« Quelle est l’identité culturelle de l’Europe ? » Vaste question traitée par Frédéric Mitterrand et le réalisateur Volker Schlöndorff. Un peu de retard à l’allumage… Il faut dire que le ministre était pile poil à l’heure… pour le café dans le carré VIP, en compagnie du Préfet et du maire de Lyon !
La grande salle de l’Opéra est pleine à craquer. J’ai même l’impression que l’on a refusé du monde ! Une organisatrice tente de chasser des spectateurs des sièges VIP. « C’est réservé pour le Prefet », argumente-t-elle. « Nous, on est les conseillers du Ministre. On ne bougera pas ! » Grandeur et servitude de la fonction préfectorale…
« Vous connaissez la règle du jeu ? » pose en guise de première question la journaliste. « Non ! », répond le ministre. Explication de texte sur le dialogue entre deux intervenants.
Seconde question : « L’Europe culturelle a-t-elle une histoire ? » « Comme je ne connaissais pas les règles du jeu, j’avais préparé un topo dans le train. Ca va être trop long, je ne peux pas vous infliger cela… », minaude Frédo, retrouvant des accents de présentateur d’émission télévisée.
Il se lance : « On peut donner quelques pistes au travers d’un petit et d’un grand événement qui se sont passés ces dernières 24 heures. J’ai lu dans Libé ce matin que la ministre portugaise de je ne sais quoi a refusé le TGV Madrid Lisbonne sous le prétexte que les espagnols ne devaient pas faire la politique portugaise. On a encore ce genre de réflexe en Europe. C’était le petit événement.
Le second événement est le film de Volker diffusé ce matin, le 9è jour. Je l’ai vu hier. Passionnant ! A partir de ces deux événements, j’ai noté un certain nombre de choses. Aux origines de la culture européenne, la Grèce pour la réflexion sur la place de l’homme dans l’humanité. La romanité pour la notion d’ordre. Puis les racines chrétiennes. Les invasions barbares n’ont pas bouleversé ce premier substrat de la culture commune européenne. Les apports venus du Nord se sont finalement mêlés aux apports du Sud. Même les guerres étaient entre soi… On opposait des conceptions du monde qui puisaient aux mêmes racines. On s’affrontait juste dans la manière de les utiliser.
Toute l’Europe, héritage de la romanité, s’est organisée autour d’Etats forts et du commerce. Celui-ci véhiculait des langues, des idées, des objets d’artisanat, des objets culturels… C’était incroyable comme on se déplaçait en Europe, alors que les conditions de voyage étaient terribles. L’Europe existait aussi avec les épidémies qui nourrissaient le fond culturel. La même peste frappait Cracovie et Burgos…
Quand on a posé ça, on pose tout de suite le problème de la géographie, de l’espace où cette culture s’exprime.
Tout ça pour dire que si on s’arrête à la Renaissance, on a déjà un substrat culturel européen d’une force extraordinaire qui s’inscrit dans la découverte des frontières. A tel point que se pose aujourd’hui encore la question de savoir si la Turquie est aujourd’hui d’une culture européenne. Tout comme une partie de la Russie. »
Turquie ? « Monsieur le Minsistre, êtes vous favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union ? » rebondit la journaliste-animatrice. « Vous ne me ferez pas entrer dans ce débat », poursuit Frédo. Qui complète : « Je suis comme tous, le matin oui, l’après-midi non, le soir oui… »
« A Bitola, il y a un précipité d’Europe »
Volker clarifie la différence entre culture et civilisation. « On définit souvent les autres par « ils ont une autre culture » pour se donner le droit de les dominer. C’est le commerce qui a permis de passer de la culture à la civilisation, facilitant le partage et le respect des cultures propres. Notre monnaie commune, l’Euro, a, par exemple, fait la synthèse et a permis aux européens de se sentir membres d’un espace commun. »
Mitterrand. « Culture et civilisation sont en effet très différent. L’endroit ou j’ai le plus ressenti ce qu’est l’Europe, c’était dans un pays recalé de l’Europe politique, la Macédoine, à Monastir (Bitola aujourd’hui). Une petite ville de 50 000 habitants où il y a un précipité d’Europe. La ville turque, la ville serbe, l’influence austro hongroise, le royaume de Yougoslavie, Tito, des vestiges romains et un pays qui n’a pas de nom lorsque l’on vient de Grèce qui revendique le nom de Macédoine, il est seulement écrit Firom sur la poste frontière. Firom, ou ex-république yougoslave de Macédoine en français. Pas un nom de pays ! Il y a là-bas des cimetières militaires énormes, des morts qui ont aussi été le ciment de l’Europe.
