Troisième tiers, loi de finances, menace des 75%, déficit… Il suffit d’ouvrir le journal (ou sa boîte aux lettres), d’allumer la télé, d’écouter ses voisins de comptoir le matin, café en main, pour que l’Etat se rappelle à nous ! Et si Colbert avait raison ? Cette conversation avec Mazarin est édifiante. Elle a peut être eu lieu vers 1658. Mazarin règne en maître absolu sur le royaume de France et termine l’éducation du jeune Louis XIV. Colbert est son contrôleur général des finances. Edifiant ce diable rouge ! Je suis sûr que vous aller adorer…
Mazarin : Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État…, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça.
Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
Mazarin : On en crée d’autres.
Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin : Oui, c’est impossible.
Colbert : Alors, les riches ?
Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres
Colbert : Alors, comment fait-on ?
Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le derrière d’un malade) ! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! c’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… c’est un réservoir inépuisable.
Colbert : Mais ils sont étranglés et ce sont les forces vives du royaume. Le plus grand risque que vous preniez, Excellence, c’est de laisser pourrir la situation actuelle. Il ne faut pas augmenter les impôts mais au contraire les baisser. Il faut développer le commerce – principalement le commerce maritime, comme le font les Anglais, les…
Mazarin : Oui, oui…
Colbert : Et l’industrie aussi…
Mazarin : Oui…
Colbert : Il faut diminuer le nombre des officiers de finances, sanctionner leurs trafics. On ne doit plus voir ces grandes fortunes scandaleuses qui nourrissent un sentiment de révolte dans le royaume.
Mazarin : Es-tu naïf, Colbert ? Crois-tu vraiment qu’on pourrait gouverner uniquement avec des gens honnêtes ? Hélas, Colbert !… pour tenir un pays, il nous faut aussi des…
Colbert : Des fripons !
Mazarin : Voilà. Hélas… Mais… ils nous rendent souvent de bien plus grands services que les gens honnêtes. C’est regrettable mais c’est ainsi. Ce sont les coquins qui mènent le monde.
Un dialogue tiré de la fantastique pièce de théâtre, « Le diable rouge », d’Antoine Rault, créée en 2008 au Théâtre Montparnasse avec le très parfait Claude Rich dans le premier rôle. Merci à mon ami comédien Bruno Guinand de m’avoir prété le manuscrit. Je me régale. On les entend parler, tout en glissant derrière les mots d’autres visages, plus familiers, dans l’actualité. Sinon, j’espère que vous avez passé de bonnes vacances, loin des papiers bleus et autres avis de Bercy !
Tiens, demain soir, il faudra que je vous entretienne d’une autre pièce. Une comédie satirique en alexandrins qui raconte les coulisses de la vie politique lyonnaise. Il parait que ça tire dans tous les coins et que certains tremblent déjà ! Promis, je vous en livrerai quelques bonnes feuilles, une semaine avant sa sortie en librairie ! A demain donc…
« Croyez tout le monde honnête et vivez avec tous comme avec des fripons. » Mazarin
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Une sorte de conte des mille et une nuits…?
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Bien sûr qu’on adore si la réalité ne nous claquait pas à la figure !
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……et c’est Claude RICH…..qui s »empare du texte !!
Il serait intéressant d’avoir l’avis de Saint François qui prônait la pauvreté comme vertu !! Mais c’est vrai il ne fut malheureusement 1 er ministre !!
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Et dire qu’en dépit de tous ces errements…la monarchie ne fut renversée que plus d’un siècle plus tard…
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Colbert et Mazarin étaient ils eux aussi entourés de branleurs ou bien fissent ils eux même office de branleurs ???
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Le factchecking devient nécessaire … de + en + nécessaire
Ce texte est on ne peut plus contemporain Ref Extrait du « Diable Rouge » Pièce de théâtre écrite par Antoine Rault (1965- ) et mise en scène par Christophe Lidon – Le Diable rouge – Wikipédia http://bit.ly/NTnnsm – YouTube – Le Diable rouge – extrait http://bit.ly/OiLb94
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J’a d’ Or
Ne faite pas comme Fouquet….. Pignerol vous guète…..
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De la boue plein les yeux, tout à fait!
La dette publique profite aux intérêts privés!!!
Il en a toujours été ainsi depuis que le capitalisme s’est emparé des commandes de la société.
Déjà sous Napoléon III, affairisme, agiotage, etc.
L’état n’est rien d’autre qu’un conseil d’administration qui agit pour le compte des capitalistes les plus puissants.
