« Vous êtes un dangereux révolutionnaire ! » m’avait dit un jour Raymond Barre alors que j’évoquais, il y a près de 15 ans, la nécessaire disparition du département du Rhône au profit de l’agglomération lyonnaise. En bien, la révolution, c’est pour l’année prochaine. Gérard Collomb, président du Grand Lyon, et Michel Mercier à la tête du département du Rhône, ont décidé d’un nouveau partage de leurs compétences. C’est le premier pas vers la création d’une « métropole européenne » d’1,2 millions d’habitants, nouvelle strate prévue dans le cadre de l’acte III de la décentralisation. Sur le plan financier et administratif, cette décision ne supprime hélas pas d’échelon du millefeuille local. Le département continuera à exister sur son territoire. Mais le nouveau Grand Lyon aura les pleins pouvoirs sur le sien.
Bien entendu, cette décision fait hurler de nombreux politiques, de gauche comme de droite, non pas sur le fond (même si certains ronchons verront leur mandat disparaître à terme), mais sur la forme, les deux président ayant préparé leur « révolution » dans le plus grand des secrets.
Dans le même temps, en Alsace, la révolution est également en route avec la fusion du Conseil régional d’Alsace et des Conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, votée très largement le 24 novembre par les élus réunis en congrès. Un référendum est même prévu en avril 2013.
Bien entendu, dans les deux cas, les modalités pratiques restent à définir et, surtout, chez nous, quid du partage des dettes, des emprunts toxiques et autres futurs gouffres financiers comme le Musée des Confluences. Mais la révolution est lancée et, comme d’habitude, elle vient d’en bas !
D’ailleurs, en Rhône-Alpes, les départements de l’Ardèche et de la Drôme expérimentent depuis plusieurs années la mise en commun de compétences, les deux Savoie font quasiment chambre commune… La centralisation, commencée sous les Rois et durcie sous les différentes Républiques et Empires, a été le trait majeur, et obsessionnel, de l’organisation territoriale de la France. Les lois de décentralisation, voulues par François Mitterrand, ont été bien timides au regard de ce qui se passe dans les Etats voisins. Et depuis, aucune simplification, mais bien la poursuite de l’empilement des collectivités et autres organismes publics jusqu’à créer ce fameux millefeuille à la française, bien indigeste parfois.
Reste que l’Alsace a choisi une gouvernance qui me semble plus conforme à l’esprit de la décentralisation : prendre les décisions au plus près des citoyens. L’idée du référendum est, à mon avis, un acte qui fait sens. Et que Collomb et Mercier auraient du lancer. La campagne aurait été belle entre les tenants de l’immobilisme et ceux de la lisibilité et de l’action.
La démarche lyonnaise prendrait aussi du sens si les élus de cette future métropole européenne réclamaient un transfert de certaines compétences régionales, n’en déplaise à Jean-Jacques Queyranne qui s’arcqueboute sur ses compétences régionales. Cela amplifierait le mouvement qui permettra à la fois de simplifier, d’améliorer l’efficacité et la lisibilité de l’action publique tout en réduisant les coûts et le nombre des élus. Mais je parie que Gérard Collomb n’a pas dit son dernier mot. J’attends avec impatience le projet de loi qui devrait être déposé d’ici l’été. Autre avancée qui serait pour le coup « révolutionnaire » : la fusion des 58 communes du Grand Lyon en une seule, donnant alors réellement à la métropole une taille critique et simplifiant ainsi le millefeuille. Et puis, pour conclure, l’élection de ses membres au suffrage universel, avec son corolaire, la responsabilité politique devant les électeurs.
Tout ceci irait dans le bon sens, mais resterait largement insuffisant. Le vrai courage consisterait à remettre à plat toute l’organisation territoriale française. Mais là, pour le coup, ce serait révolutionnaire !
Ce billet, en version courte, est paru ce jour dans Tribune de Lyon
Le mariage pour ou contre ? Ça dépend avec qui !
Ce n’est pas l’idée qui pose problème mais les ressources humaines.
On mettrait ensemble des multirécidivistes qui s’en sont toujours bien sorti avec la loi, ça ne ferai pas un législateur.
Répondre