L’art de la conversation, spécialité bien française, a profondément marqué les XVII et XVIIIe siècle. Les salons brillaient de ces échanges qui consistaient parfois à parler pour ne rien dire, mais à le faire avec talent. Un art oratoire qui s’est depuis bien perdu. Il suffit d’écouter la polémique purement politicienne autour du nouveau nom de l’UMP : Les Républicains.
Pour une partie de la gauche, gouvernement compris, Nicolas Sarkozy aurait confisqué le mot République, contestant à la fois le préfixe et le suffixe du nouveau parti. S’étaient-ils seulement élevés, à l’époque, contre l’Union pour la Démocratie Française, le Parti Républicain, le Mouvement des Démocrates (Modem), Europe Ecologie… Et quand François Mitterrand se proclamait “le candidat des Républicains” lorsqu’il combattait le général de Gaulle, la gauche faisait vœu de silence. Polémique stérile, tournons la page…
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On se souvient tous de la réplique mythique prononcée par le jeune Tancrède dans Le Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne bouge ».
C’est bien là tout le danger de ce changement de nom. Le congrès fondateur des Républicains n’a pas été, loin s’en faut, un congrès (re)fondateur tant au niveau de l’idéologie politique que des idées. L’unité semble retrouvée en façade, mais Les Républicains, pour quoi faire ? Pour Nicolas Sarkozy, « Républicains, ce n’est pas seulement le nouveau nom d’un parti. C’est le cri de ralliement de toutes celles et de tous ceux qui souffrent de voir la République reculer tous les jours. » Bigre ! Mais encore ? S’il suffit d’avoir pour ambition de se débarrasser de François Hollande, nombre de Français applaudiront. Mais ont-ils vraiment envie du match retour ? Et pour quoi faire après ?
Nos partis, en France, sont datés du siècle dernier. Le monde change, bouge vite, cassant les vérités et les dogmes d’hier. Et rares sont les politiques à avoir une vision large, panoramique, de ces changements. Le rôle du politique est à la fois de comprendre, puis de fixer un cap et de redonner du sens dans un monde où tout un système de croyances et de valeurs semble s’effondrer. Et de parler aux Français de leur vie, la vraie, souvent bien éloignée de la « jet society ».
Nous sommes aujourd’hui bien loin de la technique éculée qui consiste à recycler le passé. On a tous besoin de renouveau, de nouveaux visages et d’une vision. Les politiques doivent faire le tri entre l’artificiel et le fondamental, éviter de confondre le but et les moyens.
En fait, pour Les Républicains, le travail démarre autour de deux questions : « Qui sommes nous ? » et « Quelle est notre vision ? ». Si certains, comme François Fillon, Alain Juppé ou Bruno Le Maire, ont démarré ce long chemin, d’autres se complaisent dans le plaisir du (bon ?) mot, de la phrase, de la polémique clivante. Bien loin de la stature d’homme d’Etat. Parfois, il faut savoir tourner la page pour regagner la confiance…
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Je suis toujours surpris de constater l’énergie que déploient la droite et le centre à ne pas pouvoir cohabiter, se parler, construire, imaginer, rêver ensemble. Mon premier engagement politique remonte à 1981, début 1981. Je soutenais VGE et l’UDF était composée de nombreuses sensibilités, allant du centre gauche à une droite plus conservatrice. Et le RPR allait des gaullistes sociaux aux nostalgiques de l’Algérie Française. Autant vous dire que les débats étaient animés dans et entre ces deux grandes formations politiques. Mais chacun savait se rassembler autour d’un ADN commun, d’une histoire et d’une certaine idée de la France. C’était il y a plus de 30 ans, il y a un siècle !
Dans l’ère de la petite phrase, du tweet et du « synthétisez moi votre pensée en 20 secondes », la réflexion politique est passée du grand amphi de La Sorbonne au zapping des chaines de la TNT. Du fond au tréfonds. Et nous en sommes tous collectivement responsables.
Samedi, Les Républicains en sifflant Alain Juppé et François Fillon ont bien mal choisi le symbole du renouveau de ces pratiques politiques. Pour le plus grand bonheur de la gauche, des gazetiers et du Petit Journal de Canal+. Tournons la page de ces militants d’un autre siècle, sinon l’alternance ressemblera au monde d’avant.
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La vraie question est quoi mettre derrière cette République, devenue un mot si commun qu’il pourrait en perdre sa majuscule ?
La République est, étymologiquement, la chose publique. Pardon Madame la ministre de l’Education, mais il faut bien revenir parfois aux sources : du latin Res (chose) publica (publique). Car si la Grèce a inventé la démocratie – du grec Démos (peuple) et Kratos (pouvoir), encore pardon- c’est Rome qui invente le concept de République en 509 avant Jésus Christ.
Pour le philosophe Pierre Crétois, « C’est l’idée de la centralité de la puissance publique qui assumerait le bien commun et c’est aussi celui de l’égalité des citoyens, protégés de la domination par des institutions communes. » Pour les penseurs de l’Antiquité et du Moyen Âge, la République est d’abord un État régi par des lois. Le régime républicain implique donc une soumission des individus à la loi ; c’est l’intérêt public qui prime sur les intérêts particuliers.
En France, la Révolution installe définitivement le terme. La République est pensée comme une association politique librement consentie par les membres de la collectivité. La contrepartie de cette adhésion des individus à l’idéal républicain, c’est la vocation de la République à rechercher le bien commun. « Avant les événements insurrectionnels, le mot République a un sens très large. Avec la Révolution, la République est ce qui s’oppose à la féodalité, à la monarchie, au pouvoir de quelques-uns ou d’un seul sur tous. Les Républicains sont ceux qui veulent le bien du peuple, pour et par le peuple », explique au site Slate.fr Juliette Grange, professeure à l’Université François-Rabelais de Tours.
On le voit, nous sommes (quasiment tous) fondamentalement des républicains. Voici au moins une nouvelle qui devrait réjouir Nicolas Sarkozy !
Néanmoins, un sondage Odoxa publié samedi par Le Parisien dévoilait que 72% des Français ne souhaitaient pas voir le président des Républicains être candidat à la présidentielle. La semaine précédente, les Français rejetaient à 77% la candidature pour un second mandat du Président de la République François Hollande. Ils tournent donc aujourd’hui la page d’un match retour.
Mais la politique, c’est aussi l’art de savoir inverser les courbes. Ne tournons donc aucune page trop vite ! La vie est parfois pleine de surprises…
Bien vu, bien dit ! À méditer tant les tentations clivantes semblent revenir, ici où là, au goût du jour…
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Tournons Apache et levons nous peuple de l’ERB !
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Ce nouveau nom illustre le discrédit d’une candidature de N.S. qui n’a plus le charisme et l’autorité de leader qui faisait sa force, et qui s’inspire encore d’un américanisme qui n’a plus place dans l’affect collectif. Nous sommes tous républicains oui, mais à une période où même la gauche se dit Gaulliste. Peut-être les français n’attendent plus d’être présider par le président de la république mais représenter par le représentant de leur république. Aux Républicains de ne pas tomber dans le jeu politique ancien dont vous parlez, et qui ravit le FN, pour ré-affilier les électeurs à leur projet politique, car rien ne sert de se faire le défendeur d’une république dont personne ne veut (& Charlie a cliver + que souder le peuple sur ce point là).
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