15 août. Côtes de la Turquie, face à l’antique citée d’Olympos. 5 minutes après avoir hissé la grand’voile, mon camarade Gérard Angel (le patron de l’inimitable hebdo satirique lyonnais « Les Potins d’Angèle ») se saisit d’un cahier à spirale. Il note quelques mots. « Collomb et les 40 branleurs » et me sort goguenard « On a le titre, maintenant, il faut écrire la pièce ! »
Quelques jours plus tard (après avoir tiré quelques bords ; poussé des bordées d’alexandrins sans aucune rime, ma spécialité ; éclusé force verres de rhum agrémentés de citron vert pilé ; tiré avec application nos langues de VIP et noté tout plein d’horreurs), nous voilà les auteurs d’une comédie satirique en 5 actes, et en alexandrins s’il vous plait, sur la vie politique lyonnaise. Tout au long des 72 pages de ce qui sera, à n’en pas douter, le best seller de la rentrée entre Saône et Rhône, une seule question taraude Gérard Collomb, le sénateur maire de Lyon : « Qui choisir pour me succéder ? »
Et tous y passent, satire dans tous les coins !
On sait depuis les dernières élections législatives que Gérard Collomb aime à désigner lui-même ceux qui sont les plus aptes à représenter sa bonne ville de Lyon. Thierry Braillard et l’inconsolable Philippe Meirieu peuvent en témoigner. Dès lors, on ne s’étonnera pas qu’il ait à cœur de choisir celui ou celle qui, à Lyon et au Grand Lyon, pourrait le jour venu lui succéder. Entre ses quarante vice-présidents à la Communauté urbaine (ceux qu’il surnomme lui-même au détour d’un vers « les 40 branleurs ») et sa vingtaine d’adjoints à la ville, il a l’embarras du choix.
On aurait tort de limiter cette quête à ce seul cercle de proches. La droite a quelques raisons d’espérer. Qui suit la politique lyonnaise sait que Gérard Collomb a parfois les yeux de Chimène pour son opposition. N’est-ce pas chez les sarkozystes qu’il est allé piocher son très économe adjoint aux finances Richard Brumm ?
Allez, une petite scène, pour le plaisir. C’est la scène 2 de l’acte 2…
Hubert Julien-Lafferière, dépité, quitte le bureau. Il croise dans le couloir Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement, qui a son habituel air chiffonné.
Collomb :
Pourquoi tant de rancœurs, tant de pointes acérées ?
Je t’aimais comme une sœur, je voulais tant t’aider.
Tu m’as fait de la peine. Ce n’est pas bien sérieux
De te jeter au cou de ce vilain Meirieu.
J’aurais pu te nommer tout près, à mes côtés,
Je t’aurais emmenée voir Mauduy et Nallet.Perrin-Gilbert :
Gérard, vous m’offensez
Collomb :
Pourquoi ce voussoiment ?
Ne serions-nous plus camarades comme avant ?Perrin-Gilbert :
Je réserve le tu à mes amis PS,
À ceux qui sont touchés par les hommes en détresse.
La veuve, l’orphelin, l’immigré clandestin
Tu ne regardes plus… peut être avec dédain.
Tes amis puent le fric, à commencer par Brumm.
Et tu n’as pas compris que tu n’es que leur groom !Collomb :
Mais…
Perrin-Gilbert :
Vois, tu ne nies pas. Pour moi tu n’es plus rose
Depuis qu’aux Docks 40, tu fréquentes Larose.
C’est sans parler d’Aulas, de son jet, de son fric,
De son stade indécent, de son copain d’la RIC.
Et puis il y a Ginon, cet homme de salons.
Il a pris Eurexpo, et tu n’as pas dit non.
Il a pris la Cité, et tu n’as pas dit non.
Même à la Sucrière, tu lui as pas dit non.
À tes renoncements, c’est moi qui te dit non !Elle se lève et quitte le bureau
Vous en voulez encore ? J’entends des Najat, Najat. Bon, allez, c’est bien parce que c’est vous !
Acte 2 – Scène 3
Nathalie Perrin-Gilbert croise Najat Vallaud-Belkacem, aujourd’hui ministre et porte parole du gouvernement, en sortant. Elles s’embrassent comme bon pain.
Collomb :
Quelle mouche l’a piquée ? La Perrin est timbrée !
La voilà qui se croit revenue au lycée.
Voudrait-elle nous lancer une révolution ?
Je m’y opposerai avec résolution.Vallaud-Belkacem :
Elle est aigrie c’est vrai, mais ne l’as-tu déçue ?
Nathalie t’adulait, tu as cogné dessus.
À elle tu as promis mille monts et merveilles
Pour toujours l’oublier au sein de l’appareil.Collomb (fâché) :
Comment peux-tu oser contre moi te dresser ?
Oublie-tu qui t’a faite ? Jamais t’aurais grimpé ;
C’est à mon cabinet que tu as tout appris,
Que tu as récolté les mandats et les prix.Vallaud-Belkacem :
C’est vrai, tu es mon maître, un exemple parfait ;
Je t’ai vu oublier tes amis, tes valets,
Renier à tout moment tes choix et partisans.
