Il a suffit d’un vote à l’écrasante majorité de 57% en Suisse, aux portes de l’Union, pour que la même Europe tousse, rougit et ne sache comment se débarrasser de la patate chaude d’une votation. Le lendemain, à Marseille, 500 000 livres en français partaient pour Alexandrie la cosmopolite. L’ignorance d’un côté, le savoir de l’autre…
Pour ou contre le minaret ? Question innocente, et pourtant… Je ne suis pas sûr que les riverains des futures mosquées (si on les consultait) ne répondraient pas eux aussi contre. Heureusement, on ne leur posera sûrement pas la question ! Ce qui n’empêchera pas certains oiseaux de mauvais augure de militer contre en faisant résonner dès potron-minet l’appel du muezzin depuis le toit de leur camionnette. Histoire d’effrayer le « bon français » face aux hordes de barbares. L’histoire est vraie. Ces militants rejouaient Charles Martel. Ou la peur de l’autre au quotidien.
A lire les réactions des responsables du culte musulman en France, on voit bien que le problème pourrait se poser s’ils pratiquaient le jusqu’au boutisme. Mais, si le minaret est en France un élément « décoratif », non obligatoire, qui signe la présence d’une mosquée, il reste soumis au plan local d’urbanisme, à la signature d’un permis de construire et… au financement aléatoire.
J’étais récemment au restaurant de la grande mosquée de Paris (fameux coucous !). Personne ne se plaint de son minaret qui culmine pourtant à 33 mètres de haut.
Je ne suis donc pas choqué si les musulmans réclament un minaret qui, il faut le répéter haut et fort, est d’abord un élément architectural de reconnaissance et pas, comme dans les pays musulmans, un lieu d’appel à la prière. On est dans l’ordre du symbole, même si une mosquée peut très bien exister sans minaret. On a d’ailleurs des églises modernes sans clocher, où avec un édifice symbolique surmonté d’une croix.
J’entends d’ici certains, à la droite de ma droite, vociférer arguant qu’il n’y a aucune raison qu’on leur fasse de cadeaux car il n’en font pas aux chrétiens dans leurs pays. Allant même jusqu’à les persécuter. Que c’est la guerre. Que… Ils n’ont qu’à relire la Bible. Ca risque de les instruire…
Un ami à qui l’on parlait d’islamistes pour désigner les plus irréductibles des musulmans précisa qu’il valait mieux dire extrémistes ou fondamentalistes. Car tous les musulmans sont des islamistes. Bien peu sont en France des fondamentalistes. De même que tous les chrétiens ne sont pas des extrémistes. Dieu merci. Dieu ? Il paraît que l’on a le même !
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500 000 livres, soit 10 ans de production littéraire française viennent de partir pour Alexandrie (photo piquée au Figaro). Alexandrie… Ville légendaire qui fut durant plus de mille ans la capitale intellectuelle et spirituelle d’une partie du monde méditerranéen.
Au terme d’un accord signé hier, à Marseille, entre la Bibliothèque nationale de France (BNF) et la Bibliothèque d’Alexandrie, près de 500 000 livres vont être donnés par la France qui a fait don de l’ensemble des collections entrées par dépôt légal entre 1996 et 2006.
Ces livres représentent 11 kilomètres linéaires et 12 conteneurs. « Mais, symboliquement, ils pèsent bien plus : gage de la présence française au Moyen-Orient et de la diffusion de la francophonie, », note Le Figaro.
Cette espace francophone au sein de la bibliothèque d’Alexandrie viendra conforter l’Université Senghor (officiellement dénommée Université internationale de langue française au service du développement africain), créée en 1990, et qui forme la future élite d’Afrique. Elle reçoit des jeunes déjà diplômés dans leur pays afin de les préparer à l’exercice de responsabilités dans plusieurs domaines d’activités (nutrition et santé, administration et gestion, environnement, gestion du patrimoine).
Deux initiatives qui répondront peut être à la réponse d’un lecteur régulier de mon blog : ça sert à quoi la Francophonie ? A propos, nombre de ces pays sont musulmans. Et alors ? Rien. C’était juste pour emmerder la droite de ma droite !
Erick, n’allez pas accuser les Arabes d’avoir détruit la bibliothèque d’Alexandrie !
Le vote les Suisse ne constitue pas une preuve, les crétins des alpes sont de chaque cotés de la montagne, on vote aussi niaisement en Helvétie qu’à Lugdunum.
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Joyeux 2 décembre
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bonjour
pas tout à fait exact.hier soir,nous avons appris,qu’il fallait trier les livres avant de les expédier.certains déplaisent aux Egyptiens,au motif qu’ils sont pornopraphiques.comme dit plus haut,les crétins ne sont pas que de 2 cotés des alpes.
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Tout à fait vrai Justin, mais il on dirait vraiment que près des Alpes ils jouent à domicile et puis le pornographique, tant qu’il n’y a rien de sexuel….
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@ Justin. Vous avez raison, mais ceci s’est fait en amont du don. Reste une question, « La mauvaise vie » de Frédéric Mitterrand fait-il partie du lot ?
