Vous avez dit normal ?

normal

Il l’a dit et redit : « Je serai un Président normal ». Contrepoint facile à son prédécesseur, l’hyper-président Nicolas Sarkozy, que François Hollande qualifiait déjà en août 2011 de « président anormal ». Simple rhétorique, simple jeu sémantique ? Pas si sûr…

Être normal, c’est être conforme à la règle, au modèle, à la norme. On le constate tous les jours : de nombreux ministres sont encore pétris de vieilles idéologies dirigistes qui, chez eux, relèvent de la norme. Etre un ministre normé, c’est décider d’augmenter les impôts et les dépenses en négligeant la réforme et les économies ; être un ministre normé, c’est avoir la prétention de dicter aux chefs d’entreprise leurs choix stratégiques, de superviser leurs alliances et de jouer à l’apprenti planificateur ; être un ministre normé, c’est penser que les créateurs de richesses sont tous des riches et qu’on n’aime pas les riches ; être un ministre normé, c’est préférer faire confiance à l’État et au système plutôt que de croire à l’entrepreneuriat et à l’initiative ; être un ministre normé, c’est croire que l’Homme, pour se sentir libre, recherche toujours plus de normes alors qu’il a d’abord besoin d’un chemin, d’une espérance…

Je sais, il est dans la nature même des gouvernants de vouloir tout contrôler, tout régir, tout organiser. Toujours pour de bonnes raisons, au nom de l’efficacité, de la justice, de l’équité… Bonnes motivations, et souvent piètres solutions. D’autant qu’elles manquent aujourd’hui singulièrement de la nécessaire humilité qui consiste à écouter, à être en prise avec le terrain, le monde réel. Gérard Collomb l’a d’ailleurs bien noté, dans la dernière édition du Journal du Dimanche, où il jugeait, à propos du combat réussi des entrepreneurs « Pigeons », qu’il « aurait mieux valu écouter les chefs d’entreprise avant ». Une méthode qu’il aime à qualifier de modèle lyonnais…

Il est d’ailleurs amusant que la gauche accède au pouvoir au nom de la norme, rejetant de facto l’idée même d’évolution, de renouvellement, alors que, traditionnellement, c’est la droite qui se pare de normalité, notamment en termes de mœurs et de morale. La gauche était autrefois révolutionnaire, contestataire, transgressait les tabous. Elle se normalise, devient bêtement normale et normée, ouvrant un boulevard médiatique à son extrême qui espère un Chavez français. Quant à la droite, qui se croit forte et n’est souvent que conservatrice, elle aurait bien besoin de teinter son discours d’une dose d’humanisme. Un humanisme symbolisé depuis Pétrarque par les notions de libre-arbitre, de tolérance, d’indépendance, d’ouverture d’esprit et de curiosité. L’UMP est aujourd’hui, elle aussi, partagée entre la norme (une seule tête, une seule pensée, une seule vision) et la diversité, incarnée par les courants. Saura-t-elle prendre le virage de la modernité et de la confrontation des idées ? Pas si sûr. Les politiques aiment tellement la norme. Il paraît que c’est normal !

Texte de ma tribune mensuelle parue dans Tribune de Lyon du 11 octobre 2012

Les Commentaires ( 3 )

  1. de Jérôme Manin
    posté le 14 oct 2012

    On se prend à rêver d’un président « qualité » garanti par la norme ISOFH2012 qui présenterait autre chose que 69 nuances du même gris.

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  2. de Jérôme Manin
    posté le 14 oct 2012

    Note : les empressés du cirage du modèle lyonnais se contorsionne assez pour faire croire au talent autre que communiquant de Gégé, est-il besoin de souligner la cynique pitrerie ?

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  3. de JJ Bois
    posté le 14 oct 2012

    À quand un Président pragmatique et non dogmatique? qui aurait pour seul objectif de sortir le pays de l’ornière profonde dans laquelle il se trouve!
    Tant que la politique est une affaire de professionnels,il n’ y a rien à espérer .Ces barons ne pensent qu’à leur propre carrière …donc à soigner leur électorat ,un point c’est tout comme dirait Lucas.

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