En tirer un comédie n’empêchera pas que tout cela finisse un jour en catastrophe§
En attendant, texte pour texte, ce qui suit:
__Roman de la ruelle en rut__
Que peut-on espérer quand on est milliardaire?
Que cent zouaves expliquent toutes nos beautés !
Qu’envers de poème assoiffé d’éternité
notre âme acquiert les arômes d’un sanctuaire.
(le texte en entier sur lapetiteguerre.overblog.com)
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Bonjour,
Certes Monsieur Roux de Bézieux vous n’êtes pas journaliste, néanmoins vous pourriez avant de publier des articles sur votre blog, vérifier que les faits que vous présentez sont exacts.
Or vous constaterez (sur le lien ci-dessous) que le dialogue que vous retranscrivez provient d’une pièce de théâtre datant de 2008.
http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=38519
Si on vous suit on pourrait faire parler Licoln en citant le film « Abraham Licoln, chasseur de vampires » sorti en 2012!
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=184552.html
ça ne fait pas très sérieux…
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Cher Tigrou…
merci pour votre contribution. J’ai bien peur que votre vue baisse car, en milieu d’article, j’indique (je me cite) : « Un dialogue tiré de la fantastique pièce de théâtre, « Le diable rouge », d’Antoine Rault, créée en 2008 au Théâtre Montparnasse avec le très parfait Claude Rich dans le premier rôle. »
Tout est dit !
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Remarquablement synthétisé.
Moi sur ma page éponyme des Artisans Aux Abois.
J’ai écrit cela.
C’est un prolongement de la conversation, en quelque sorte.
« Aujourd’hui, le sentiment de révolte qui traverse le pays et mobilise nos magasins, ateliers et tpe, est en train de grandir. Je crains qu’il ne rencontre rapidement ses limites.
A partir de là, qu’allons-nous faire, nous acteurs économiques de France, pour nous faire entendre et ne pas être ensevelis par le prochain ressac catégoriel ?
L’union fait la force et une des nécessités est d’être nombreux pour être reconnus. Dans le cas contraire, c’est sans doute triste, nous n’aurions pas écho.
Mais si la République fonctionne de la même manière que la médiasphère, il faut qu’elle change et qu’elle se retrouve.
Nous n’avons pas vocation, même ici sur l’espace public que nous délivre Facebook, à n’être qu’un cumul d’unités de bruit médiatique.
Nous confions à nos enseignants la charge d’éveiller nos enfants à la responsabilité, à l’intelligence, à la dignité de citoyen, et nous nous en remettrions à la dérision d’une société de l’information dont l’alpha et l’oméga est le buzz.
Honte sur nous !
C’est une petite parenthèse pour dire que notre devoir est d’être la salutaire piqûre de rappel du réel.
C’est par la manière dont nous élèverons notre voix que nous devons réveiller notre société.
Pour cela, mon idée est qu’il faut fédérer au-delà des chapelles et démontrer que notre intérêt n’est pas fondamentalement opposé à celui des moyens ou même des grands patrons. On veut nous faire croire que nos intérêts, héritage de la lutte des classes, sont divergents alors qu’ils sont complémentaires et convergents.
Ils doivent l’être. Par intérêt commun (*).
J’aime assez l’idée de la rédaction, par le monde économique, auquel est demandé la résolution de tous les problèmes inhérents de notre société, d’un cahier des doléances.
Nous pourrions établir ensemble par exemple que telle charge ne nous revient pas et revient à l’Etat, que telle autre mériterait une articulation plus judicieuse, moins de redondance.
Les contributeurs avisés ne manqueraient pas.
La bonne volonté anime la grande majorité d’entre nous et cette bonne volonté quand elle est trahie systématiquement finit par se transformer en désespoir, en violence et en cynisme.
L’enjeu pour nous n’est pas un autre.
Il faut être entendu de la manière la plus sérieuse qui soit pour que la manière de faire vivre l’économie dans notre pays s’améliore.
Cela vaut le coup, pour soi, ses enfants, son pays.
La chance que nous avons, c’est le crédit, ténu, qui reste à notre pays.
Il offre une petite marge pour se remettre utilement en question, mais nous allons céder à d’autres mirages voulus.
Il paraît qu’il y a un plan de 300 milliards d’euros pour l’Europe.
Faut rire ou pleurer?
(*) Intérêt commun n’est pas un oxymore, non. »
Cordialement.
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