@ tous, dans son discours inaugural de la bibliothèque d’Alexandrie il y a sept ans, Jean-Noël Jeanneney, alors président de la Bibliothèque nationale de France, rappelait : ”Nous sommes dans la ligne du Siècle des Lumières qui avait formulé et promu, longtemps après l’Egypte ancienne, la volonté de rassembler tous les savoirs du monde en un espace unique” avant d’exalter “l’audace” de l’entreprise. L’audace se heurtera toujours à l’obscurantisme de certains…
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ERdB bonsoir,
D’un Thalys entre Bruxelles et Paris et grâce au miracle du wifi, je découvre ton billet et constate en effet qu’au pays du roi des Belges, la votation suisse fait quelques remous.
Il est intéressant de souligner la « subtilité » si j’ose dire des initiateurs de ce référendum.
En effet, on stigmatise à travers des pseudo considérations « architecturales » non plus l’immigré mais le musulman…nuance intéressante qui semble déplacer le focus du « fantasme identitaire » de l’étranger vers le religieux.
Par ailleurs, il est éclairant de voir d’où vient la peur, les cantons à dominante catholique et protestante n’ont pas du tout voté de la même façon face à cette « terrifiante menace » de l’invasion de minarets…
Quoi qu’il en soit, heureusement, en France – entre les règlements d’urbanisme (que tu soulignais) mais aussi et surtout l’intangibilité d’une identité citoyenne fondée notamment sur la séparation des églises et de l’état et une tradition historiquement jacobine et centralisatrice qui a domestiqué les clergés, nos valeurs républicaines laïques sont supposées nous mettre à l’abri de tels questionnements…
N’est-ce pas…?
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« Je suis un croyant qui défend la laïcité et, pour tous les croyants, la liberté de pratiquer leur religion. En même temps, je ne traite pas à la légère la grande peur qui est derrière ce débat : la peur de voir son pays, ses coutumes, ses traditions disparaître sous d’autres cultures, d’autres pratiques religieuses, plus prosélytes. Cette peur doit être apaisée et pas attisée. Cela donne une ligne : les lieux de prière et de rassemblement sont un droit de l’homme, y compris les mosquées. Les signes qui les identifient ont droit de cité : on ne doit pas confondre un lieu de prière avec un hangar. Mais ce qui est démonstratif et ostentatoire, il faut y faire attention.
Aujourd’hui, quand on construit rarement des églises, elles sont sobres et non triomphalistes. Les cathédrales, c’était «Dieu triomphe». Les temps ont changé. Mais surtout, il y a une question à traiter : il faut une réciprocité dans la compréhension, pour ne pas employer le mot de tolérance que je n’aime pas. Aujourd’hui, dans bien des pays où l’islam est religion officielle, les églises, les lieux de culte chrétien n’ont pas leur place, certains sont persécutés. Nous devons dire que cette compréhension qui est notre loi, nous exigeons qu’elle ne s’arrête pas à nos frontières. »
Une position sobre et sensée signée François Bayrou…
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J’étais chez des amis en Suisse, le week-end dernier, et j’ai pu vivre « live » la veille et l deroulement du scrutin sur les minarets.tout d’abord, l’ensemble des personnes que j’ai rencontré étaient d’accord sur un point: ce reférendum n’a pas de sens, dans la mesure où il oblige a inscrire dans la Constitution du pays une règle qui pourrait être gérée par le code d’urbanisme (au regard de la « construction » des minarets) ou bien par les règle anti-tapage (pour la « crainte » ds appeils à la prière des muezzins). Les mmes règles, par ex., empêchent plus au moins (selon les cantons) l’utilisation des cloches pour appeler les fidèles à la Messe ou à la Foction.
Caton de Lyon a donc bien vu: il ne s’agit pas d’une guerre de réligion, les différentes communautées réligieuses su pays s’étant exprimées d’une façon très claire en faveur de la construction des minarets, mais plutôt encore une fois d’une vision tordue, arcaîque et anacronique d’une laîcité interprété comme laîcisme et anti-réligiosité. La « laîcité » étant l’argument « fort » des peu des personnes qui, avant le vote, defendaient ouvertement le vote (c’est le propre des suisses: jamais on ne declare publiquement son vote, ce qui explique pourquoi tout les sondages de la veille étaient faux).
Ce referendum s’inscrit dans une querelle poilitique interne, ou la CDS voulait frapper encore une fois un coup médiatique pou se présenter comme le vrai interprète de sentiments nationaux. Je pense que leur objectif était d’obtenir un pourcentage plus important que ceux qu’ils avaient obtenu aux denierères élections. Le resultat est allé bien au delà de leurs attentes, montrant en même temps l’écart qui se creuse entre la classe politique au pouvoir (unanime dans la défense du oui aux minarets) et la population.
Une dernière considération: cette europe qu’aujourd’hui s’indigne pour le refus de la population suisse à la constructions des minarets est la même qui, dans un jugement récent de la cous européene des droits de l’homme, a condamné l’Italie pour la présence des crucifix dans les écoles. Schizophrénie, quand tu me tiennes…
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