Politique = défiance ! Entreprise = confiance ?

confiance

Depuis quatre ans, le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences po) enquête sur l’état d’esprit des français. La dernière livraison est parue la semaine dernière.

François Hollande avait axé une partie de sa communication sur une ambition « redonner confiance à la France ». Le pari est loin d’être gagné, les français sont plus pessimistes que jamais.

Pour 68%, les jeunes ne réussiront pas mieux que leurs parents et les politiques ne savent pas gérer la crise ou prendre en compte leur avis (85%). La dégradation de leur moral est nette : « méfiance » et « morosité » recueillent à eux deux 63%. Et le niveau de confiance dans les institutions politiques (du maire au gouvernement) s’est réellement dégradé depuis la première enquête de 1999. A l’époque, trois d’entre elles bénéficiaient d’un niveau de confiance supérieur à 50 % : le conseil municipal, le conseil général et le conseil régional. Seul le premier reste dans ce cas, même si la proportion des Français qui lui font confiance est passée de 66 % à 56 %.

La politique engendre méfiance et dégoût pour 64% des sondés. Deux points positifs cependant, le maire continue de recueillir la confiance (57%, en progrès depuis 2011) et 59% des sondés avouent s’intéresser à la politique. 68% estimant cependant que les notions de droite et de gauche ne veulent plus rien dire !

Cette morosité et ce sentiment de défiance tiennent précisément à ce « clivage croissant, souvent au sein du même individu, entre une « confiance pour l’en-bas » et une « méfiance vis-à-vis de l’en-haut » note Pascal Perrineau, le patron du Cevipof. Cette opposition entre la confiance qu’inspire ce qui est proche (les gens que l’on connaît, la famille, les voisins) et la méfiance suscitée par ce qui paraît plus éloigné est une clé de compréhension majeure de la société française. Et une donnée à laquelle les politiques ne savent pas (plus ?) répondre, négligeant souvent la proximité et l’écoute.

La vraie surprise de ce baromètre vient du jugement porté sur l’entreprise. Elle est la seule organisation qui progresse : 42 % lui font confiance, contre 35 % en 2011. L’organisation du travail, elle, fait bonne figure : 71 % des sondés estiment qu’il leur donne « l’impression que cela sert à quelque chose. » 72% jugent avoir une réelle autonomie dans leur travail et 65% estiment qu’on leur délègue fréquemment des responsabilités. Pour faire face aux difficultés économiques, 53 % pensent que l’Etat doit donner plus de liberté aux entreprises, soit un bond de 12 points en un an.

Dernier coup de griffe aux politiques : les Français ne sont plus que 53 % à penser que, « pour rétablir la justice sociale, il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres ». Ils étaient 73 % il y a un an ! Mais de là à rassurer Depardieu…

Chronique parue dans Tribune de Lyon du jeudi 24 janvier 2013

Les Commentaires ( 2 )

  1. de jerome manin
    posté le 25 jan 2013

    La disparition de l’entreprise lui fait atteindre les sphères du mythe dans lequel la confiance est plus au large.
    « Confiance et défiance sont également la ruine des hommes. » Hésiode

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  2. posté le 19 juin 2013

    Relatif à ce billet, le monde entrepreneurial connaît aujourd’hui un bouleversement conséquent à l’économie, notamment dans le secteur « auto-entrepreneur ».
    « Politique = défiance ! Entreprise = confiance ? », Un sujet intéressant et d’actualité.
    Bravo

      Répondre

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