Pauvre « journal parlé » !

Je fais partie de ces français moyens qui, régulièrement, regardent ce que mon grand-père appelait « le journal parlé ». Autant vous dire que ces derniers temps, nombreux sont les politiques qui parlent pour ne rien dire, où disent qu’ils font et s’ingénient à n’en rien faire.

Tout démarre avec Copé. J’ai eu l’occasion de vous dire tout le bien que je pensais de certaines de ses interventions, notamment lors d’un atelier de l’Université d’été du Medef, en septembre dernier (c’est ici pour ceux qui auraient loupé l’article). Belle mécanique intellectuelle qui faisait dire à l’un de mes clients, au détour d’une réunion de travail ce matin : « Il est pour moi en piste pour une présidentielle ». Rien que ça.

Ce qui est bizarre dans son attitude, c’est qu’au moment où Nicolas Sarkozy se cartonne les juges mexicains, trop sévères (par rapport aux français ?), Copé prend le contre pied et décide de se donner l’armée mexicaine en exemple. Tenez-vous bien, l’UMP qu’il dirige vient de se doter de 200 secrétaires nationaux. Oui, vous avez bien lu, 200 ! De quoi faire plaisir à tout le monde. De quoi faire frémir n’importe quel chef d’entreprise qui sait que c’est en raccourcissant la ligne managériale que l’on gagne en efficacité. Et il revendique le concept d’ »armée mexicaine », en prenant le contre-pied de son prédécesseur Xavier Bertrand qui avait lui tenu à resserrer l’organigramme du parti.
Le plus drôle, c’est que ceux qui critiquent l’armée mexicaine des vice-présidents de Gérard Collomb au Grand Lyon (« seulement » 40 VP !) se retrouvent membres de la bande des 200 !

« Nous avons une équipe au complet », avec « une petite cinquantaine de conseillers politiques » (ministres en exercice ou ex-ministres et présidents de commission parlementaires) » et « quelques 200 secrétaires nationaux qui couvrent tout le champ du débat public. » La nuance est dans le « quelques ». Remarquez, s’il faut embaucher une secrétaire locale par secrétaire national (oui je sais, c’est un peu compliqué), l’UMP aura au moins pour mérite d’avoir fait reculer le chômage !

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Le plan média est impeccable : une télé nationale, France 2, une rencontre avec des lecteurs du Parisien, des apparitions télé à l’occasion du G20, un sourire crispé à Nicolas Sarkozy lors de la poignée de main, image contrastant avec celle tout sourire d’il y a deux ans. Il ne manquait plus que le bain de foule à Sarcelles, ville dont DSK a été député maire, et une apparition au cul des vaches au salon de l’agriculture. Mais faut pas pousser quand même…

And so what? Rien. Sur France 2, quelques critiques en sous-main (devoir de réserve oblige), deux révélations « Quoi que je fasse, son avis comptera », dit-il en parlant de son épouse Anne Sinclair, et « aujourd’hui, j’ai au jour le jour des choses à faire. Ce qui me semble être ma mission, je l’accomplis » ce qui ne manquera pas de saveur, s’il est candidat demain… Et le plus newyorkais parisiens d’ajouter avoir le « blues naturel à tout expatrié ». Pour un peu, on en aurait pleuré devant tant de platitudes. Mieux encore, DSK se pose tout au long de son discours en donneur de leçon et en sauveur du monde. « J’ai la possibilité de dire aux chefs d’État ce qui va et ce qui ne va pas. »

Bref, on se pose en homme d’Etat et on tourne autour du pot. Un pot baptisé Elysée. Ira, ira-t-il pas ? Tout semble dire qu’il ira. Plan média oblige. Ou alors, il se fout de la gueule du monde ! En attendant, il joue sur tous les tableaux, au risque de lasser devant tant d’incertitude. D’ailleurs, les derniers sondages semblent accuser une décrue. De nombreux amis strausskhaniens espèrent que ça ne fera pas pschitt. Pour l’instant, si ça ne désespère pas encore Billancourt, ça commence à lasser.