Université d’été du Medef, acte 3

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8h00. Le Campus HEC s’éveille. Les premiers cars déversent les participants accueillis avec force bonjour par des hôtesses charmantes. Vision matinale agréable. J’ai partagé l’espace arrière du car avec d’autres hôtesses. Amusant d’écouter leurs impressions de l’U d’été (« Erik Orsenna c’était trop trop bien ») et les galères (pas de pause repas, et même pas de repas du tout, la chaleur, l’absence de moyens de locomotion pour rentrer chez elle en pleine nuit…). En tout cas, cela semble un job épuisant, même si elles travaillent souvent pour des événements prestigieux comme le match France-Biélorussie au Stade de France vendredi soir.

Ce matin, de 9h00 à 10h45, une commission sur le thème des mots qui fâchent : climat, rigueur, bonus, trader, identité, fidélité, solidarité, libéralisme, retraites… Avec, de l’autre côté de la table, Claude Allègre, Jean-François Copé, Raphaël Enthoven (philosophe), Frédéric Oudéa (PDG de la Société Générale), l’excellent Michel Godet (professeur de perspectives stratégiques au CNAM)… Le tout diffusé en direct sur BFM Radio (pour ouir, un clic ici !). Je retrouve mon camarade blogueur Pierre Henry Pouchelon (on se connait depuis la campagne d’un certain NS…) et Pascal Perzo (qui sera content d’être cité une nouvelle fois, comme quoi la flatterie tient à peu de chose) qui fourmille de projets francophones !

Puis à 11h00, plénière sur les nouvelles relations internationales avec Pascal Lamy (OMC), Angel Gurria (OCDE) et Juan Somavia (OIT).

9h00. Copé vient d’arriver dans un nuage de caméras. Laurence Parisot a choisi un ensemble beige très élégant. Sourires, mouvement de foule. Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, semble un peu perdu. Il cherche son atelier.

Les mots qui fâchent font recette. L’amphi Blondeau (si quelqu’un sait qui c’est, merci de faire un commentaire pour éclairer ma lanterne) est bondé. Les strapontins sont pris d’assaut, bientôt les PDG seront obligés de s’asseoir sur les marches ! BFM TV filme l’amphi puis l’arrivée de Copé. Le ministre du budget a annoncé que les impôts pourraient augmenter en 2013. Impôts, encore un mot qui fâche !

Devant moi, les participants lisent le journal. Les Echos gagnent haut la main, devant Le Parisien et Le Figaro. Pas l’Humanité ? Etonnant non ?

Copé ouvre le débat. L’auteur de « Promis j’arrête la langue de bois » saura-t-il jouer de velours ? Question d’actu : prendrez-vous la place de Xavier Bertrand s’il remplace Woerth ? « On verra. Ici, nous sommes dans une vraie Université d’été ! » Et pan sur le bec de Bertrand à qui Copé reproche une U d’été de l’UMP sur une seule journée là où le PS avait tapé sur le gouvernement durant 3 jours…

Le mot rigueur est lancé. Raphaël Enthoven note qu’il s’agit d’un « tabou dont tout le monde parle pour dire qu’il n’en parle pas. Un tabou officiel ! » Copé rebondit sur les mots tabous de la droite il y a 10 ans : Europe, sécurité, école, baisse des impôts, libéralisme… « Je suis favorable à ce que l’on dise les choses. Dès qu’un responsable politique ne dit pas tout, ça lui revient en boomerang. » Frédéric Oudéa estime qu’il faut « réhabiliter le mot rigueur ». Copé estime qu’il est nécessaire « d’avoir un grand rendez-vous de vérité avec les Français. Tant qu’il n’aura pas lieu, les Français penseront qu’il reste des marges. La vraie question, c’est que si nous souhaitons garder notre modèle européen (l’endroit où on vit le mieux dans le Monde), il faudra accepter la rigueur. » Oudéa estime, à raison, que « le rendez-vous est tout de suite et qu’il est temps de réformer l’Etat et de le gérer comme une entreprise, avec des règles de gestion saine comme d’autres pays l’ont fait ». Et ce sera « un rendez-vous de courage » estime Copé, avec de vrais efforts sur la dépense publique, « un point non négociable ».

Copé et en forme, il fait rire la salle, tour à tour blagueur, charmeur et pertinent.

Pause pub. BFM fait son flash d’info éco en direct de la tribune. Sympa.

C’est long la pub… Pendant ce temps là, les pages de journaux se tournent, Copé se fait prendre en photo.

