LyonMag m’a demandé de réagir à la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy hier soir sur TF1. Sur le fond comme sur la forme. Je vous fais partager le texte qu’ils ont mis en ligne cet après-midi…
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Erick Roux de Bézieux*, président de l’agence lyonnaise de communication d’influence Syntagme, analyse pour LyonMag l’annonce de la candidature à l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy mercredi soir sur TF1. Gestes, attitude, messages, méthode… Décryptage.
De la contrition « du premier communiant » à la Commedia dell’arte
Mains jointes, regard droit, « Nicolas Sarkozy a d’emblée pris la position de premier communiant, de l’élève sage », explique Erick Roux de Bézieux. Une attitude sérieuse pour annoncer sa candidature. Le propos suit d’ailleurs la gestuelle. « Si vous voulez me faire dire que nous n’avons pas tout réussi, ça c’est sûr ». Cette forme de clairvoyance penaude de Sarkozy lui permet ensuite d’enchainer. Passage à la gestuelle à l’italienne. Le président de la République se sert de ses mains pour appuyer la parole. « Il alterne les poings serrés pour marteler une conviction, une main en avant pour symboliser l’action et les mains ouvertes en signe l’accueil. » Le chef de l’Etat français maîtrise parfaitement sa communication. « Je l’ai trouvé, comme souvent ces derniers temps, très pédagogue, comme Giscard en son temps lorsqu’il expliquait l’inflation à la télé », confie le président de Syntagme.
Les réseaux sociaux mobilisés
La volonté était de capter l’attention sur TF1. Les radios nationales comme Europe 1, RTL et France Info ont pu diffuser les sons de l’annonce de Nicolas Sarkozy quelques minutes après leur diffusion sur TF1. Des minutes précieuses dans la course à l’info où le commentaire précédait le verbe présidentiel ! Seuls les réseaux sociaux sarkozystes ont transmis les informations en temps réel. Tout a été géré pour que TF1 et les propres outils de communication du candidat aient un coup d’avance. Le président-candidat a créé un compte Twitter pour sa campagne le matin même. « Des phrases clés avaient été préparées à l’avance et son équipe tweetait ses paroles en simultané », glisse le spécialiste en communication. Facebook a lui aussi été utilisé. Le compte présidentiel a déjà recueilli 534 592 ‘j’aime’. Et en dehors des réseaux sociaux, un site internet à été lancé pour la campagne. Il se nomme comme le slogan de Nicolas Sarkozy : « La France forte« , mettant ainsi en avant dans le nom « un objectif plutôt que l’homme qui le porte ».
Une annonce à l’américaine
Nicolas Sarkozy a répondu sans aucune hésitation à la question de sa candidature. « Pas comme Mitterrand qui avait laissé, en 1988, un long silence s’installer avant de répondre », indique Erick Roux de Bézieux. Le président-candidat agit davantage comme les présidents américains, façon « I have to do the job » (« faire le taf » en français), décrypte le lyonnais. L’idée : l’enjeu final ne sera pas la quête d’un troisième mandat, interdit par la Constitution, mais l’action et la réforme. « Le changement devient donc possible, puisqu’il n’est pas question de réélection cinq ans après », argumente le Lyonnais. Cette possibilité d’un changement avait d’ailleurs été le gimmick de campagne du président en 2007, entre son slogan Ensemble, tout devient possible et son discours de candidature du 14 janvier 2007 Porte de Versailles à Paris, axé sur la locution verbale « J’ai changé. » Une forme de resucée soluble dans le « to do the job » : réponses sans détours, pas de promesses intenables, brevet d’honnêteté intellectuelle délivré dans la promesse de lendemains qui déchantent. Autre « truc » pris aux hommes politiques des Etats-Unis : l’utilisation des mots simples, sobres et directs. « Il a su se montrer accessible », constate-t-il.
Un discours en trois points
« On a géré des crises et conduit le changement en parallèle ». Cette phrase prononcée par le président français mercredi soir sur TF1 signifie « on ne pouvait pas tout faire mais ce n’est pas fini, je suis prêt pour finir le travail commencé », décrypte le président de Syntagme. Son deuxième axe : redonner le goût à la politique. Il l’avait déjà abordé en 2007 lors de son débat avec Ségolène Royal. « Leurs échanges avaient montré que la politique pouvait changer les choses », commente le communicant. Le troisième point tient en filigrane dans une phrase : « Souvent en politique on a promis le rêve et tout le temps le rêve s’est transformé en cauchemar ». Ces propos du chef d’Etat sont révélateurs. « Ce sera le candidat qui en promettra le moins parce que les gens n’y croient plus », pense-t-il. Et Roux de Bézieux d’ajouter que la communication politique ne fait pas tout, loin de là. « Elle est d’abord au service de convictions et d’un candidat qui les porte. On ne fera pas d’un cheval de trait un pur-sang, la communication ne peut pas tout masquer », prenant soin de ne pas préciser le destinataire de cet ultime oracle.
* Nota : Erick Roux de Bézieux a participé activement à la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, notamment en contribuant à l’animation des réseaux sociaux.
C’est généreux de relever l’indigence des articles de Lyonmag.
Semant à tout vent, je ne resiste pas à la dispersion des anagrammes de « La France Forte » : Offrant raclée – Lancera effort – Franco-frelaté – Reflet carafon – A tancer l’offre – larron affecté – fatal renforcé – Affronter cela – Le cor effarant etc…
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