Succès historique pour la gauche. Sourires entendus à droite, notant que 96% des électeurs ne se sentent apparemment pas de gauche. Le fait est que le PS vient de marquer un point. Tout en ouvrant de nombreuses questions quant à son avenir…
Loin de moi l’intention de me moquer des 4 électeurs sur 100 qui se sont déplacés pour voter aux primaires « citoyennes ». Mobilisation à tempérer avec la campagne de communication dont elles ont pu bénéficier. Je ne commenterai pas plus les résultats des uns ou des autres, à ceci près que l’affaire semble mécaniquement loin d’être gagnée pour Hollande, qu’Aubry paie sa non-campagne des premiers mois, que la dame du Poitou a récolté ce qu’elle a semé et que Valls marque pour l’avenir. Reste le cas Montebourg, loin de l’eau tiède des deux candidats en tête, fédérant les déçus, les délaissés, les peurs et autres anti-tout (plus une large pincée de voix de militants de chez Mélenchon, trop heureux de bordéliser le PS). Avec force, il a su se démarquer et peser. Le grand écart commence pour Martine, qui va mécaniquement se « gauchiser », et François qui va… je n’en sais rien ! Chasse à la voix, question de survie. Mais au PS, on est habitué aux synthèses improbables.
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Cette première primaire pour désigner le candidat d’un parti, primaire ouverte à qui veut voter, est une fantastique opération qui va remettre en question bien des choses.
Déjà l’UMP, si critique, étudie le système. Car le temps est fini où quelques uns décidaient pour les autres. Plus une commune, un département ou une région où un aménagement ait lieu sans consultation. Même si la loi ne le prévoit pas. Tout changement, à fortiori lorsqu’il touche au quotidien, peut être ressenti comme la perte de quelque chose pour les habitants. Des habitants qui souhaitent de plus en plus être associés aux décisions, prendre part à la réflexion, contester les choix… Bref, être acteurs.
Cette primaire leur a offert un rôle en or, faiseur de (futur ?) roi ou reine. Et je parie qu’ils vont y prendre goût. Même à 4%.
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Cette première primaire pose aussi le rôle des partis politiques dont l’article 4 de la Constitution pose qu’ils « concourent à l’expression du suffrage » universel. Leur mission est, bien entendu, de porter une parole, de travailler sur un programme et de supporter des candidats aux élections, notamment présidentielle.
Mais qu’en est-il face aux primaires ? Le programme du parti s’applique à tous les candidats, ils font entendre plus ou moins fort leur petite musique (plutôt moins que plus dans la majeure partie des cas) et l’élection, médias et sondeurs aidant, ressemble plus à un casting de la nouvelle star. Et il y aura toujours des Montebourg pour oser la différence histoire de peser et de négocier leur plus value.
A l’époque de la téléréalité, le risque est de voir la forme l’emporter sur le fond. Le tiède sur le chaud. Le mou sur le fort. Les 40% de Hollande, qui a manié le tiède et le mou durant toute la campagne (et depuis des années d’après son ex-compagne Ségolène Royal) en est l’exemple le plus frappant.
Une présidentielle, c’est le rapport un peu mystérieux entre un homme (ou une femme) et la France. Beaucoup y pensent en se rasant, peu en ont la capacité, le charisme et ce petit plus qui fait la différence entre des politiciens et des hommes d’Etat. Pas sûr que le casting serve de révélateur. Le talent, on l’a en soi, il ne s’acquiert pas au fil de la campagne.
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A côté de ça, le nombre de candidats du PS est plutôt signe de vitalité. Pas de ça au Modem où à l’UMP, deux partis construits sur le modèle du « leader maximo ». Un chef, un candidat. Pas si simple à gérer. On le voit à l’UMP qui, depuis sa création, a refusé les courants, et qui aujourd’hui n’en finit pas de craquer aux entournures.
François Fillon pense aux primaires pour l’après 2012, Copé salue l’exercice. Nul ne doute aujourd’hui qu’ils y viendront demain. C’est le sens de l’histoire. On me rétorquera que la démocratie existe à l’UMP puisque les candidats aux autres élections sont désignés après le vote des militants. Faux nez de démocratie puisque c’est celui qui aura fait le plus de cartes qui est sur de l’emporter. On n’est pas loin du système mafieux. D’ailleurs, le PS élit ses candidats depuis des années. Sur la même base. On voit ce que ça a donné en 2007, Royal en tête !