Pour Enthoven, la perception du mot trader, prononcé à la française, a des connotations de traitre et de malheur. Un traitre qui a une dette, mélange d’ultra libéralisme et de cocaïne qui aujourd’hui est dans une posture de repentance, ce qui peut le rendre sympathique. il est associé à bonus (un mot qui commence bien et qui finit mal, sorte de profit mesquin) et profit, qui s’exerce au détriment des autres et fait des profiteurs. La salle rigole, Oudéa moins, « j’aurais du mal à faire passer ce message à mes équipes ! »

Frédéric Oudéa souhaite que l’on réhabilite le mot travail. « On sera amené à travailler plus et mieux dans l’avenir. Et le mot contribuable, très peu usité en France par rapport aux pays anglo-saxons. L’impôt n’est pas quelque chose de virtuel, il est relié à des contributeurs… »

Copé réclame un débat de fond avec les Français. « Nous sommes trop dans un débat franco-français, nous ne savons pas assez nous ouvrir au monde et nos références sont encore trop souvent reliées à 1981 voire à 1936 ! Je viens de lire un livre qui m’a beaucoup ébranlé de Dominique Moïsi (nota : il travaille à l’IFRI, il est intervenu hier) : « La géopolitique de l’émotion ». Il donne trois clés de lecture de l’ordre du monde qui est mu par trois sentiments : la peur (l’occident), l’humiliation (le monde arabe) et l’espérance (la Chine, l’Inde…). Et nous, ici, quelle est notre espérance ? »

Le débat reprend après les infos avec d’autres invités. Les mots qui fâchent seront à l’honneur.

Claude Allègre enfourche son cheval de bataille sur le climat, estimant qu’il y a « d’autres priorités : la démographie, l’eau (aucun chef d’Etat ne s’est déplacé au sommet de l’Eau), la faim, les déchets qui n’intéresse personne. Il y a deux manières de traiter les problématiques écologiques. Soit des taxes et des interdictions, l’écologie répressive et pessimiste. Soit de faire confiance aux industries innovantes et de faire de ces problématiques des moteurs de la croissance. »

Michel Godet, très remonté, approuve, soulevant le scandale du Grenelle de l’Environnement, aux mains des « kmers verts » qui nous poussent vers un développement durable insoutenable sans tenir compte, par exemple, du « suicide démographique de l’Europe », de la dette qui, « si on inclut les retraites des fonctionnaires et si on la convertit sur la seule période d’activité de nos enfants passe de 25 000 euros à 150 000 par habitant ! »

Bon, je sais, j’ai zappé la plénière. Mais j’ai des mots d’excuses de clients, du Medef Lyon… Bref, j’ai papoté, pas vu l’heure passer, travaillé (eh oui), répondu à des mails… et même téléphoné.

Reprise des travaux à 15h00. Le thème de l’atelier sera « Et nous, et nous et nous ? » avec Christophe Barbier, rédacteur en chef de l’Express, Marc Philippe Daubresse, ministre inconnu de la Jeunesse, Serge Papin, le très intéressant président de Système U ou Alain Touraine, sociologue.

A tout à l’heure…

Les Commentaires ( 6 )

  1. posté le 2 sept 2010

    Il y a un Roux de Bézieux dans Libé ce matin mais ce n’est pas le blogueur … ;-)

    Allez-vous parler de la hausse de CRDS avec l’ancien ministre du Budget à moins que cela ait été évoqué avec Mme Lagarde hier?

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  2. de Erick Roux de Bézieux
    posté le 2 sept 2010

    @ Briavel. Les questions sont rares et je ne participe pas à toutes les commissions…

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  3. de Jérôme Manin
    posté le 2 sept 2010

    Après les mots qui fâchent aurons nous les mots qui tuent : responsabilité, proposition, compétence… ?

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  4. de Elodie
    posté le 2 sept 2010

    Site assemble nationale

    BLONDEAU (André, Louis)

    Né le 25 octobre 1911 à Coulonges (Vienne)

    Décédé le 13 mai 1996 à Châteauroux (Indre)

    Député de l’Indre de 1956 à 1958

    Né dans une famille d’artisans, André Blondeau a fait ses études primaires à Coulonges. En 1927, il entre en apprentissage pour devenir ouvrier sur métaux. En 1931, il est employé dans une entreprise de mécanique automobile à Chauvigny où il demeure cinq ans. En avril 1934, il se marie avec Janne Bimbault, dont il aura quatre enfants, deux filles et deux garçons. Militant de la CGT, il est, en 1935, secrétaire du syndicat des métaux de Chauvigny. En octobre 1936, ses activités syndicales provoquent son licenciement à Chauvigny. Embauché dans une entreprise de Poitiers, il est, à nouveau, licencié en décembre. Il entre alors à l’usine Bloch de Châteauroux-Déols où il est ajusteur d’aviation, puis chef d’équipe de fabrication aéronautique. Poursuivant son action syndicale, en 1937, il est à la fois secrétaire du syndicat CGT de son entreprise, secrétaire du syndicat CGT des métaux de l’Indre et membre du bureau de l’Union départementale CGT. La grève du 30 novembre 1938 provoque son licenciement.

