Un dernier, pour la route !

cumulMardi matin, le sénateur maire de Lyon est (enfin) entré en campagne en présentant ses têtes de liste. N’ayant pas le don de Madame Irma -cette chronique est écrite lundi soir-, je ne peux hélas commenter le choix du Prince. Sauf un.

Gérard Collomb est régulièrement classé comme l’un des élus les plus cumulards de France. En septembre dernier, L’Express le classait à la 6e position des élus Français (sur 1 573 !). Depuis, il pourrait pointer à la 4e place car, en octobre, il a accepté avec gourmandise un dixième poste : vice-président de la nouvelle banque des collectivités territoriales.

Loin de moi l’idée d’imaginer qu’avec 10 fonctions et mandats, il en néglige certains. Le don d’ubiquité est souvent consubstantiel de la fonction politique. Mais quand même…

Les députés devraient voter cette semaine une loi majeure de la modernisation de la vie publique : le non cumul des mandats à partir de 2017. Une réforme qui pèsera dans la campagne des élections municipales. En effet, le projet de loi interdit le cumul entre un mandat de parlementaire et une fonction exécutive locale. Et comme la plupart des parlementaires cumulent, il va enfin y avoir un appel d’air dans la classe politique !

A ceci près que le cumul dit « transversal » a été oublié. Certains potentats locaux pourront donc continuer à empiler les fonctions telles des légos. C’est bon pour l’égo, paraît-il…

Rempiler est aussi un incontournable de la classe politique française. Et Lyon ne fait pas exception… Dans ma toute première chronique, en 2011, j’abordais déjà cette thématique. Car pour un élu sortant, pas facile de résister à l’appel de ses amis, surtout si ce sont des « Acteurs de la ville ». Imaginez…. Allez, un dernier mandat, pour la route ! Et on sait tous que le dernier est bien souvent celui de trop.

Pour ma part, je suis partisan de deux mandats consécutifs dans la même fonction. Pas un de plus. C’est d’ailleurs le sens de la réforme constitutionnelle, dite de modernisation des institutions, voulue par Nicolas Sarkozy. Depuis le 23 juillet 2008, le président de la République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.

Il est temps de casser les codes du passé. Nous sommes dans un monde qui change et les habitudes du siècle dernier n’ont plus court. Soyons franc : deux mandats exécutifs sont suffisants pour faire le job, Bertrand Delanoë l’a d’ailleurs bien compris. Le troisième ne sert souvent que d’exutoire à ses propres insuffisances ou de vraie fausse consécration, genre statue du commandeur (toujours l’égo).

Gérard Collomb n’a pas su résister à l’appel de ses amis. « Allez, Gérard, un p’tit dernier, pour la route… » C’est qu’on est si bien, place de la Comédie.

 

Ma tribune « L’œil de » parue dans Tribune de Lyon le 23 janvier 2014

 

 

 

 

 

Les Commentaires ( 2 )

  1. de P.Dumont
    posté le 5 fév 2014

    Deux mandats ? Pourquoi pas trois comme le recommande Bruno Lemaire dans son appel à la révolution citoyenne ?
    Et pourquoi pas tout simplement un seul mandat non renouvelable, une sorte de MDD (Mandat à Durée Déterminée) ?
    Partant du principe que la tentation est grande pour un élu politique, voire son parti, d’utiliser son pouvoir au service d’une réélection plutôt qu’à celui de ses convictions (elles-mêmes confrontées au devoir de suivre la ligne du parti), il est urgent d’imaginer une autre façon de faire de la politique, une autre voie guidée par l’ambition que les hommes politiques et leur parti respectent l’intérêt général, les principes d’indépendance, d’objectivité, de responsabilité, de probité, de transparence et surtout d’exemplarité.
    Devenus professionnels de la politique, ces élus sont mus par des intérêts distincts de ceux qu’ils ont vocation à représenter. Même si les citoyens contribuent à perpétuer un système politique peu exemplaire en ne sanctionnant pas ces élus dans les urnes, seule une thérapie de choc peut faire bouger les lignes.
    Souvent en quête de réélection, même au-delà de l’âge de la retraite, ils ont conclu une sorte de contrat à durée indéterminée avec la politique. Et comble de tout, ceux qui sont censés voter et faire appliquer les lois, les parlementaires, sont les mêmes qui se dispensent de les respecter.
    Devenus spécialistes des affaires politiques au fil des mandats, ils s’éloignent de plus en plus des non spécialistes que nous sommes, nous les citoyens.
    Quand certains passent leur temps à se disputer le pouvoir, d’autres à protéger leurs statuts et leurs avantages, les sujets de fonds ne sont pas vraiment abordés comme ils pourraient l’être si tous les acteurs concernés mettaient leurs talents au service de l’intérêt général sans tenir compte des échéances électorales.
    Alors, en complément du non cumul des mandats enfin voté pour 2017, la seule solution est de ne pas autoriser un élu à briguer sa propre succession et de demander aux futurs parlementaires et maires de grande ville de démissionner de tous leurs postes du secteur privé ou, s’ils sont fonctionnaires, de démissionner de la fonction publique (comme l’a fait le député Bruno Lemaire)
    Dans l’entreprise, on s’assure de la rotation du personnel et dans les banques on ne laisse pas un directeur d’agence plus de 3 ans dans le même poste….
    Tout ceci ne peut s’imaginer que si l’on met à plat la fonction des élus en redéfinissant le statut, les moyens ainsi que la durée des mandats. Pourquoi pas revenir à un mandat de 7 ans comme Président de la République, auquel cas non renouvelable ?
    Je vous laisse imaginer un tel pouvoir politique.
    Dans tous les cas, il permettrait une meilleure représentation nationale au niveau des deux chambres parlementaires, voire d’y accueillir un nombre de talents de la société civile et de l’entreprise, et à plus long terme un rapprochement évident entre le pouvoir politique et les citoyens. En effet, je ne crois pas que les nouveaux mouvements politiques de Denis Payre ou Pierre Larrouturou arriveront à émerger face aux partis politiques en place.
    Il faut donc trouver d’autres voies pour faire bouger les lignes et ma proposition est à mon avis la seule qui le permettrait.
    Très respectueusement

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  2. posté le 17 fév 2014

    Le non cumul est une excellente chose, il permet de se concentrer sur l’objectif et replace les convictions au coeur de l’action politique comme le suggère le précédent commentateur.

      Répondre

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