Mercredi dernier, 6h30 du matin, Café du Commerce de Sochaux. A la Une de l’Est Républicain, Pierre Moscovici démissionne de son mandat de député du Doubs. La nouvelle, si elle mobilise à Paris, n’occupe pas les conversations au comptoir. Mais il suffit d’une question pour que le ras-le-bol fasse déborder la tasse…
Et je sens bien qu’ici, la tentation d’élire un troisième député FN est présente dans tous les esprits. Dans ce territoire historiquement industriel, on touche du doigt cette France périphérique décrite par Christophe Guilluy dans son dernier livre. Un département qui avait placée Marine Le Pen à la seconde place au 1er tour des présidentielles, 12% devant Nicolas Sarkozy…
Entre deux cafés, le désespoir de ne plus comprendre cette France d’en haut, et de se sentir incompris, délaissé, méprisé, est palpable. Ici comme ailleurs, l’aristocratie politique n’est plus en phase avec le tiers-état. A Marie-Antoinette qui voulait leur « donner de la brioche », on entend Marine répondre « Foutons-les dehors ! »
Une caste politique qui n’en finit pas de se ridiculiser, allant même jusqu’à participer, grimée, à des émissions de téléréalité pour vivre la vraie vie des vrais gens. Même à Versailles, ils n’auraient pas osé ! François Hollande voulait « réenchanter le rêve Français ». Pour l’instant, c’est un cauchemar et toutes les émissions télé du monde n’y changeront rien… Nicolas Sarkozy se voyait en vainqueur enchanteur face à la déconfiture, il se perd en coups bas, jugements à l’emporte pièce, bien loin d’une stature d’homme d’Etat.
Et en attendant, au Café du Commerce, la France se désespère. Lors de son tour de France à pied, le député Jean Lassalle (cf mon billet d’avril) a rencontré ces Français de la vraie vie, qui estiment pour beaucoup que « Ca va péter ». Pour Lassalle, il est urgent d’agir car « il est minuit moins dix » dans « une France pré-révolutionnaire ». Mais ce tour de France, salué de toute part, n’a débouché sur rien, chaque leader politique préférant faire prospérer sa petite boutique. Un vieux proverbe chinois dit que « Le poisson pourrit toujours par la tête ». Et nos élites font mine d’avoir le nez bouché. Et Marine Le Pen prospère sur ce fumier !
Pourtant, la solution est à portée de main. Elle réclame courage et bon sens. Dans nos entreprises, nous sommes nombreux à avoir dû gérer une situation tendue, une trésorerie négative ou la perte d’un client majeur. Et là, il faut redonner espoir, mettre les peurs sous l’éteignoir, convaincre, motiver. C’est dans ces rapports humains forts, et dans cette ambition collective, que l’on trouve les ressorts pour rebondir.
A force de consanguinité, nos élus pensent, agissent, promettent, oublient comme des clones. Chefs de tout donc chefs de rien, ils ont perdu la foi et n’ont pas, ou si peu, l’âme managériale. Qui saura, à droite comme à gauche, parler vrai, reconnaître que nous sommes en faillite et trouver les moyens de reconstruire, redonner confiance aux entrepreneurs et aux créateurs de richesses, créer les conditions favorables au redressement, bref faire le job ? A Pôle Emploi, ce descriptif de poste n’existe pas. Et pas sûr qu’il y ait beaucoup de candidats. Alors faut-il se désespérer ? Non, car c’est dans temps exceptionnels que se révèlent les caractères. Et là, il faudra « du lourd », un patron, pas un président banal de normalité. C’est notre seule chance de pouvoir jouer à Front renversé.
Billet paru dans Tribune de Lyon du jeudi 13 novembre.
J’ai lu le dernier livre de Guilly « La France périphérique ». Terra Nova, think Tank proche du PS partage ses constats mais propose une autre réponse. C’est ici http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/10/21/31001-20141021ARTFIG00332-france-peripherique-la-reponse-de-terra-nova-aux-theses-de-christophe-guilluy.php
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C’est clair, gauche et droite ont sacrifié les classes populaires, des ouvriers aux français moyens ! Ils en paient aujourd’hui le prix cash !
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