« La politique, c’est l’art des choix » nous serinait l’un de mes professeurs d’université. Et il concluait, histoire sûrement de donner du poids à son propos ou de nous prouver que pointer à l’Education Nationale était incompatible avec le stand-up « en trois mots bien entendu » !
Une phrase, et ses trois mots bien entendu, qui marquera ce billet de rentrée consacré aux travaux du Cercle des Economistes et à l’université d’été du Medef.
Le Cercle des Economistes, dont j’avais déjà eu l’occasion de vous parler à l’occasion de la sortie d’un livre qu’ils avaient co-écrit avec Erik Orsenna ici) a terminé ses traditionnelles rencontres économiques d’Aix en Provence sur un certain nombre de constats traitant du « monde dans tous ses états ». Pour eux, la crise a révélé la fragilité des États, en même temps que leur rôle décisif. Aujourd’hui, leur statut même est remis en cause de manière quasi permanente par les marchés. Ces trois jours de débats leur ont permis de formuler 14 mesures phares (d’un clic Declaration_finale_Aix_2011) pour que, de la crise, naissent de nouvelles formes d’intervention publique, à même « de relever les défis des déséquilibres mondiaux et de la pauvreté et de retrouver une croissance forte et durable. » Instructif à l’heure des choix…
Dans le même ordre, Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle, appelle dans « Acteurs publics » à “une vraie transformation du fonctionnement de l’État”, avec des obligations d’objectifs pour les fonctionnaires. Des propositions auxquelles je souscris… et de quoi donner aux politiques des éléments de choix ! A eux d’être de bons artistes.
> Retour aux sources de la Lolf
Le problème est que la Révision générale des politiques publiques (RGPP) est aujourd’hui en compétition avec la mise en œuvre de la loi organique relative aux lois de finances (Lolf) pour la réforme de l’État. La RGPP a permis de porter un regard attentif sur des dépenses qui paraissent inadaptées, mais cela n’ira pas plus loin. Il faut donc poursuivre la réforme de l’État en revenant à l’esprit et à la pratique de la Lolf. C’est une réforme dont le principe est finalement assez simple, puisqu’il vise à insuffler à l’administration une logique d’objectifs plutôt qu’une logique de moyens.
> Maintenir le statut du fonctionnaire
Les interrogations sur le statut du fonctionnaire sont secondaires. Il faut d’abord penser la réorganisation de l’administration comme étant au cœur de la transformation de l’État et de la réduction des déficits publics. Ensuite, le statut du fonctionnaire doit être maintenu et son traitement indiciaire de base doit être garanti. Mais c’est une bonne chose d’instaurer des formes de récompenses ou de sanctions financières à travers des primes distribuées selon les résultats plus ou moins favorables obtenus. Il ne faut pas instrumentaliser des termes polémiques comme “remise en cause du statut du fonctionnaire” ou “rémunération au mérite”.
> Débattre de la formation avec les enseignants
Il y a des services publics qui pourraient être sous-traités au privé et, dans le sens inverse, il y a peut-être des activités qu’il faudrait remettre dans le giron de l’État. Que les cantines soient privées ou publiques, le sort du monde ne se joue pas là-dessus. Le problème, c’est que les enfants soient bien nourris ! De même, le fait que 150 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans qualification est très grave. La question n’est pas de savoir si cela doit être du ressort du public ou du privé ! Les discussions doivent avoir lieu avec les syndicats d’enseignants pour comprendre ce qui ne va pas. C’est sûrement lié à notre offre de formation. Tout doit être évalué et débattu avant les décisions.
> Responsabiliser les fonctionnaires
Il faut préférer la responsabilisation à la décentralisation et en particulier la responsabilisation des administrations publiques. La fonction publique doit être défendue. Aujourd’hui, elle est mal utilisée car les fonctionnaires n’ont plus confiance en eux-mêmes. On ne peut redonner confiance aux gens qu’en leur donnant des responsabilités.
