Samedi, 6h30. Un charivari me réveille. Bruits de poubelles, de camion benne et d’interpellations joyeuses. On dirait que la grève est terminée et que l’on veut que cela se sache ! Un rapide tour du quartier suffit pour voir que les ordures continuent de s’amonceler.
Au grand dam des habitants et des commerçants de 17 communes du Grand Lyon.
Ce lundi : 40% de grévistes. Et 67% du service public assuré, grâce notamment aux entreprises privées titulaires du marché de la collecte des ordures. En effet, si l’on devait rapporter ce chiffre aux agents du Grand Lyon, et donc aux secteurs qu’ils couvrent, le service public ne serait alors assuré qu’à 38% !
Il ne s’agit pas, dans cette chronique, de revenir sur le droit de grève, d’ailleurs sanctuarisé dans le préambule de la Constitution. Ni de nier les conditions de travail parfois difficiles des ripeurs. Ni même de revenir sur leurs fiches de paye -Gérard Collomb annonce 1 700 euros nets par mois pour 800 heures travaillées par an- ou encore sur l’étrange règle du fini-parti. Quand on aime, on ne compte pas !
Le service public semble au cœur du conflit. Pour ma part, je préfère le service AU public. Deux lettres qui changent tout. Car en définitive, ce qui compte, c’est quelle politique de gestion des ordures, quelle efficacité et à quel coût ?
Cette gestion est l’un des grands enjeu des villes dans lesquelles habitent plus de 80% des Français. Le Grenelle de l’environnement avait fixé des objectifs forts : généralisation du tri sélectif à partir de 2012 ; 45 % des ordures ménagères recyclées à l’horizon 2015, ainsi que 75 % des emballages ménagers et d’entreprise d’ici 2012.
Où en est le Grand Lyon ? Si des opérations de sensibilisation des habitants sont organisées, elles passent souvent inaperçues, sans impact réel, sauf l’excellente expérimentation des « Ambassadeurs du tri » à Vénissieux. Il est certes difficile de changer nos (mauvaises) habitudes, mais, ailleurs en France, les initiatives innovantes et efficaces sont nombreuses… Et in fine, dans le Grand Lyon, les chiffres sont têtus : un taux de recyclage de seulement 22,7% en 2010. Soit une obligation de doubler ce chiffre en 5 ans pour respecter l’objectif du Grenelle !
Et cette collecte, doit-elle être effectuée par la collectivité ou déléguée au privé ? Là encore, les chiffres… La tonne ramassée par le privé revient aujourd’hui à 70 euros contre près de 130 euros dans le public. Une bonne gestion devrait naturellement conduire la collectivité à déléguer 100% de la collecte. Avec des objectifs clairs en termes d’augmentation du tri sélectif, de qualité de service, de respect du Grenelle. Resterait aux élus à faire preuve d’ambition et d’esprit d’initiative, notamment en incitant plus fortement entreprises et particuliers à jouer le jeu. Quitte à appliquer la règle du « pollueur-payeur ».
En attendant, il faut encore que je me coltine la corvée de poubelle !
Ce texte est la reprise de mon billet mensuel dans l’hebdomadaire Tribune de Lyon. Il est paru le jeudi 29 mars. Jour du vote de la reprise du travail par les éboueurs du Grand Lyon.
Merci à Lyonmag.com pour la photo que j’ai chipé sur leur site. Faute avouée…
Pour nos néanmoins amis socialistes « service public » veut dire payé par le public et dénombrable en poste de fonctionnaires, pour nous cela veut dire au service du public et cela peut même être efficient et pertinent. Parlons nous la même langues ?
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En bas de chez moi, ce dimanche, rien n’a changé. Si, des dizaines de sacs en plus. Et ils sont où, et ils sont où ces éboueurs ? (air connu)
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Ca fait réfléchir aux méthodes de gestion public vs privé cette différence de coût. Dans une interview, Collomb parle de 82 euros pour le privé, vous 70. Quel est le bon chiffre ?
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@ Alain. Les deux. 70 euros la tonne, c’est le coût aujourd’hui facturé au Grand Lyon. Avec des marges laminées. 82 euros ce devrait être le tarif après l’appel d’offres en cours. Gérard Collomb s’est tout simplement positionné par rapport aux futurs coûts de collecte.
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