L’ouverture aux autres, aux non militants, est la vraie avancée démocratique du PS. Au risque de se demander désormais à quoi sert le parti, si ce n’est de poulinière. Et encore. Tout reste donc à inventer. La gauche a montré la voie, reste à la vie politique à se faire à cette nouvelle donne.
« La minorité a ceci de supérieur à la majorité qu’elle comprend un nombre inférieur d’imbéciles. » disait Léo Campion, donc avec 30 ou 40% des 4% on frise l’excellence. A 5% des 4%, on tutoie le génie.
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Du grand Jérôme Manin ! A quand un blog ?
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ERdB Bonsoir,
Vieux nostalgique du « sous bipolarisme » UDF – RPR qui permettait une offre politique un peu plus ouverte à droite qui donnait une voie d’expression aux orléanistes et aux bonapartistes, je crois que le « machin » qu’est devenu l’UMP dont la vocation était à l’inverse de verrouiller l’expression politique au bénéfice des chiraquiens d’abord qui – dépouillés au coin du bois – ont vu leur outil passer aux mains des tenants du « tout est possible » avec l’ancien maire de Neuilly ne pourra persister sans primaires élargies.
Certes pas en 2012 même si fort des enseignements du passé – l’outil a déjà changé de mains pour un Copé qui se met en embuscade pour 2017 quitte à – dans l’attente – soutenir Sarko telle peut’être la corde soutenant le pendu; c’est à dire pour mieux l’étouffer.
Dommage d’ici là car exit – vraisemblablement définitif – de la possibilité d’une candidature salutaire Juppé ou l’émergence d’un Baroin par exemple (mais lui a encore le temps).
Primaires ouvertes à l’UMP alors en 2017, il va falloir encore patienter et voir au contraire – par forfaits, par affaires judiciaires ou autres intimidations – les alternatives de droite à Sarkozy disparaitre les unes après les autres…et pourquoi pas à l’extreme droite également, Marine n’a pas encore ses 500 signatures et si la réélection est à ce prix, le clan du moment au Chateau n’aura guère d’états d’âme.
Alors en attendant, ce sera peut’être François ou Martine…
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Un seul enseignement, la nouvelle génération est en piste au PS.
Et à l’UMP ?
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Le fait est que rien n’est gagné pour Hollande qui se voyait déjà roi ! Et si le différentiel de voix au second tour de la primaire était minime, quelle serait la légitimité du vainqueur ? Celle d’avoir été en tête (en démocratie, cela suffit), mais vis à vis des militants ? Heureusement, Sarkozy les excite tellement qu’ils retrouveront rapidement leur unité sur le dos du président candidat.
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Un succès historique de la gauche, dis-tu ? Tu as raison pour le côté historique car quand j’ai écouté Hollande ce soir, j’ai cru me retrouver en 81 quand Mitterrand faisait campagne dans une France encore loin de la modernité, quant à Martine Aubry avec sa blouse en nylon et son sautoir, c’est un revival giscardien (sans doute pourquoi tu parles de succès !), bref tout cela n’est qu’une mascarade organisée avec en partie l’argent des contribuables et dont le semblant démocratique nous rappelle étrangement une élection en URSS où entre plusieurs candidats, le gagnant restait communiste !
Benoît de Valicourt
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Succès historique Benoit car c’est, en France, une première. Or les premières fois entrent toujours dans l’histoire, quelle que soit la porte, petite ou grande.
Quant à la mascarade, tu as la dent dure, même si entre mascarade et nouvelle star, il n’y a qu’un pas.
Quant à la France de la modernité, elle est encore loin d’être actuelle. Je te conseille de lire mon prochain billet d’humeur dans Tribune de Lyon de jeudi prochain…
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Ce soir Copé n’a pas perdu d’élection. Il a pourtant trouvé moyen d’être mauvais perdant.
