L’Europe des nombrils…*

metaphora-nombril-mondeEt ce qui devait arriver arriva ! Rien d’étonnant, diront certains. Et pourtant, il suffisait de regarder les mines déconfites des leaders politiques nationaux hier soir (chronique rédigée pour Tribune de Lyon le lundi 22 mai au matin, le lendemain du résultat des élections européennes) pour visualiser l’ampleur de la déculottée.

Il faut dire que nous sortons d’une drôle de campagne, comme d’autres se sont réveillés avec la gueule de bois au sortir de la drôle de guerre… Qu’avons nous entendu ? Qu’il fallait sanctionner François Hollande pour les uns. Encourager Manuel Valls pour d’autres. Et que l’Europe était la cause de tout, la matrice, non de notre civilisation, mais de notre déshérence actuelle.

Notre classe politique dans son immense majorité, au rebours de celles d’autres pays d’Europe, n’a rien compris, trop occupée à se récurer le nombril. Et l’Europe, soyons honnête, ne l’a pas forcément aidée.

Nous sommes les champions pour envoyer au Parlement Européen des politiques has been ou des perdants magnifiques qui, une fois arrivés à Bruxelles, ne rêvent que du Palais Bourbon. Pour eux, l’Europe, c’est l’indemnité chômage avant de retrouver une cocarde nationale. Seuls quelques uns travaillent et accumulent une vraie zone d’influence. Dans notre région, je pense à Françoise Grossetête ou à Sylvie Goulard, remarquables d’efficacité et aux succès parlementaires avérés.

Et puis l’Europe, sans visage, s’est progressivement perdue dans les méandres de ses élargissements. Confrontée au quotidien, elle n’a plus su faire rêver, donnant l’image d’une pieuvre administrative, ce qui est loin d’être le cas. Où sont aujourd’hui les Giscard, les Schmidt, les Mitterrand, les Adenauer, les Monnet ? Seul le libéral belge Guy Verhofstadt a su, dans les débats, avoir la foi des bâtisseurs face aux candidats conservateur et socialiste à la présidence de la Commission. Deux clones, des hommes en gris aux politiques si communes.

Ajoutez ce que les journalistes nomment la crise -et qui n’est qu’un nouvel état du monde- et le fruit est mur. « Ils ont tous échoués », « Du balai », « J’ai plus confiance ». Et Marine, face aux nombrils, rafle la France en colère.

Hier, le mot séisme était dans toutes les bouches. Mais le séisme devrait être d’abord dans ces partis en bout de course, incapables de définir un socle de valeurs fortes, sans colonne vertébrale et qui ont depuis bien longtemps oublié de rêver. Le changement c’est maintenant : le slogan de François Hollande prend une dimension nouvelle…

Hier soir, pour les nombrilistes, c’était la faute à la presse, à l’Europe, à la crise, aux Français (des veaux, c’est bien connu !), à l’immigration, j’en passe et des meilleures. La faute à eux ? Pensez-donc !

Madame de Staël écrivait il y a plus de 200 ans, « il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». J’espère que les français retrouveront l’esprit des premiers européen. Ceux qui avaient la foi. Moi, depuis dimanche soir, je suis plus européen que jamais. Ma Marseillaise parle de joie. Mon drapeau a 12 étoiles. Il a le bleu de l’espérance. Je suis fédéraliste. Mon pays, c’est l’Europe !

 

 

* Cette chronique a été écrite lundi matin tôt. Elle ne tient donc pas compte de l’actualité politique des trois derniers jours.

Les Commentaires ( 1 )

  1. de jerome manin
    posté le 2 juin 2014

    Oui !

      Répondre

Poster un commentaire


× neuf = 63