« La peur est revenue »…

peurPar cette simple phrase, « La peur est revenue », Nicolas Sarkozy a marqué les esprits lors de son discours de Toulon, mettant en ébullition le petit monde des commentateurs parisiens, effarés par tant d’audace. Mais il faut bien le reconnaître, et la presse y contribue activement, l’actualité, et surtout l’impression d’impuissance politique qui s’en dégage, nourrissent cette peur…

Depuis de nombreuses années, les Français voient leur monde leur échapper. A commencer par celui du travail. Face à une mondialisation parfois incompréhensible et dont les ressorts semblent bien éloignés de la vie quotidienne ; face à des marchés qui semblent ballotés entre les décisions parfois contraires de traders ou d’actionnaires lointains, pour qui une courbe ou un bon Ebitda* vaut mieux qu’un être humain ; face à des entreprises qui perdent peu à peu de leur sens et à un management déboussolé, oui, de nombreux Français ont peur. Les réunions auxquelles je participe, chez mes clients, s’en font régulièrement l’écho. Oh, ce n’est certes pas une peur enfantine, terrifiante, c’est plutôt une peur diffuse, proche parfois de la désespérance. Peur de perdre un travail, peur de la précarité qui, parfois, semble à portée de main, peur de ne plus pouvoir payer ses traites, peur, tout simplement, d’un avenir que l’on ne perçoit plus et d’un sens aujourd’hui caché.

Tous les éléments sont aujourd’hui réunis pour nourrir, hélas, le populisme et les extrémismes de tous poils : la frustration, le discrédit de la parole politique, le désarroi et les peurs.

Face à ces peurs, les Français se replient et ont du mal à se projeter dans une aventure collective, d’autant que nous sommes en totale insuffisance de discours politique. Apaiser l’angoisse des marchés, c’est bien, mais tenter d’apaiser l’angoisse du peuple est aussi une nécessité !

Dans les entreprises, où nous passons un bon tiers de notre temps, le management est à la peine. Comment motiver, comment recréer le lien, comment, tout simplement, redonner l’envie aux salariés ?

Le meilleur moyen de retrouver le sens est de créer du lien avec les autres. L’être humain est un animal social, nous avons besoin du groupe pour vivre. Le vrai bonheur réside dans l’expression du « bon génie » qui est en nous, affirmait Aristote. Or l’engagement repose sur trois leviers principaux : le salarié s’engage d’abord si son entreprise est en phase avec sa culture et ses valeurs ; s’il est fier d’appartenir à un groupe leader ; enfin, si son employeur assume le développement de ses compétences. Trois leviers à portée de main des entrepreneurs… Et si la lutte contre cette peur commençait déjà de l’intérieur, dans nos entreprises ?

* Ebitda, indicateur de rentabilité économique qui mesure le résultat opérationnel avant dépréciation et amortissement.

Les Commentaires ( 2 )

  1. de Jérôme Manin
    posté le 16 déc 2011

    La peur gagne ses lettres de noblesse comme la liberté et l’égalité, on ne tardera pas à tout lui mettre sur le dos.

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  2. de François Deleuvre
    posté le 21 déc 2011

    Bonne analyse, qui mériterait d’être développée sur le monde de l’entreprise

      Répondre

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