A l’heure où les Français attendent des hommes politique un vrai changement, des résultats visibles et, osons le dire, de l’espoir, faire un édito sur le mécano de désignation des candidats aux élections peut sembler incongru. D’autant qu’à droite et au centre, chaque élection interne semble finir en eau de boudin. Ce dimanche soir en offre la parfaite illustration avec une Rama Yade, sèchement battue à la présidence du parti Radical, qui réclame comptage et recomptage.
Il faut dire que la droite et le centre ont peu de tradition démocratique. Le culte du chef, héritage à la fois du bonapartisme et du gaullisme, semble inscrit dans les gènes des plus conservateurs. C’est peut être pourquoi les primaires semblent faire peur, alors qu’elles sont, à mon sens, une véritable avancée politique. Initiées en France par le think tank de gauche Terra Nova et mises en place par le PS en 2008, elles permettent, si elles sont bien organisées, une confrontation d’idées et, au final, la désignation d’un candidat unique, de rassemblement.
On me rétorquera que la popularité à droite d’un ex-Président le dispense de cet « artifice démocratique ». Mais, comme il le dit lui même, « Quand on est fort, on n’a pas peur des primaires. »
Pour ma part, je suis, plus que jamais, partisan de primaires largement ouvertes à la droite et au centre pour les présidentielles de 2017 comme pour les municipales de 2020.
Le succès des primaires pour l’alternance lyonnaises, lancées par Michel Havard, est d’ailleurs souvent cité en exemple, même si, organisées trop tardivement, elles n’ont pas provoqué la mobilisation finale escomptée. Les débats ont été nourris, le respect de la concurrence présent à chaque instant, le rassemblement effectif. Avec un seul regret cependant, que les centristes n’aient voulu y participer, peut être par peur de se compter…
Le choix du leader, auparavant réservé à une petite élite dirigeante, s’élargit ainsi aux militants et aux citoyens partageant une même conviction politique. Et face à un FN triomphant, seul le rassemblement autour d’une candidature peut éviter un 21 avril à l’envers.
Mais les seules primaires ne suffiront pas à rénover la vie politique… Si, comme le dit Manuel Valls, « la gauche peut mourir », la droite n’en est pas loin. Coincée entre le retour de l’homme providentiel, les ambitions d’une génération et les affaires. Seulement 8% des Français ont aujourd’hui confiance dans les partis politiques, machins engoncés dans des habits mités et qui n’ont su évoluer avec le temps. A l’heure de la décentralisation, d’une mondialisation qui effraie, des réseaux sociaux, de l’information en continu, les partis ont adopté les codes du zapping, privilégiant la forme au fond, les hurlements au débat. Et n’offrant, in fine, que l’image d’un corps sans tête et souvent sans colonne vertébrale. Au delà des primaires, l’enjeu est donc bien là. Les Français aiment la politique, mais les hommes politiques aiment-ils toujours la politique ? La vraie, celle des idées et des idéaux. Il est parfois permis d’en douter.
« L’œil de… », mon billet paru dans Tribune de Lyon du 26 juin 2014
« Baiser : Mot ambigu qui désigne à la fois le préliminaire et la finalité. » Laurent Baffie. Cela ne fonctionne pas moins bien avec primaire.
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Ou, à la française, mouvement de la langue de la droite vers la gauche. L’inverse étant tout aussi vrai.
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