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Jean-François Copé, mauvais maire de Meaux dénigre la tartine au brie. Imaginez si Gégé, le copieur invétéré de la droite, méprisait la quenelle…
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[messages à caractère personnel] : « ma Jenlin sent le front populaire – mon gouda fait envie au meldois – la pintade est une galliforme »
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Erick cela ne veut rien dire, en Italie, en 2008, 4 millions d’electeurs avaient participés à la primaire du parti démocrate et Veltroni (le candidat démocrate) avait été très largement battu par Berlusconi…
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Mais il y avait bien eu des primaires la dernière fois ! De mémoire, une certaine Ségolène avait gagné. La seule différence est que les primaires de 2011 sont organisées dans les écoles de la République avec en partie l’argent du contribuable et que ce semblant démocratique a été largement relayé par la presse, sans doute pour éviter de parler des vrais sujets qui concernent tous les français et non 1,5 million de personnes qui auraient dû, en qualité de partisans des valeurs sociales et de partage, utiliser l’€ symbolique versé pour voter, soit 1,5 million d’€, à la lutte contre la pauvreté. Là, les valeurs de gauche auraient pris tous leurs sens. Je souhaite que l’UMP ne fasse pas la même connerie et j’en appelle au bon sens de Messieurs Copé, Fillon, Perben, Havard, …
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Ah Benoit, on voit que tu es un nouvel adhérent de l’UMP… Tu verra, un jour tu en aura marre que l’on décide pour toi…
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@Benoit. Il nous manque l’analyse de la chandelle du 7ème pour nous expliquer que :
- il faut donner de nouveaux titres et rentes aux familles proches du pouvoir local pour les remercier d’avoir laisser l’accès aux bâtiments publics
- l’argent public à été pour une fois utilisé pour le pauvre peuple des stipendiés de gauche qui d’habitude est obligé de se servir
- 96% de la population, ne s’est pas déplacée, pour, par conscience de gauche, faire faire des économies à l’état et pour prouver son accord avec la légitimité de la candidature de la première secrétaire du parti.
Mais rassurons nous, dés demain, les écoles de la République sont en RTT électorale, les esprits chagrins y verront une grève.
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Benoit, les dernières primaires socialistes n’étaient réservée qu aux adhérents du parti. Aujourd’hui, ce sont tous les français qui sont appelés à voter… Ce qui relativise très fortement la participation car 4% de participation c est quand même le plus taux d’abstention de toute l’histoire (96%)! Est ce à dire que seuls 4% des français de retrouvent dans le parti socialiste? Peut-être…qu en aurait il été de l’UMP ou des autres partis… Sans doute pas tellement mieux! Une leçon peut-être à tirer pour les partis : les français dans leur grande majorité ne s’y reconnaissent plus…
Pour les 1,5 millions d’euros, ils vont servir à cofinancer cette élection.
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Benoît, je suis entièrement d’accord avec toi. Donc rien à ajouter!
cette primaire est de toutes les façons faussée puis que les socialistes non pas été les seuls à voter!
certains de droite ont voté aussi.sans parler de l’extrême gauche.
Je m’interroge aussi sur l’anonymat de ces élections!
reste aussi le respect du temps de parole.
comment résoudre le temps accordé par les médias radio-télévisuels aux socialistes!
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@Patricia-Charlotte. « comment résoudre le temps accordé par les médias radio-télévisuels aux socialistes » Comme le choléra vous empêche d’attraper une grippe intestinale, le communisme devrait venir à bout des excès de logorrhée socialiste. CQFD
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Pour l’équité de temps de parole à l’UMP; il suffit d’organiser des primaires ouvertes à toute la droite, avec De Villepin, Juppé, Borloo, Bayrou, Morin, Boutin…Sûr qu’on entendrait parler longtemps de l’UMP.
A moins que le silence ne soit préférable pour laisser l’impression enthousiaste de l’unité derrière Sarkozy…
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@ Elodie, le parti ne compte que 130 à 140 000 adhérents, nous savions que chaque adhérent devait faire venir 9 sympathisants pour atteindre le million. Quel chemin parcouru : voter le principe – convaincre nos propres candidats (la sortie de DSK nous y a aidé) – rassurer l’électeur – obtenir l’aval de la CNIL – convaincre les médias – réussir nos débats – Tracter, boîter pour que les électeurs trouvent leur bureau de vote – trouver du monde hors PS pour nous aider à tenir les bureaux …
C’est une idée de Terra Nova mais une victoire des militants, on ne le dira jamais assez !
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Ces primaires ont montré que 96% des électeurs s’en fichent de ses primaires, que le PS est profondément divisé, et qu’il n’a ni programme, ni leader.
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A Lyon, 25 191 votants.
Aubry est en tête avec 34,4% alors que notre bon maire soutenait Hollande (33%) et qu’idéologiquement, il est proche de Valls (7%). Montebourg a fait 19,6% alors que notre bon maire est à l’opposé sur bien des plans.
34,4% + 19,6% = 54%. Cherchez l’erreur !
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@Gégé minoritaire. Un petit poste, une petite association, un petit marché publique, Gégé est le roi de Lyon et la lumière du Régime Collomb. Le reste est littérature socialiste, c’est dire…
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Choisir pour la France de 2012 entre la gauche des années 60 et celle des années 80… Choix qui restera dans l’histoire sous le nom du grand défit des 4%…
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