    A la déclaration de guerre, André Blondeau est placé en affectation spéciale comme technicien de l’industrie aéronautique à l’usine de la Société nationale de construction aéronautique de Rochefort-sur-Mer, la direction de l’usine de Déols n’acceptant pas de le réintégrer. En avril 1940, il est mobilisé au 109e bataillon de l’air à Tours. Il est démobilisé à la fin juillet. Reprenant son activité professionnelle à Rochefort, il y est contremaître de fabrication, affecté à la construction d’avions Fock Wulf 190. Il mène des actions pour contribuer au freinage de la production. A la suite de soupçons, son domicile est perquisitionné en septembre 1942. En décembre, il entre dans la clandestinité et en avril 1943, devient agent de liaison du Front national. Il effectue diverses missions d’aide aux réfractaires. Le 6 juin 1944, sous le pseudonyme de Tilly, il entre au maquis. Nommé sous-lieutenant, puis lieutenant des Forces françaises de l’intérieur, il aura, à la Libération, le grade de capitaine et il sera affecté à l’état-major des FFI de Poitiers. Il recevra la croix du combattant 1939-1945 et la croix du combattant volontaire de la Résistance.

    André Blondeau retrouve son emploi de contremaître à l’usine de Châteauroux-Déols. Il a adhéré au parti communiste français à l’été 1944. Il exerce, cependant, essentiellement des activités syndicales et sociales. Responsable du syndicat CGT et du comité d’entreprise de son entreprise, il contribue à la mise en place des œuvres sociales. Il est membre de l’Union départementale CGT En juillet 1946, il est administrateur désigné dans les premiers conseils d’administration de la Caisse primaire et de la Caisse d’allocations familiales de l’Indre. En avril 1947, il est élu administrateur à la Caisse primaire de la sécurité sociale du département et à la Caisse régionale du Centre à Orléans. A la suite d’une grève, en août 1949, il est licencié de la SNAC-Déols. Le parti communiste lui confie la direction de l’imprimerie commerciale du journal La Marseillaise-l’Echo du Centre. En novembre 1955, administrateur élu de la Caisse d’allocations familiales de l’Indre, il devient son président. A ce titre, en 1956, il est élu administrateur de l’Office public HLM de l’Indre et du Crédit immobilier de l’Indre.

    En 1955, André Blondeau est entré au comité fédéral départemental du PCF Son parti le présente en deuxième de liste dans l’Indre lors des élections législatives du 2 janvier 1956. Pour quatre sièges à pourvoir, douze listes sont en présence. Trois apparentements sont conclus, entre la SFIO, les radicaux-socialistes et les républicains sociaux d’une part, entre le MRP et une liste d’action paysanne et socialiste d’autre part, entre les poujadistes et une liste de défense des consommateurs enfin. Le parti communiste français dénonce avec vigueur les « apparentés » . Aucun des apparentements n’obtenant la majorité absolue, les sièges sont répartis à la proportionnelle. Sur 164 567 électeurs inscrits et 127 787 suffrages exprimés, la liste communiste, avec 41 531 voix, soit 32,3 %, obtient deux sièges. Les deux autres vont au parti radical, qui, avec 30 888 voix, représente 24,2 % des suffrages exprimés.

    L’élection d’André Blondeau est validée le 20 janvier 1956. Le 31, il est nommé membre de la Commission de la presse. Il dépose peu de propositions de loi. Dans ses questions écrites ou orales, il défend le développement de la fabrication aéronautique de l’avion « Caravelle ». Il propose notamment la réaffectation de l’usine aéronautique de Châteauroux-Déols, son ancienne entreprise, alors cédée à l’armée de l’air américaine, pour la fabrication d’éléments des « Caravelles » . « J’appartiens », dit-il dans un débat le 27 juin, « à un département où l’occupation américaine pèse lourdement sur les populations locales ». Le 14 décembre 1956, il est élu conseiller municipal de Châteauroux et le restera jusqu’en mars 1959.

    Il ne vote pas la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958.

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  5. posté le 2 sept 2010

    Eh bé, tout ça pour ça !

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  6. de Un ex élu du 5éme
    posté le 5 nov 2010

    sur ce simple et très basique problème de la defailliance des cantines de lyon comment le faire savoir à plus grande échelle?

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