patiente un mandat avant de gagner trois arrondissements face à Raymond Barre. Vous connaissez la suite !
Comment vous décrire Françisque Collomb ? D’abord comme un chef d’entreprise, un self made man. Et qui avait gardé ses réflexes de manager dans l’action publique sachant remarquablement s’entourer d’élus qui ont contribué à faire bouger Lyon, loin du bling-bling. Citons notamment André Soulier ou Jacques Moulinier. A son crédit : Eurexpo, la gare de La Part-Dieu, le métro, le redémarrage de Gerland avec l’installation de l’ENS, la négociation pour l’arrivée d’Interpol, les premières études sur l’aménagement des berges du Rhône, sur la future Cité Internationale, l’amorce de l’illumination de Lyon, la rénovation de l’Opéra, la création de l’Aderly, bras armé du développement économique international… J’en passe et des meilleures.
Ce fut ensuite un homme de fidélité. Qui fut de tous nos combats, même après sa retraite de la vie publique. Fidélité et honneur. Je conserve le souvenir de son regard pétillant lorsqu’il se mettait à analyser, généralement avec brio, la vie politique locale. Le trait était acéré, tranchant comme une lame. Et le sourire jamais bien loin.
Bref, ce fut un bon et grand maire. Tout dans la discrétion. A la lyonnaise. J’ai beaucoup d’affection pour Francisque Collomb et pour son épouse Renée. Cet après-midi, je suis triste. C’est une page de l’histoire de Lyon qui se ferme. Restent les souvenirs…
Je vous conseille la lecture de la dernière interview de Francisque Collomb parue dans Lyon People. Décapant ! C’est ici…
© photo Jean-Luc Mège pour Lyon People
Eric,
Francisque Collomb était un Ami (avec un grand A) de mon Papa Gilbert Prud’homme, qui était un de ses fidèles adjoints d’abord dans le huitième arrondissement puis dans le neuvième arrondissement de Lyon, lui aussi de tous les combats à ses côtés.
Mon Papa nous a quitté il y a quelques mois et aujourd’hui c’est au tour de Francisque de nous laisser, cela ajoute à ma tristesse.
Eric, merci milles fois pour cet hommage, condoléances à sa famille
Gérard Prud’homme
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Merci Erick
Merci d’évoquer par ces quelques lignes qui a été Francisque Collomb. Et aussi quelques souvenirs plus personnels.
A notre époque de Communication, de paraître, de posture, (de bling-bling?) certains se trouvaient sans doute brillants à gausser cet homme discret qui a pourtant tellement fait pour Lyon.
A la rapide liste de ses réalisations que tu as évoquées, on peut rajouter la rénovation du Vieux Lyon, le plan couleur des façades des quais de Saône, le nettoyage des façades des grands bâtiments de Lyon – Hôtel de ville, palais Saint-Pierre, Hôtel-Dieu… – (ce qui a permis à Michel Noir de les éclairer par la suite )
Il est révélateur du sens de l’anticipation d’un grand maire que de voir aujourd’hui Collomb (Gérard) inaugurer la salle 3000 qui achève la Cité Internationale voulue et lancée par Collomb (Francisque) 30 ans plus tôt. Idem pour Greland.
Que pourra bien inaugurer dans 30 ans le successeur de notre Gégé… pour l’instant je ne vois vraiment pas. Ah si peut-être le musée des confluences… Ah zut ! ce n’est pas lui !
Je suis certain que l’histoire qui sait faire le tri entre l’illusion de certains et la vision des autres, saura reconnaître en Francisque Collomb le grand maire de Lyon qu’il a été.
Je me souviens de ma dernière discussion avec lui, lorsque Denis Broliquier a donné le nom de notre regretté Camille George à la salle du conseil du 2e. Le regard était toujours aussi vif et malicieux et l’analyse pertinente, comme tu le soulignais Erick.
Aujourd’hui mes pensée vont vers sa famille.
Lyon perd un grand homme
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bel hommage
le temps des grands hommes serait-il révolu ?
Merci Erick
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Francisque Collomb a ete un grand maire de Lyon. Il a embelli la ville. Il a contribue a son developpement. Il a fait passer les lyonnais avant son ambition perso. Il n etait pas brillant ou communiquant au sens actuel du terme mais il etait bon, performant, desinteresse, gestionaire. Et n est-ce pas la l essentiel ? je suis fier d avoir ete son plus jeune conseiller en 1983 et de lui avoir succeder a la presidence de Lyon d Abord il y a 3 ans. Mon reget m Etre en asie avec mes etudiants de l Idrac et ne pouvoir assister a ses funerailles. Merci Erick pour cet hommage.
Denis Broliquier
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