L’Europe politique est en retard sur la culture, et il y a encore des pays recalés de l’Europe. Ils font partie de notre civilisation et de notre culture. »
« La valeur fondatrice de la civilisation européenne : l’Homme au cœur du système. »
Schlöndorff. « Je retiendrai l’humanisme. Mais d’autre part, il faut des limites en tant qu’entité politique. Ce qui réunit cet Homme, dans notre cas, c’est la somme de nos passés, notre héritage, où il y a plus de choses qui nous unissent que de choses qui nous divisent. Ce qui définit l’Europe, c’est la diversité. Nous sommes faits d’un mélange de cultures incarnées dans des œuvres. Tous les européens se sentent menacés par la mondialisation et ont donc la tentation du repli sur soi. Il faut lutter contre ça. »
Frédéric Mitterrand appuie, estimant « qu’il y a en Europe une fantastique méconnaissance de qui est l’autre. La création de ce binôme extraordinaire entre la France et l’Allemagne ne doit pas masquer cette méconnaissance entre les français et les allemands, par exemple. »
Schlöndorff. « Lorsque j’étais étudiant à Paris, je voulais m’immerger totalement dans la culture française. Et on n’arrêtait pas de me demander : « Et toi en tant qu’allemand ? » L’identité, mot que nous n’avons pas encore prononcé, c’est le contraire de la virginité. Ce n’est pas quelque chose que l’on perd mais quelque chose que l’on gagne. »
Pour un coup, je regretterais presque de ne pas en être…. On se posera la question de la culture qui s’est repliée sur l’organisation des besoins qu’elle à créé les papier d’identité comme le certificat de virginité….
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Ah Mitterand croisé avec un bel aéropage de serviteur ….. Amusant de voir l’esclave en costume marcher dans les pas du nouvel élan sarkozyste.
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Le MoDem en omniopposant systématique, le PS se fait doubler par la gauche
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Ce n’était pas une ministre portugaise. C’était la chef de l’opposition que veut devenir premier-ministre.
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Merci Christiano,
comme quoi, même un ministre qui a préparé son intervention dans le TGV en lisant Libé peut dire des approximations !
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@ Jm : Parce que toi quand tu doubles tu passes par la droite ? MDR.
Fait attention à toi, on peut se prendre un camion ou une contravention. Selon.
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@Battling
Il ne me viendrait pas à l’idée de doubler un attelage fou sans conducteur qui fonce vers l’abîme.
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Attend j’ai mal au bide tellement je rigole, je vais me prendre un mallox.
Relit ta phrase et dit moi ce que tu as fais pendant les municipales ? Pour moi c’était le Radicalisme en mode suicide .. (même si souvent dôté, en ce qui te concerne, d’un certain panache)
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Battling, que cela reste entre nous ! De toutes manières il n’y a personne sur le blog d’Erick…
Tu vois les municipales ? et ben les régionales c’est pareil !
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Je sais et nous ne sommes que l’écho
Pour ta remarque post mortem MDR, mais comme on dit : plus c’est gros, plus ça passe ;-(
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Pour une fois qu’on a un ministre de la culture cultivé…et on ne rebondit que sur des…. aproximations.
Dommage!
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Un ministre de la culture cultivé, un ministre des finances milliardaire, un ministre de la jeunesse et des sports de moins de 20 ans qui fait le 100 mètre en moins de 10 secondes, un ministre des armée qui vent des mines antipersonnel, un ministre de la justice qui n’a jamais mis les pieds dans un tribunal est-ce bien raisonnable ?
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