15h30. Atelier sur le thème « Vent d’Est, vent d’Ouest ». Amphi Tocqueville. Un nom prédestiné pour ces récits de voyage dans l’économie mondiale.
Jean-Hervé Lorenzi, économiste, président du Cercle des Economistes, aborde le thème « Conflit ou coopération ? » La coopération est une vision naïve (la croissance durable est chez les pays émergents comme l’Inde ou la Chine), irréaliste (le rééquilibrage des économies est loin d’être achevé) et qui méconnait l’histoire (notamment leurs relations passées avec les pays occidentaux).
Le G20 aura, en l’espèce, un rôle majeur de prévention des conflits. « Nous aurons des tensions sur les monnaies extrêmement fortes en 2011. Le monde va aussi se battre sur l’épargne, la Chine a des besoins colossaux, notamment en infrastructures, et les ressources naturelles. »
Pour Dominique Moïsi, de l’IFRI, nous devons nous repenser car le problème « n’est pas de rêver que les Chinois consomment comme nous, alors que notre cauchemar serait de travailler comme eux ! »
« Le vent d’Est est un défi positif qui doit nous ramener à nos fondamentaux. Notre seul objectif est de devenir une niche d’excellence. (…) Nous sommes trop peu nombreux pour qu’il en soit autrement. Nous avons beaucoup à apprendre de l’appétit et du dynamisme de la Chine et de l’Inde. Face au vent d’Est, le vent de l’Ouest a besoin du vent du Nord, qui nous amènera l’éthique en économie… »
Je zappe un peu. Quelques mails de clients et des coups de fils de mon associé préféré !
J’attends Erik Orsenna avec impatience. Nous avons un peu parlé Francophonie lors d’un aparté. Une conf call est programmée…
Marc Ventre est l’un des patrons du groupe aéronautique Safran. « Le développement de la Chine est devant nous, il y a, par exemple, 45 aéroports planifiés en construction dans les années à venir, un besoin de 4 000 avions… Il y a eu récemment une forte accélération dans ce domaine avec des moyens, des hommes et des programmes de développement, notamment dans les courts et moyens courriers avec l’ambition de prendre une part du marché chinois et mondial. C’est l’émergence d’un troisième intervenant sur le marché mondial, la Comac, aux côtés d’Airbus et Boeing. Alors, face à ce constat, on s’oppose, on essaye de ralentir ou on coopère ? Nous avons choisi de coopérer depuis plus de 30 ans, mais sans naïveté ! »
Last but not least. Erik Orsenna, économiste, philosophe, globe-trotter, écrivain, prend la parole… Il veut parler du temps, notion « souvent abandonnée dans les explications du monde. En fonction des lieux, la relation au temps est différente. La Chine est un retour à une situation. Le Brésil lui se projette dans le futur. Et nous même, dans quel temps sommes nous ? Ne sommes nous pas déjà un musée ? »
« La question de la rareté est également fondamentale. Il y a les raretés physiques et les raretés par manque d’intérêt, de motivation ou d’investissements, comme l’eau. En Chine, il y a des raretés de terres arables. Elle en perd plusieurs millions d’hectares par an. »
Et le vent du Sud dans tout ça ? Je reviens du Mali où les Chinois mettent des petits drapeaux sur les ressources qu’ils n’ont pas. Et qui contribuent au développement du pays. Les Chinois sont là par besoin, et le Mali en tire profit. »
« Toute menace doit être convertie en opportunité, c’est une règle de base. Or on focalise beaucoup trop sur les menaces. Si on avait à régir nos vies selon le sacro-saint principe de précaution, on ne se serait jamais marié ! »
L’une des vedettes de l’atelier sur la Chine a été Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre, très éloquent, manie force traits d’humour qui font gondoler la salle. Un journaliste de La Tribune témoigne :
En ces temps de crise, le Medef cherche de nouveaux horizons pour les entrepreneurs français, notamment en Orient. La culture est-elle l’une des clés de l’intégration des entreprises françaises sur le marché asiatique ? Pour l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dans un marché ultra-compétitif, la France doit abattre la carte culturelle. « Les Chinois disent que la France est un pays romantique, un pays de culture. Cette civilisation de 5000 ans, qui a conscience de son importance, respecte et admire la civilisation française ». De ses visites en Asie, Jean-Pierre Raffarin a tiré une certitude : la culture est un « média » pour les entreprises françaises. « Tout se conquiert. Il serait faux de dire que les Chinois nous attendent. Nous devons nous imposer avec nos armes. » D’autant plus que dans un monde globalisé, l’influence culturelle est également un des critères de la puissance économique. Les Chinois l’ont bien compris. « A mesure que les performances économiques chinoises progressent, les normes culturelles de la Chine nous pénètrent peu à peu, doucement mais sûrement », analyse l’ex-Premier ministre. Le classement de Shanghaï, les festivals de plus en plus nombreux autour de la Chine en sont, selon lui, des exemples. « La France doit utiliser son potentiel culturel »
Un petit tour par la librairie. Quelques achats comme ce livre d’Antoine Sfeir et de Nicole Bacharan « Américains Arabes : l’affrontement » ou celui, au résumé alléchant, écrit par Niall Ferguson « L’irrésistible ascension de l’argent de Babylone à Wall Street ».
A suivre…
Nul doute que dans cet atelier, le vent a laissé la place aux idées en matière de brassage !
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La feuille de route de Sarkozy pour le G20 a-t-elle été abordée? En effet, malgré la faiblesse de la voix française dans le monde, il souhaite réguler les taux de change, maitriser les cours des matières premières et parler de « gouvernance » … ça sent la répétition du fiasco de Copenhague ou le camouflet poli de Toronto …
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