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L’art des choix aussi à quelques heures de la traditionnelle Université d’été du Medef qui se déroulera à partir de cet après-midi jusqu’à vendredi sur le campus d’HEC (un lien ici et la possibilité de vivre l’U d’été sur l’ordi ou sur l’Iphone, l’art des choix encore…). Le thème : 2011 villages et planète, objectif B20. B20 comme le sommet qui rassemblera à Cannes des chefs d’entreprise et les présidents des organisations patronales des pays membres juste avant le sommet du G20 sous présidence Française. De la réforme du système monétaire international aux prix des matières premières en passant par la gouvernance économique mondiale ou les grands choix énergétiques…, près de 6000 patrons débattront avec 200 personnalités (issues de 19 pays à la notable exception de l’Asie) politiques, chefs d’entreprises, intellectuels, scientifiques, syndicalistes… des sujets qui conditionneront demain la vie des entreprises. L’université d’été 2011 entend contribuer activement aux travaux et à la réussite du B20, et donc du G20. L’occasion également de lancer des messages à quelques mois des présidentielles et de la publication de « Besoin d’air » tomme 2, la suite du livre paru en 2007, juste avant les précédentes élections à la présidence de la République.
Cette université d’été a lieu au sortir d’une crise financière qui a rappelé à beaucoup de chefs d’entreprise celle de l’automne 2008 et leur fait craindre une rentrée délicate. Les premières conclusions d’une enquête auprès des adhérents du Medef du Rhône révèle que l’impact des évènements de l’été ne sont pas encore perceptibles sur l’activité des entreprises qui reste globalement bien orientée. 2/3 des entreprises qui ont répondu considèrent que la crise n’a pas eu (ou pas encore eu) d’impact sur leur activité. Les perspectives de croissance sont mitigées (seulement 50% des entreprises ayant répondu voient leur CA évoluer à la hausse) et des motifs d’inquiétude sont réels, notamment sur la volatilité du coût des matières premières et sur l’impossibilité de répercuter celui-ci sur le client final, le resserrement des conditions d’accès au crédit…
Laurence Parisot veut surtout convaincre à l’occasion du B20 de la nécessité d’aller vers plus d’Europe. « Tout le monde n’a qu’une espérance : aller plus loin dans la construction européenne. Il y a la volonté de s’engager vers un fédéralisme européen », explique la présidente du Medef.
Comme chaque année, les intervenants sont nombreux et de qualité. Comme chaque année, et toujours à la même heure, les thématiques et les ateliers s’entrechoquent laissant le participant et bloggeur que je suis sur sa faim. Impossible de se démultiplier, il va falloir choisir.
Jeudi matin, ce sera donc un atelier sur « les recompositions géopolitiques » avec notamment Pascal Boniface, directeur de l’Iris, Pierre Moscovici, député PS et ex ministre des affaires européennes, Gérard Longuet, ministre de la défense, Gilles Kepel, politologue spécialiste du monde arabe, Jean-Paul Herteman, PDG de Safran ou encore Catherine Withol de Wenden, politologue spécialiste des migrations internationales.
Un regret, ne pas pouvoir entendre Henri Guaino qui intervient dans une autre table ronde à la même heure. Ce gaillard sait tenir un auditoire…
L’après-midi, atelier sur « le pacte social au programme du B20″ avec Xavier Bertrand, ministre du travail, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris (et dauphine de Bertrand Delanoë), Bernadette Ségol, SG de la confédération européenne des syndicats…
Le programme est en ligne ici et, comme chaque année, je tenterai de vous faire un live blogging toute la journée de jeudi, entre deux rendez-vous…
Rendez-vous donc jeudi, vers 9 heures du matin.
Quelle est la différence entre le Salon du MEDEF et le Salon du PS – Une semaine ?
En matière de « sismographie » ne parlerait-on pas de réplique ?
Comme dirait Gaspard Proust, je suis un « cartésiens désabusé » : je pense, donc je suis, mais je m’en fous …
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Comment peut-on être chez le MEDEF ce week-end : http://partichretiendemocrate.fr/index.php/toutes-les-actualites/13-articles/597-universite2011
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@Erick. Oops, je me suis gouré dans les dates. Tu peux virer mes deux derniers messages. Merci
Note : comme cela tu seras aussi aux universités d’été du PCD avec Christine
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Comme me le disait un ami FM l’autre jour, « chez nous, on a la lumière et elle réfléchit ». Au PS c’est pareil. Au Medef, il y aura des lumières sur scène et nous pourrons individuellement et collectivement réfléchir…
Quant à Christine, elle laisse passer la lumière parfois !
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Quand les amis ∴ ne brulent pas la chandelle par les deux bouts, ils vendent la mèche au moins disant…
« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. » E. Rostand
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