Qui va trinquer ?

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Le gouvernement a décidé de s’attaquer à la bière en augmentant de 160% les taxes sur l’une des boissons favorites des Français. Une décision qui a choqué les patrons de bistrots tout comme chez les brasseurs. Les gros, comme Kronenbourg et Heineken, mais aussi les brasseries régionales comme le Ninkasi à Lyon. Insensé et injuste !

Pour des motifs (d’ailleurs bien légitimes) de santé publique, Bercy a décidé, sans aucune concertation, d’augmenter les droits d’accises (taxes sur l’alcool) de +160% sur la bière. Conséquences immédiates : c’est le consommateur qui va trinquer avec une hausse comprise entre 20% et 25% en moyenne. Un demi augmenterait ainsi de 2,50 € à 3,10 €, le pack de bière (au hasard un party pack de Kronenbourg)  passerait de 10 à 12 €. Autant vous dire que le pouvoir d’achat des français déjà bien en berne, mais aussi la consommation d’un produit populaire et convivial, en prendraient un bon coup derrière la casquette !

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C’est clair pour tout le monde : le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2013 a pour objectif affiché d’augmenter les recettes fiscales. Comme il est difficile de taxer le vin (qui titre pourtant 2 fois plus que la plupart des bières !) sauf à provoquer une jacquerie, il est plus facile de s’attaquer à la bière, majoritairement produite en Alsace. Il faut dire que les politiques sont persuadés que l’utilisation de la fiscalité pour lutter contre la consommation abusive d’alcool, notamment chez les jeunes, est efficace. Si les différentes dispositions prises sur ce sujet par le gouvernement ces vingt dernières années ont accompagné une baisse globale de la consommation des boissons alcoolisées, elles n’ont pas fait diminuer pour autant le nombre de personnes en état de surconsommation (environ 5 millions), chiffre stable depuis des décennies… Pire, les pays scandinaves, où la taxation est forte, ne montrent pas de diminution de la surconsommation. C’est en revanche dans ces pays où l’on assiste à des phénomènes d’ivresses répétées en fin de semaine dans toutes les catégories de population !

L’augmentation du prix a donc un effet dissuasif sur le consommateur modéré mais pas sur le consommateur excessif.

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Ces +160% de taxe sont budgétairement insensés et fiscalement injustes.

Insensés, car pour un chiffre d’affaires total de 2 milliards d’euros, le secteur brassicole verrait sa contribution actuelle de 337 millions passer à plus de 800 millions d’euros. Injuste car seuls les brasseurs sont touchés par une taxe justifiée par la santé publique alors qu’ils ne représentent que 16% du marché de l’alcool en France (le vin pèse 52%) et que la France est l’avant-dernier pays européen de consommation de bière (avec 30 litres par an et par habitant).

Autant dire que le dossier Brasseries pourrait passer très vite de la case Bercy à la case Redressement Productif et Montebourg car c’est une remise en cause dramatique des investissements et des perspectives de développement. Sans parler de l’effet sur l’emploi !

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Depuis une semaine, les brasseurs sont donc à la manœuvre, soutenus par de nombreux parlementaires toutes tendance confondue. 54 d’entre eux, de gauche comme de droite, viennent d’ailleurs de demander rendez-vous à Jean-Marc Ayrault.

Dans le Rhône, les UMP Philippe Cochet et Patrick Verchère ont pris fait et cause pour les brasseurs (la brasserie du Ninkasi est sur la circonscription de Verchère). C’est classique, ils sont dans l’opposition. En revanche, et c’est tout autant classique, la réaction des députés de la majorité se fait attendre alors que le texte passe en commission de l’Assemblée Nationale la semaine prochaine et que les amendements devaient être déposés vendredi dernier avant 17h00…

En attendant, si vous voulez boire une dernière gorgée de bière avant qu’elle n’augmente, allez au bistrot du coin de la rue, ça fera plaisir au patron. Et puis connectez-vous sur le net et mettez la pression sur le gouvernement en rejoignant le groupe Facebook « Dernière gorgée de bière ». Et sans modération, s’il vous plait !

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PS, ou NB selon votre centre d’intérêt, je précise que Brasseries Kronenbourg est l’un de mes clients. Mais que ce billet n’a été dicté par personne et que je l’ai écrit en buvant un Coca Zéro !

Les Commentaires ( 7 )

  1. de Jean Trinque
    posté le 14 oct 2012

    Hollande a décidé de faire payer l’Alsace… C’est pas la seule région qui soit encore à droite ?

      Répondre

  2. posté le 14 oct 2012

    @ Jean. la Guyane et la Réunion sont aussi à droite. Mais en France métropolitaine, vous avez raison Jean.
    Maintenant, rassurez-vous, le gouvernement ne serait pas aussi mesquin !

      Répondre

  3. de BG
    posté le 14 oct 2012

    Pour essayer de comprendre les inepties de la taxation de l’alcool en France, rendez-vous sur le site des douanes … http://www.douane.gouv.fr/page.asp?id=286

    L’an dernier les alcools forts étaient dans le collimateur et le gouvernement Fillon avait aussi décidé d’instaurer une taxe soda, qui s’élève à 7,16€ par hectolitre … mais rien sur le vin …

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  4. de Jérôme Manin
    posté le 14 oct 2012

    Soyons plus fort que fâcheux, buvons la bière en coupes et en flutes !

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  5. de Dernière Nouvelles d'Alsace
    posté le 14 oct 2012

    Mais non Hollande ne veut pas faire payer l’Alsace, cela n’a pas de sens entre brasseurs ! brasseur d’idées ou brasseur de céréales, tout cela n’a pas beaucoup d’importance car le premier fait perdre le sens aux idées et le deuxième permet aux idées de s’évaporer. Alors, taxer un peu plus cette boisson qui gonfle les estomacs ne gênera en rien les français car comme le disaient les soviétiques, il n’y aucune raison de boire dans un pays socialiste !

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  6. de Beaujon
    posté le 15 oct 2012

    Fâcheux en tant que président normal ne supporte pas ce qui se fait mousser…

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  7. de Machineaboire
    posté le 12 nov 2012

    Un vrai scandal (un de plus!!!)! Alors que toutes les entreprises ont tendances à quitter le pays pour payer moins de charges fiscales, les petits brasseurs (ceux qui n’ont pas une production identiques aux grands producteurs) qui désirent s’aventurer dans une production locale ou régionale n’ont plus qu’à mettre la clé sous la porte.
    Jamais une augmentation n’aura autant touché les producteurs mais aussi les revendeurs (tous les bars, les pubs qui accueillaient une clientèle fidèle à certaines bières ou qui désiraient tester d’autres bières que les bières les plus connues n’ont plus qu’à économiser et surtout miser sur les autres boissons).
    Bref, de nombreuses enseignes vont fermer tout ça parce qu’une bande de technocrates (dans leur bulle depuis bien trop longtemps) préfèrent ignorer les besoins et les problèmes des petites gens afin de pouvoir continuer à mener la belle vie.
    C’en est trop. Le peuple doit se rebeller et destituer tous ces cons qui nous gouvernent sans tenir compte des réelles difficultés qui nous touchent et de nos intérêts communs.
    Vive la bière, vive la production locale et vive les vendeurs et revendeurs!!! (Un habitant du Nord près de Lille).

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