De la poubelle au silence…

La-tete-dans-la-poubelle

 

 

« Je ne reconnais plus mon pays. Il y souffle un vent mauvais, un vent de colère, de divisions, d’antagonismes. » C’est par ces deux phrases, puissantes, qu’Henri Guaino démarre sa tribune libre parue samedi dans Le Figaro. Il y décrit, avec le talent de plume qu’on lui connaît, la radicalisation des esprits et des comportements. Il dénonce la propagation d’une culture du rejet et du mépris de l’autre.

Je ne suis pas un inconditionnel d’Henri Guaino, mais force est de constater que son billet sonne vrai lorsqu’il affirme qu’il ne reconnaît plus « sa France. Passionnée, emportée, mais pétrie d’humanisme et de valeurs universelles. Ou plutôt, je reconnais dans le visage qu’elle prend, aujourd’hui, celui des mauvais jours, des déchirures et des drames, quand elle n’est plus elle même, quand elle perd son âme. »

A Lyon, dans notre ville, ces mots prennent une résonance particulière.

Car moi aussi, je ne reconnais parfois plus ma ville, et les campagnes électorales que j’aime. Celles où la confrontation, parfois virile, n’empêchait pas le respect de l’adversaire. Et cet humanisme lyonnais qui fait aussi la force de Lyon.

Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux bruissent de profils masqués dont la seule raison d’être est l’insulte, la provocation, la haine. Soufflant sur les braises des instincts les plus bas.

Ce flot quasi continu, épais, gras et gluant, on le retrouve aussi sur les commentaires de certains journaux en ligne. Les « modérateurs » préférant la parole douteuse aux joies du débat.

Ces acharnés du clavier haineux, qu’ils portent le pseudo de « Michel Bobard », « Ouranos Grec » ou encore « Droite Lyonnaise », desservent celui dont ils sont les portes flingues, ou les seconds couteaux.

Le Gérard Collomb que je connais, que je respecte, et qu’en bien des occasions j’apprécie, est pour moi à l’opposé de ces populistes en chef. Et pourtant, il laisse ces vents mauvais tenter de pourrir une campagne, par faiblesse, par indulgence ou par méconnaissance.

J’accuse donc ici ces marquis de cour d’être par leurs écrits indignes de la politique. Car c’est en réduisant le débat à une succession de provocations que l’on éloigne les citoyens de l’engagement public. Et que l’on tourne le dos à la nécessaire paix civile.

Ces apparatchiks ont été parfaitement décrits par Geneviève Brichet, conseillère municipale socialiste, qui dénonce sur son blog les manœuvres de ces « petits chefs », pour qui, je cite : « tout semble permis pour y parvenir : désinformation, mise à l’écart des décisions, manipulation de l’entourage, espionnage, humiliations, tentatives d’intimidation… »

Face à la politique de la poubelle, j’appelle solennellement Gérard Collomb à contraindre ses nervis au silence. La démocratie n’est certes pas en danger, mais face aux vents mauvais, il est temps que les politiques se souviennent qu’ils ont des devoirs. Au premier rang desquels le respect de l’adversaire et le plaisir des débats.

 

 

 

 

 

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