Aujourd’hui au sommet, fort libre je me sens.
Je porte la parole de ce gouvernement.Collomb :
Pour ici parvenir, que de renoncements !
Vallaud-Belkacem :
Hollande est mon héros comme l’était Ségo.
À moi le maroquin… toi tu joues à l’égo !Collomb :
Trêve d’arrogance, reviens un peu sur terre.
Comme certaines fleurs, peu dure un ministère.
Garde tes fariboles pour les cocus d’Monchat !
Ils t’ont donné leurs voix et toi tu les lâchas.Vallaud-Belkacem :
À l’inverse de toi, je suis une moderne,
Le cumul des mandats, c’est pour les vieilles badernes.
Je m’occupe des femmes et supprime le tapin.
Voilà un beau combat et j’en verrai la fin.Collomb :
Tu vois le mal partout quand nous voyons la femme.
Tu es ta pire ennemie…Vallaud-Belkacem :
Et toi tu es infâme !
Devrais-je te rappeler quelle icône j’étais
Dont tu t’es bien servi pour ton propre intérêt.
Aux dernières élections, aimer Lyon et Najat
T’a permis de gagner et Perben mettre mat !
Mon charme, mon sourire ont désarmé Havard
Sur l’affaire de Grôlée, il ne fut pas bavard.
Tu sais bien comme moi quel danger ce dossier
Représentait pour toi et tous tes colistiers.Collomb :
Voilà que tu divagues, aurais-tu oublié
Que les privilégiés pullulaient à Grôlée.Vallaud-Belkacem :
Pour un Soulier verni, tant de pauvres à la rue
Qui n’ont pu espérer le concours d’un Arrue !
Ca vous a amusé ? Reste à acheter le livre ! Il sort la semaine prochaine, mais vous pouvez le commander en envoyant un chèque de souscription de 10 euros (tarif de souscription) directement aux Potins d’Angèle, en indiquant bien vos coordonnées. Après, ce sera 12 euros. Une fortune !
Collomb et les 40 branleurs, comédie satirique en cinq actes et en alexandrin par Gérard Angel et Erick Roux de Bezieux, 70 pages, 6 illustrations originales de Patrick Fiche, 12 euros. En vente auprès de l’éditeur (Editions Ventotene, 34 rue Tupin, 69002 Lyon) ou en téléchargement sur le site www.lespotinsdangele.com
Les langues mal affutées qui colportaient qu’Erick n’avais rien branlé de l’été en seront pour leurs 2 billets de 6 € !
Maintenant, on fait comment pour avoir un petit rôle dans l’adaptation théâtrale ?
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@ Jérôme, on paye !! On a les vacances à rembourser ! )
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Comme les vacances ont été studieuses! Mais cela ne nous dit pas, si entre deux vers( ou entre deux verres…) des progrès ont été faits côté navigation car là, je peux en témoigner…il y avait du travail!
Mais peut-être est-il plus facile de tirer sur Gérard Collomb et ses branleurs que sur les cordages pour hisser la voile…?
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Au moins moi, j’ai appris qu’on disait des bouts ! Pour le reste, j’aime bien voir Gérard bosser. C’est si rare ajouteront certaines vedettes involontaires de la pièce !
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Je viens de dénicher le 41ème branleur: sur le bateau, il regardait le capitaine bosser!
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Je viens de trouver le 41 ème branleur…Sur le bateau, il regardait le capitaine bosser…
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En l’occurence, certains soirs, c’était plutôt Cap’tain Et’glou !!
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On sait que Belkacem veut supprimer le tapin, on apprend que Collomb voit une femme derrière chaque prostituée (du bon sens !) et que les auteurs publient leur pièce rue Tupin pour le prix d’une mauvaise passe ! Ah, vraiment quand vous dit que c’est une histoire de branleurs !
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Dommage pour le titre. On dirait du sous Montaldo. Et parmi mes 40, il n’y a heureusement pas que des branleurs. Vous avez du bien vous marrer, mais le satire ne suffira pas pour reprendre la mairie, je le crains. Salut.
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Non, non, Gérard bosse, mais avec discretion……chèque de souscription envoyé
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A quand une Piché sur les branleurs dans la presse? Et là !pas de souci . Ils sont nettement plus de 40 et il y a ayu moins la matière pour une tragédie
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Cinq actes et une seule pièce, ça fait beaucoup pour des branleurs, non? Ils vont finir épuisés (Pour ne pas dire : vidés)
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Et puis une pensée émue pour tous les branleurs qui sont tellement branleurs qu’ils ne sont même pas dans les 40…
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Timéo, garde tes mains en l’air
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La nouvelle devise de Collomb au Grand Lyon : RAB
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Ça fait plaisir de voir se blog se réveiller : les blaireaux, les pisse-vinaigre et lèches-cul en forme !
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On me dit que le bouffon du roi mange plus souvent à la table du monarque que les vassaux sommés de prendre rendez-vous…
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